Polémique autour de «La Belle et la Bête» illustrée
La ministre française de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Élisabeth Borne prend la parole lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, chambre basse du Parlement, à Paris, le 17 juin 2025. ©Alain JOCARD / AFP

Retirée par l’État de l’opération «Un livre pour les vacances», une version contemporaine de La Belle et la Bête sort finalement en librairie. Illustrée par Jul, elle relance le débat sur la censure et l’accès aux classiques revisités.

«Enfin!», proclame le bandeau rouge sur la version illustrée polémique de La Belle et la Bête, en vente mercredi dans les librairies françaises, au lieu de la distribution aux élèves en fin de primaire annulée par le ministère de l’Éducation.
Le texte est un classique, dans la version de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont de 1756. Les illustrations sont très contemporaines, signées Jul, dessinateur de Silex in the City ou 50 Nuances de Grecs.
L’ouvrage avait été initialement choisi par le ministère de l’Éducation nationale pour l’opération annuelle «Un livre pour les vacances», grâce à laquelle des élèves en fin de primaire obtiennent un classique de la littérature revisité. En 2023, les écoliers étaient ainsi partis en vacances avec un exemplaire de L’Odyssée d’Homère et en 2024 avec L’homme qui plantait des arbres, de l’écrivain français Jean Giono.
Mais le ministère avait annulé la commande en mars, jugeant que l’ouvrage abordait «des thématiques qui conviendraient à des élèves plus âgés, en fin de collège ou en début de lycée, telles que l’alcool, les réseaux sociaux, ou encore des réalités sociales complexes».
«Jul a beaucoup de talent, il manie l’ironie, le second degré. Mais sans accompagnement pédagogique, je pense que ça n’est pas adapté. Mais c’est un très beau livre qui pourra être utilisé dans un autre cadre», avait fait valoir la ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne.
Pour Jul, il s’agissait d’une «décision politique» de «censure» sous des «prétextes fallacieux».
L’éditeur, GrandPalaisRmnÉditions, filiale d’un établissement public, indique dans un communiqué de presse que le livre est destiné aux lecteurs «à partir de 10 ans».
La préface, initialement écrite par Mme Borne, a été supprimée et le tirage fixé à 20 000 exemplaires, contre les quelque 800 000 qu’impliquait la distribution aux élèves.
«Tout le monde est d’accord sur ce livre, sauf les deux ou trois personnes qui ont orchestré cette censure. Tout le monde a validé, au ministère, tout le monde trouvait ça formidable. Et des ministres récents, Nicole Belloubet, Gabriel Attal, Pap Ndiaye, le disent encore», affirme l’auteur à l’AFP.
Ces trois anciens ministres de l’Éducation ont lu des extraits du conte dans une vidéo de soutien diffusée dimanche.
«Les gens qui iront l’acheter en librairie sont ceux qui vont déjà en librairie. Il était censé être donné à ceux qui n’y vont pas. La promotion d’un patrimoine littéraire commun, c’est la mission du ministère, et il a failli», estime encore Jul.

Avec AFP

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