Un sommet de l'Otan pour apaiser Trump et sauver l'unité de l'Alliance
Un sommet sous tension à La Haye, sur fond de guerre en Ukraine et d’apaisement Iran-Israël. ©AFP

Sous la pression de Donald Trump, l'Otan s'apprête à s'engager sur une hausse spectaculaire de ses dépenses de sécurité, lors d'un sommet mardi et mercredi à La Haye visant à rassurer sur le devenir de l'Alliance et calibré pour éviter un esclandre du président américain.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait ainsi été à l'origine maintenu à l'écart, après son altercation avec le milliardaire américain dans le bureau ovale de la Maison Blanche. Mais il devrait finalement rencontrer son homologue américain mercredi, en marge du sommet, selon un haut responsable de la présidence ukrainienne.

Attendu mardi dans la soirée, le locataire de la Maison Blanche participera à un dîner de gala, à l'invitation du roi des Pays-Bas, Willem-Alexander.

Les frappes américaines en Iran, et l'annonce par le président américain d'un cessez-le-feu entre l'Iran et Israël, seront également dans tous les esprits.

Mais le secrétaire général de l'Alliance, Mark Rutte, espère que la situation au Moyen-Orient ne chamboulera pas complètement la chorégraphie du sommet qu'il a déjà qualifié d'«historique», avant l'arrivée à La Haye du président américain et de son équipe. La nouvelle administration américaine avait jeté un froid en Europe après avoir tancé ses dirigeants et pris le parti de l'extrême-droite, notamment en Allemagne.

«Le président américain et les dirigeants des États-Unis sont totalement engagés en faveur de l'Otan», a assuré mardi son secrétaire général Mark Rutte, balayant les craintes d'un désengagement américain en Europe. «Arrêtez de vous préoccuper !», a-t-il lancé à l'adresse des Européens, les appelant à se concentrer sur ce «gros problème, cet énorme caillou dans la chaussure, à savoir que nous ne dépensons pas assez, en tant qu'Européens et Canadiens», a-t-il ajouté.

«Bond en avant» 

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump n'a eu de cesse de réclamer des pays européens de l'Alliance, et du Canada, qu'ils allouent au moins 5% de leur produit intérieur brut (PIB) à leur défense.

Avec cette exigence en tête, les 32 pays membres se sont mis d'accord sur un compromis : un engagement à consacrer, d'ici 2035, 3,5% aux dépenses militaires stricto sensu, et 1,5% à des dépenses de sécurité au sens large, comme la cybersécurité ou la mobilité militaire.

Ces dernières sont nettement plus faciles à atteindre dans la mesure où elles sont pour la plupart déjà envisagées ou planifiées par les Etats.

Même limité à 3,5%, l'effort budgétaire est considérable, plusieurs centaines de milliards d'euros, pour nombre de pays qui peinent déjà à atteindre l'objectif de 2% de dépenses militaires, fixé en 2014 lors d'un précédent sommet.

Lundi, Mark Rutte s'est réjoui de ce «bond en avant», le Kremlin dénonçant lui mardi une «militarisation effrénée» de l'Alliance.

Les États-Unis auraient souhaité que le communiqué final du sommet se limite à cet objectif de 5%. Mais pour les Alliés européens, la menace russe devait être mentionnée.

«Questions non tranchées» 

Dans une tribune commune publiée lundi soir par le Financial Times, Emmanuel Macron et Friedrich Merz ont ainsi souligné que l'Europe devait se réarmer «non pas parce que quelqu'un nous le demande, mais parce que nous sommes clairvoyants et le devons à nos citoyens».

Le chef de l'État français et le chancelier allemand envoient aussi un message au président américain pour tenter de garder le conflit en Ukraine haut dans l'ordre du jour : «la principale source d'instabilité pour l'Europe vient de Russie», martèlent-ils, et il faut donc «accroître la pression» sur Moscou, «y compris par des sanctions», pour aboutir à un cessez-le-feu avec Kiev.

La déclaration finale du sommet devrait réserver quelques mots pour l'Ukraine. Les Alliés réaffirmeront leur soutien à Kiev, qui a déjà atteint cette année quelque 35 milliards d'euros, a assuré lundi Mark Rutte.

Ce dernier, de retour dans sa ville natale, n'est toutefois pas à l'abri d'un coup de théâtre de la part du président américain, comme son départ précipité du G7 la semaine dernière.

«Si le sommet se passe à peu près normalement, ce sera une victoire», résume auprès de l'AFP Camille Grand, du Conseil européen pour les affaires étrangères (ECFR).

«Mais les inconnues restent nombreuses. Les questions non tranchées aussi», souligne-t-il. «Le nœud gordien Russie-Ukraine ne sera pas tranché à La Haye. Pourtant c’est ce qui motive les Européens à dépenser plus...», note-t-il.

Par Olivier BAUBE/AFP

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