
À la suite de l’attentat-suicide contre l’église Mar Élias à Damas, les craintes d’une résurgence de la menace de l’État islamique (Daech) au Liban ont refait surface.
La base politique du Hezbollah et du Courant patriotique libre (CPL) a d’ailleurs tenté de tirer parti de ce drame, d’une part pour justifier le maintien des armes illégales, et d’autre part pour intensifier ses attaques politiques contre les Forces libanaises, lesquelles ne considèrent pas le président syrien, Ahmad el-Chareh, comme un adversaire politique.
Les deux partis avaient donc tout intérêt à amplifier la menace représentée par Daech au Liban. Toutefois, si cette instrumentalisation est d’ordre politique, elle n’occulte pas pour autant la réalité: des sympathisants de Daech existent bel et bien dans le pays. Ces éléments sont néanmoins surveillés et sous contrôle par les services de sécurité libanais.
Selon des sources sécuritaires, les tentatives de recrutement de Libanais par cette organisation terroriste se poursuivent bel et bien. Ces efforts sont menés par des individus en Syrie qui ciblent des Libanais sensibles à l’idéologie extrémiste.
Ils avaient bien réussi par le passé de recruter Abou Saïd el-Chami, identifié comme étant le prétendu «wali» (gouverneur) de Daech au Liban. Résidant dans le quartier des Haddadin à Tripoli, avant son arrestation en décembre 2024, il avait réussi à enrôler environ 30 personnes, dont la moitié d’entre elles étaient consciente de leur engagement, tandis que l’autre moitié ignorant qu’elle servait les intérêts d’une organisation terroriste. Ce réseau, démantelé en début d’année, préparait des opérations terroristes à travers sept cellules actives dans le nord du Liban. Leurs cibles incluaient l’armée libanaise ainsi que des groupes considérés comme «ennemis» par Daech, notamment des chrétiens et des chiites. Des assassinats ciblés de personnes qualifiées «d’apostats» ou de «mécréants» étaient également envisagés.
Malgré l’arrestation d’Abou Saïd el-Chami, les recruteurs de Daech basés en Syrie ont poursuivi leurs activités. Ils sont parvenus à désigner un nouveau «wali» au Liban, surnommé Quassoura, originaire de la région de la Békaa. Spécialisé en chimie, ce dernier avait rapidement entamé la mise en place d’une infrastructure opérationnelle, axée sur la fabrication d’explosifs. Il avait établi des contacts avec plusieurs jeunes hommes pour former de nouvelles cellules affiliées à Daech, tout en accumulant armes et munitions. Plus inquiétant encore, il prévoyait d’assembler des drones piégés pour les utiliser dans des attaques terroristes. Il avait toutefois été arrêté, à son tour, par les services de sécurité. Son arrestation a été annoncée il y a quelques jours par l’armée libanaise.
Toujours selon les services de sécurité, plusieurs individus soupçonnés d’adhérer à l’idéologie de Daech font actuellement l’objet d’une surveillance étroite dans diverses régions du Liban. Cependant, pour l’heure, aucun comportement suspect n’a été relevé et aucune preuve tangible ne permet de procéder à leur arrestation.
Après l’attentat de Damas, la surveillance s’est intensifiée, notamment dans certaines régions libanaises et dans les camps de réfugiés syriens. Les services de renseignement libanais suivent de près l’évolution de l’enquête syrienne afin d’identifier une éventuelle exploitation de la présence de Daech dans la région par des services de renseignement tiers. Ces groupes sont noyautés par des agences des renseignements qui pourraient les instrumentaliser pour servir des agendas géopolitiques plus larges à l’échelle régionale.
Commentaires