
Taïwan a donné mercredi le coup d’envoi de ses exercices militaires annuels visant à simuler la défense de l’île contre une potentielle attaque chinoise, et où seront utilisés cette année des lance-roquettes dernier cri récemment livrés par les États-Unis.
Ces exercices, nommés «Han Kuang», auront lieu jusqu’au 18 juillet. La Chine revendique Taïwan et n’écarte pas l’option d’une invasion armée de l’île, qu’elle soumet à une forte pression militaire, économique et diplomatique.
Avant le début de ces exercices, le ministère taïwanais de la Défense a affirmé mercredi avoir détecté 31 avions et 7 navires militaires chinois aux alentours de l’île au cours des 24 heures courant jusqu’à 06H00 locales (22H00 GMT mardi).
En plus des troupes taïwanaises, 22.000 réservistes sont mobilisés – le plus grand nombre jamais convoqué lors de ces manœuvres, qui se déroulent chaque année depuis 1984, lorsque Taïwan vivait encore sous le joug de la loi martiale.
Les manœuvres ont été étendues à 10 jours et neuf nuits, contre cinq jours et quatre nuits l’année passée. Les réservistes, eux, suivent un programme de formation complet de 14 jours qui a débuté samedi.
Ces exercices permettront de «faire savoir à la communauté internationale que nous sommes déterminés à nous défendre et à indiquer à la Chine que l’armée de notre pays a la confiance et la capacité de défendre une vie libre et démocratique», a récemment déclaré Wellington Koo, le ministre taïwanais de la Défense.
Des systèmes de lance-roquettes multiples HIMARS fraîchement livrés par les États-Unis seront utilisés pendant les exercices, et des exercices de tirs réels impliquant des chars M1A2 Abrams de fabrication américaine auront lieu dans un événement séparé.
Les troupes vont simuler différents scénarios, dont certains relèveront du harcèlement dit «de zone grise», un concept de relations internationales désignant des tactiques hostiles mais ne relevant pas de la guerre ouverte.
Mais aussi des «frappes de précision à longue portée», afin de lutter contre une potentielle invasion chinoise en 2027, ont indiqué des représentants de la défense taïwanaise.
«Le président en tournée»
En 2023, William Burns, le directeur à l’époque de la CIA, avait estimé que le président chinois Xi Jinping envisageait une invasion de Taïwan d’ici 2027.
Les exercices se déroulent au moment où le président Lai Ching-te, farouche défenseur de la démocratie taïwanaise, et qualifié de «dangereux séparatiste» par Pékin, est en tournée dans toute l’île et prononce des discours destinés à «unifier le pays».
Pour accentuer sa pression, Pékin déploie régulièrement des avions militaires et des navires de guerre près de Taïwan.
Taïwan réagit en augmentant ses dépenses de défense et en se dotant d’armes plus petites et plus agiles, notamment des drones, afin de permettre à une guerre asymétrique.
L’île est soucieuse de montrer au monde, et en particulier aux États-Unis, qu’elle tient réellement à renforcer ses capacités militaires.
Washington, qui n’entretient pas de relations diplomatiques officielles avec Taipei, reste le plus grand allié et fournisseur d’armes de l’île.
Selon des spécialistes de la Chine chez Eurasia Group, un cabinet de conseil en évaluation des risques, Pékin «pourrait» effectuer des exercices militaires à la fin du mois.
«Un exercice militaire impliquant des tirs réels ou un exercice prolongé qui dure une semaine, est probablement la réponse la plus escalatoire possible de la part de la Chine, même si cela dépendra beaucoup du contenu des discours restants de M. Lai», ont-ils déclaré dans une note récente.
Par Joy CHIANG/AFP
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