Aux Pays-Bas, un sommet de l'Otan en pleine crise politique
Les Pays-Bas accueillent l’OTAN en pleine crise. ©AFP

Pour un petit pays comme les Pays-Bas, organiser un sommet de l'Otan n'est déjà pas une mince affaire en temps normal. L'effondrement du gouvernement il y a trois semaines n'arrange pas vraiment les choses.

Quartiers et routes bloqués pendant des semaines, écoles et commerces fermés : la paisible ville de La Haye est complètement transformée.

Des pistes cyclables ont été barrées, presque un sacrilège au pays du vélo, et des arbres ont carrément été déplacés pour faire place à des bâtiments temporaires.

Pour les Pays-Bas, accueillir les 32 dirigeants de l'Otan, dont le président américain Donald Trump, est tout simplement le plus gros événement de l'histoire en matière de sécurité. Près de la moitié des policiers du pays, soit 27.000, seront déployés.

Pendant ce temps, la classe politique essaie de se mettre en ordre de marche, encore groggy par le torpillage de la coalition par l'extrême-droite.

«Il est hautement indésirable d'accueillir un sommet aussi important alors que le gouvernement est tombé et que de nouvelles élections sont prévues» en octobre, analyse Claes de Vreese, professeur de communication politique à l'Université d'Amsterdam.

C'est même gênant, s'est offusqué Caspar Veldkamp, ministre démissionnaire des Affaires étrangères, qualifiant de «scandaleux» le retrait de la coalition de M. Wilders à trois semaines du sommet.

Heureusement, note M. De Vreese, le Parlement a fini par donner son soutien à l'objectif de hausse des dépenses de défense, qui sera au centre des discussions.

«Cela donnera du poids et de la légitimité à la participation» du Premier ministre démissionnaire néerlandais Dick Schoof, estime-t-il.

Mais M. Schoof et son équipe ne gèrent que les affaires courantes et laissent donc le soin au nouveau gouvernement de trouver l'argent.

«Les Pays-Bas sont prêts» 

En parlant d'argent : le coût estimé de ce sommet de l'Otan s'élève à 183,4 millions d'euros, soit un peu plus d'un million d'euros par minute, du jamais vu selon le quotidien néerlandais AD.

Le secrétaire général de l'Otan, le Néerlandais Mark Rutte, a opté pour une version courte de la réunion des dirigeants, qui devrait durer deux heures et demie, M. Trump étant connu pour son désamour des sommets qui traînent en longueur.

M. Rutte, lui, se sentira comme à la maison.

La Haye, c'est sa ville d'origine. Il y a gardé son appartement et le voisinage l'aperçoit régulièrement à vélo ou faisant ses courses le week-end lorsqu'il n'est pas à Bruxelles.

Et c'est bien lui qui est aux manettes, se rassure M. Schoof.

«Nous ne présidons pas le sommet, c'est le secrétaire général qui le fait», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. «Mais le pays hôte a une responsabilité, le monde entier a les yeux rivés sur les Pays-Bas».

Une grande partie de l'attention sera captée par Donald Trump, même si sa venue est incertaine compte tenu des frappes américaines en Iran.

À Noordwijk, village sur la côte entre l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol et La Haye, chacun retient son souffle. C'est là, dans un hôtel majestueux avec vue sur mer, que M. Trump devrait séjourner.

La route qu'il prendra pour rallier le sommet est fermée à la circulation depuis dimanche.

Frustrés, certains habitants de La Haye se demandent pourquoi le sommet n'a pas lieu au Veluwe, une région naturelle peu peuplée, ou carrément à l'aéroport.

Lors d'une manifestation contre l'Otan dimanche, Alfons Vryland, un enseignant de 54 ans, a souligné l'ironie de la tenue d'une réunion de l'alliance militaire à La Haye, aussi appelée la Cité de la paix et de la justice.

«Je suis gêné qu'ils soient ici à parler de guerre au lieu de paix dans mon pays, dans cette ville», a déclaré M. Vryland à l'AFP.

Jan van Zanen, maire de La Haye, a tenu à rassurer tout le monde.

«Je sais que certains me prennent pour un magicien en tant que maire de La Haye, mais je n'ai pas pu empêcher l'effondrement du gouvernement», a déclaré M. Van Zanen auprès de l'AFP.

«L'impact (de la chute du gouvernement) est là, mais là où nous le pouvions, nous l'avons limité au maximum», a-t-il affirmé. «Oui, les Pays-Bas sont prêts».

Par Charlotte VAN OUWERKERK/AFP

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