
Les Libanais de Paris se rendront-ils au pays du Cèdre pour les vacances d’été? Ici Beyrouth a donné la parole à plusieurs d’entre eux afin d’avoir leur sentiment sur un éventuel séjour au pays, alors que la région est secouée depuis une dizaine de jours par la guerre entre Israël et l’Iran, et que les Américains ont décidé de frapper des sites nucléaires iraniens.
Les vacances d’été arrivent à grand pas: une période durant laquelle la diaspora libanaise retourne généralement au pays pour quelques jours, histoire de voir la famille, les amis, assister à des mariages… Les Libanais de France ne font pas exception.
Mais l’été libanais s’ouvre dans un contexte de guerre entre Israël et l’Iran qui menace d’embraser toute la région. De son côté, le Liban joue la carte de la discrétion, cherchant notamment à ne pas être entraîné dans ce conflit malgré lui, notamment par le Hezbollah. Celui-ci a d’ailleurs déclaré jeudi, par la voix de son secrétaire général, Naïm Qassem, qu’il «agirait comme il l'entend», en réponse à la guerre en cours entre la République islamique et Israël, et qu’il n’était «pas neutre».
Les Libanais ont pu, par ailleurs, observer de leurs propres yeux – et depuis différentes régions du pays – les missiles tirés par l’Iran vers l’État hébreu.
https://x.com/Icibeyrouthnews/status/1933996872470782390
«Dire que j’ai peur… non!»
Ce ballet de missiles et de menaces n’a pas amené – pour l’instant – les autorités libanaises à fermer l’aéroport de Beyrouth. L’espace aérien a rouvert le 14 juin, après une fermeture de quelqeus heures.
Dans ce contexte, les Libanais de Paris se rendront-ils malgré tout au Liban pour les vacances d’été? Pour Nouna, qui y va chaque été, la réponse est oui. Interrogée par Ici Beyrouth, elle indique qu’elle va au Liban pour «voir ma famille, me reposer». Elle craint cependant que le contexte régional ne vienne perturber son séjour. «Mes enfants ne seront pas avec moi. J’ai peur d’être coincée là-bas», explique-t-elle.
C’est également un «oui» pour Ahmad qui évoque plusieurs raisons qui motivent son voyage au pays du Cèdre. «D'abord, pour retrouver mes proches et me ressourcer auprès de ma famille», mais aussi «pour soutenir mon pays en ces temps difficiles. Quelque minime que soit notre contribution, nous participons individuellement à relever l'économie du pays». «Le contexte régional est à prendre en compte bien évidement. Mais dire que j'ai peur... non!», insiste-t-il. Confiant ne pas se rendre souvent au Liban en été, il précise toutefois qu’il essaie d’y aller «hors saison, quand mon planning le permet, pour éviter les prix exorbitants des billets d'avion en août».
Même son de cloche du côté de Kareen, qui indique ne pas être «particulièrement adepte des visites estivales au Liban. L’été, il y a souvent une forte affluence et des températures élevées, ce qui rend le séjour moins agréable. Je préfère généralement m’y rendre au printemps ou à l’automne, des périodes plus propices à des voyages sereins». Cet été, cependant, elle pense y aller pour une raison bien particulière. «Ce déplacement est motivé par une cérémonie de passation de pouvoir au sein de notre association, un événement important auquel je dois impérativement assister en tant que présidente.»
Kareen affirme par ailleurs être «assez inquiète» de la situation dans la région. «Le Liban, par sa position géographique, est entouré de tensions et d’instabilité, ce qui m’oblige à être prudente. Je préfère attendre le dernier moment pour confirmer mon départ, afin d’éviter de me retrouver dans une situation délicate comme celle que j’ai vécue en octobre dernier. Je me trouvais au Liban au tout début du conflit, le jour même où les hostilités ont éclaté. J’ai eu beaucoup de mal à trouver un vol de retour vers Paris, ce qui a été particulièrement éprouvant», ajoute-t-elle.
Rabia a de son côté une autre raison de partir au Liban cet été, elle qui affirme avoir l’habitude de s’y rendre deux fois par an. Elle explique: «J'ai annulé un voyage dans les Balkans, or j’avais déjà posé mes congés. J’ai donc réservé pour le Liban»… «parce que ma mère m'y attend avec impatience». Elle confie par ailleurs ne pas craindre le contexte régional actuel. «Comme je le dis toujours à mes collègues français lorsqu’ils me déconseillent de partir au Liban: je préfère mourir dans mon pays qu’ailleurs. De toute façon, on va mourir, que ce soit ici ou au Liban, en temps de guerre ou en temps de paix, ça ne change pas grand chose», ajoute-t-elle.
Ceux qui ne partiront pas au Liban cet été
Il y en a cependant qui ont choisi de ne pas partir au Liban cet été, en raison de contraintes personnelles ou professionnelles. C’est par exemple le cas de Léa – qui s’y rend d’habitude une fois par an – qui se marie cet été en France. Elle explique que ses parents vont venir en France, mais elle redoute une aggravation de la situation dans la région. «Leur vol a déjà été reporté», indique-t-elle, ajoutant qu’elle avait déjà annulé un séjour au Liban l’an dernier «à cause de la guerre».
Élise ne rentrera pas non plus au pays cet été. Une décision due, principalement – selon elle – au «coût», mais pas seulement. Elle doit également préparer sa soutenance qui aura lieu d’ici à quelques semaines. «Comme je suis étudiante en alternance, je n’ai pas beaucoup de jours de congés», explique-t-elle. Elle ajoute avoir pu y aller l’été dernier: «J’y ai passé un mois et je suis rentrée fin août, juste avant que la situation ne s’aggrave». Elle confie par ailleurs que le contexte régional ne l’inquiète «pas du tout». «Sans les raisons que j’ai évoquées» précédemment, «je serais peut-être déjà là-bas».
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