
Alors que les plages libanaises se remplissent chaque été, le Centre national de recherche scientifique (CNRS) dévoile son rapport 2025 sur la qualité des eaux de baignade: 24 plages sur 38 sont jugées propres, mais certaines zones critiques, notamment à Beyrouth, restent préoccupantes. Le rapport alerte également sur la montée des déchets plastiques et appelle à des mesures concrètes pour préserver le littoral.
Chaque été, alors que les Libanais affluent vers la Méditerranée pour se rafraîchir, une armée discrète de chercheurs se met en marche. C’est le travail annuel du Centre national des sciences marines, rattaché au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui scrute depuis des années, de Tripoli à Tyr, l’état sanitaire de 38 plages publiques, celles privées étant inaccessibles à la recherche.
Le rapport 2025 révèle que 24 plages libanaises sont considérées comme propres à la baignade, soit environ 63% des 38 sites surveillés.
Ce rapport annuel offre aux autorités comme au public un outil précieux pour protéger à la fois la santé des usagers et la richesse de la biodiversité marine libanaise.
Une évaluation scientifique rigoureuse
À travers des prélèvements réguliers et des analyses précises, les scientifiques mesurent la présence de bactéries fécales, indicateur clé de la pollution.
L’analyse repose principalement sur la mesure de la pollution bactériologique, en particulier la concentration en coliformes fécaux. Cette donnée, cruciale pour évaluer la sécurité sanitaire des zones de baignade, est exprimée en nombre de colonies par 100 millilitres d’eau.
Les plages sont ensuite classées selon trois seuils: celles comptant entre 1 et 200 colonies sont considérées comme propres à très propres, celles entre 200 et 500 colonies sont jugées critiques ou sujettes à prudence, tandis que les sites dépassant les 500 colonies sont qualifiés de pollués à très pollués.
Grâce à ce système de suivi scientifique standardisé, le CNRS fournit aux autorités et au public une base objective pour évaluer les risques liés à la baignade le long du littoral libanais.
Plages accueillantes avec des zones critiques à surveiller
Parmi les plages propres figurent Miniyé et Tripoli au Nord, ainsi que Jbeil, Kesrouan et Damour au centre du pays. Le Sud n’est pas en reste, avec notamment la réserve marine de Tyr et la plage d’Adloun, cette dernière ayant récemment acquis le statut de réserve protégée.
Cependant, le rapport souligne aussi que 14 plages présentent un risque sanitaire plus élevé, dont 8 jugées critiques et 6 carrément très polluées.
Ces zones à éviter sont majoritairement situées autour de Beyrouth, avec Manara et Ramlet el-Bayda en tête, mais également Antelias, Dbayeh, Jounieh ou encore Tripoli, où les taux de coliformes dépassent largement les seuils de sécurité.
Ces sites, fréquentés par des milliers de baigneurs en été, constituent un enjeu majeur pour la santé publique.
Une mention spéciale est faite à l’égard de Naqoura, au Liban-Sud, où la qualité de l’eau est présumée excellente, bien que les prélèvements n’aient pas pu être réalisés depuis deux ans pour des raisons sécuritaires.
Comparé à 2024, le bilan global reste stable, mais la qualité de l’eau à Beyrouth a régressé, ce qui interpelle les autorités quant à la nécessité d’intensifier les efforts de dépollution.
Entre déchets plastiques, poissons comestibles et réserves marines
Le rapport 2025 du CNRS apporte également un bilan rassurant sur la qualité sanitaire des poissons pêchés dans les eaux libanaises.
Les analyses montrent que les taux de métaux lourds restent inférieurs aux normes internationales, confirmant que ces produits de la mer restent tout à fait comestibles pour la population.
En revanche, la pollution plastique continue de poser un problème croissant. Le CNRS souligne une augmentation des déchets solides d’origine côtière, notamment du plastique, qui menacent la biodiversité marine et la qualité des plages.
Cette situation a suscité une prise de conscience politique majeure. Lors de la cérémonie de présentation du rapport au Grand Sérail, le Premier ministre, Nawaf Salam, a appelé à un engagement sérieux pour la protection de la mer et de sa biodiversité, soulignant que cet enjeu dépasse le cadre d’un seul ministère.
La ministre de l’Environnement, Tamara el-Zein, a rappelé son implication lors de la Conférence des Nations unies sur l’Océan, où le Liban a signé la Convention sur la diversité biologique.
Sur le plan concret, trois nouvelles réserves marines sont en cours de création à Anfé, Batroun et Jbeil, tandis que des projets visent à protéger six autres sites stratégiques du littoral libanais, renforçant ainsi la préservation des écosystèmes marins fragiles.
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