Israël dit s’attendre à une guerre \
Un homme passe avec une valise devant des secouristes rassemblés devant un bâtiment gravement endommagé sur le site d'une attaque de missile iranien à Ramat Gan, dans le centre d’Israël, près de Tel-Aviv, le 19 juin 2025 ©(GIL COHEN-MAGEN / AFP)

Israël a déclaré vendredi s’attendre à une guerre ”prolongée” contre l’Iran, alors que des discussions se tiennent à Genève entre Téhéran et les Européens, centrées sur le programme nucléaire iranien.

Une semaine après le début du conflit, déclenché par une attaque israélienne sans précédent contre l’Iran le 13 juin, les deux pays ont continué d’échanger des salves de missiles.

Estimant ”substantielle” la possibilité de négociations avec Téhéran, le président américain Donald Trump a annoncé jeudi qu’il se donnait ”deux semaines” pour décider d’une éventuelle intervention militaire américaine aux côtés d’Israël contre l’Iran.

Affirmant que l’Iran était sur le point de se doter de la bombe atomique, Israël a lancé une campagne aérienne massive contre la République islamique, frappant des centaines de sites militaires et nucléaires, tuant les plus hauts gradés du pays ainsi que des scientifiques du nucléaire.

L’Iran, qui riposte par des tirs de missiles et de drones vers Israël, nie vouloir fabriquer l’arme atomique mais défend son droit à développer un programme nucléaire civil.

Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, affirme que son agence n’a décelé dans son dernier rapport aucun indice laissant penser que l’Iran fabrique actuellement une arme atomique.

”Nous avons lancé la campagne la plus complexe de notre histoire (...) Nous devons être prêts à une campagne prolongée”, a déclaré le chef d’état-major israélien, le lieutenant-général Eyal Zamir, dans un message vidéo adressé aux ”citoyens d’Israël”.

”Malgré des avancées significatives, des jours difficiles nous attendent. Nous nous préparons à de nombreuses éventualités”, a-t-il ajouté.

Tirs de missiles

Dans l’après-midi, l’Iran a tiré une salve de missiles contre Israël, faisant 19 blessés selon un hôpital de Haïfa (nord), où au moins un bâtiment a été touché.

Les Gardiens de la Révolution, armée idéologique iranienne, ont affirmé dans un communiqué avoir ciblé en Israël des ”centres militaires, des industries de défense, des centres de commandement et de contrôle” ainsi que des bases militaires.

Les sirènes d’alerte ont retenti plus tôt dans le sud d’Israël, où une attaque iranienne a visé Beersheva, causant des dégâts.

L’armée israélienne a, de son côté, annoncé avoir frappé des lanceurs de missiles sol-air dans le sud-ouest de l’Iran, après avoir bombardé des cibles à Téhéran, Ispahan (centre) et dans l’ouest du pays.

Les bombardements israéliens ont fait au moins 224 morts en Iran. En Israël, les tirs de missiles et de drones iraniens ont fait 25 morts.

Jeudi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a affirmé que ”toute aide est la bienvenue” pour détruire les installations nucléaires iraniennes.

Les États-Unis sont les seuls à détenir la bombe GBU-57, susceptible d’atteindre le cœur profondément enfoui du programme nucléaire iranien, dans l’usine d’enrichissement de Fordo, au sud de Téhéran.

Manifestations anti-Israël

À Téhéran, des milliers de personnes sont descendues dans la rue, scandant des slogans de soutien à leurs dirigeants et contre Israël et les États-Unis. Ils ont brûlé et piétiné des drapeaux israéliens et américains.

”Je sacrifierai ma vie pour mon guide”, proclamait une banderole, en référence au guide suprême Ali Khamenei, menacé par Israël et son allié américain.

Le Royaume-Uni et plusieurs autres pays, dont la Suisse, qui représente les intérêts américains à Téhéran, ont annoncé avoir retiré leur personnel diplomatique en poste en Iran.

Conséquences graves

Devant le Conseil de sécurité de l’ONU vendredi, M. Grossi a prévenu qu’une éventuelle attaque contre la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr (sud) aurait les conséquences les plus ”graves”, pouvant libérer de grandes quantités de radiations dans l’environnement.

Il a aussi assuré que l’AIEA pouvait ”garantir, par l’intermédiaire d’un système d’inspections incontestables, que des armes nucléaires ne seront pas développées en Iran”. ”Une solution diplomatique est possible si la volonté politique est là.”

Le gouvernement américain a annoncé de nouvelles sanctions pour empêcher Téhéran d’obtenir des composants utiles à son industrie de défense.

Un accord visant à encadrer le programme nucléaire iranien, conclu en 2015 avec les grandes puissances, est devenu caduc en 2018 après le retrait unilatéral des États-Unis et le rétablissement des sanctions américaines contre Téhéran, sous le premier mandat de Donald Trump.

En représailles, l’Iran s’est affranchi de certaines obligations, accélérant l’enrichissement d’uranium.

L’Iran a enrichi de l’uranium à un niveau élevé de 60 %, selon l’AIEA, niveau proche du seuil de 90 % requis pour la fabrication d’une bombe atomique.

Israël maintient l’ambiguïté sur sa propre possession de l’arme atomique mais détient 90 ogives nucléaires, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

Par Chloe Rouveyrolles-Bazire, avec Sébastien Ricci et Ahmad, AFP

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