Barrack: une intervention du Hezbollah serait «une très mauvaise décision», Salam souligne la neutralité du Liban.
Le président Joseph Aoun reçoit l'ambassadeur américain en Turquie et émissaire spécial pour la Syrie, Thomas Barrack, au palais de Baabda. ©Présidence libanaise

Le Premier ministre Nawaf Salam a réaffirmé jeudi, lors d'une rencontre avec l'ambassadeur américain en Turquie et envoyé spécial pour la Syrie Thomas Barrack, l'engagement du Liban à rester en dehors des conflits régionaux.

Au cours de ces discussions, qui se sont déroulées dans un contexte d'escalade du conflit entre Israël et l'Iran, M. Salam a souligné la « volonté du pays de ne pas s'impliquer dans la guerre régionale en cours », réaffirmant la position de neutralité du Liban.

M. Barrack, en visite d'une journée au Liban, a tenu jeudi une série de réunions de haut niveau avec des responsables libanais.

À l’issue de son entretien, jeudi matin, avec le président du Parlement, Nabih Berry, à Aïn el-Tiné, le diplomate américain a déclaré: «Nous sommes venus pour aider le Liban et empêcher une reprise de la guerre.»

Il a, de fait, mis en garde contre toute intervention du Hezbollah dans le conflit direct entre l’Iran et Israël qualifiant une telle décision de «mauvaise», dans le cas où elle serait prise. Confiant quant à l’issue de sa mission, il a exprimé sa conviction que, sous la nouvelle direction au Liban, un processus de paix et d’amélioration peut débuter. Et de souligner qu’il conservait l’espoir d’une sortie de crise. Il a toutefois ajouté que s’il avait une solution au conflit israélo-libanais, il ne serait pas venu au Liban.

M. Barrack avait entamé sa tournée par une visite au palais de Baabda, où il s’est entretenu avec le président de la République, Joseph Aoun. Ce dernier a rappelé que le Liban comptait sur le soutien américain pour accompagner ses efforts de reconstruction à différents niveaux. Il a souligné trois conditions essentielles à une sécurité durable dans le sud: le retrait israélien des cinq collines stratégiques, la cessation des hostilités et la prorogation du mandat de la Finul, en coordination avec l’armée libanaise pour l’application de la résolution 1701.

Dans ce contexte, M. Aoun a rappelé que l’armée libanaise, déployée au sud du Litani, poursuit ses efforts pour appliquer cette résolution, en démantelant les manifestations armées, en confisquant armes et munitions et en interdisant toute présence armée non officielle. Il a toutefois regretté que la présence de l’armée israélienne entrave la pleine efficacité de cette mission.

Sur le plan intérieur, le président libanais a assuré que le processus de réformes structurelles était bel est bien engagé et se poursuivrait sans relâche. Il a réaffirmé son attachement à la lutte contre la corruption et à la relance des institutions publiques, afin de répondre aux besoins pressants du pays dans un contexte de crise multidimensionnelle.

Selon des sources au palais présidentiel citées par la chaîne locale LBCI, M. Barrack aurait exhorté Beyrouth à «accélérer» le processus de désarmement du Hezbollah, sans toutefois fixer d’échéance précise. Les interlocuteurs libanais lui auraient répondu que tout progrès dépendrait notamment de trois éléments: le retrait israélien des dernières zones sous leur contrôle, la fin des violations israéliennes de la souveraineté libanaise et la libération des détenus.

Les discussions auraient également porté sur la nécessité d’un échange de gestes réciproques entre Israël et le Liban.

M. Barrack aurait, par ailleurs, incité les autorités libanaises à intensifier leur coordination avec Damas au sujet de la délimitation des frontières, sans que des dossiers sensibles comme ceux des fermes de Chebaa (territoire contesté) et de la localité de Ghajar ne soient, pour l’instant, abordés.

Après ses rencontres à Baabda et Aïn el-Tiné, M. Barrack devait poursuivre sa mission en rencontrant le Premier ministre Nawaf Salam, ainsi que le ministre des Affaires étrangères Youssef Rajji. 

 

 

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