
Réuni lundi en Conseil des ministres au palais de Baabda depuis 10h30, le gouvernement libanais a réussi à débloquer un dossier longtemps en suspens. Ainsi, et après huit années de blocage, le pays s’est enfin doté d’une nouvelle carte diplomatique. Peu après l’approbation officielle des nominations par le Conseil des ministres, des sources au sein du ministère des Affaires étrangères (AE) ont salué une formation «complète», marquant un retour à l’ordre et à la discipline au sein du corps diplomatique, désormais libéré, du moins en apparence, des pressions politiques et du clientélisme.
Par ailleurs, plusieurs décisions et orientations majeures ont été annoncées. Parmi les sujets abordés, les propositions d’amendements à la loi électorale ont fait l’objet de discussions approfondies. À cette fin, un comité ministériel a été formé pour étudier les différentes suggestions en vue de leur éventuelle adoption. En outre, le Conseil a approuvé l’augmentation de la valeur des prêts de logement, qui passe désormais de 50.000 à 100.000 dollars par bénéficiaire, dans le but de mieux répondre aux besoins en la matière. Enfin, le gouvernement a validé la conclusion d’un accord avec le Fonds monétaire international pour la création d’un bureau qui y est affilié au Liban – une étape jugée importante dans le cadre de la coopération avec l’institution internationale.
Il convient de souligner à cet égard que la séance a été précédée d'une réunion entre le président de la République, Joseph Aoun, et le Premier ministre, Nawaf Salam, qui ont discuté des derniers développements sécuritaires et de la situation générale dans le pays.
Ainsi, et à l’issue de la séance, le ministre de l’Information, Paul Morcos, a rapporté une série de déclarations et de décisions prises au cours de la séance.
D’après lui, le chef de l’État a réaffirmé la nécessité de préserver le Liban des conflits régionaux, déclarant: «Nous devons faire l’impossible pour tenir le Liban à l’écart de conflits auxquels il n’est pas lié.» Dans le même esprit, le Premier ministre Nawaf Salam a mis en garde contre toute implication du pays dans la guerre en cours, soulignant les répercussions que cela pourrait entraîner alors que le Liban n’est pas directement concerné.
Il a également rappelé avoir demandé au président palestinien Mahmoud Abbas de mettre en œuvre les décisions relatives aux armes palestiniennes, tout en précisant qu’aucune date n’avait été fixée pour leur restitution.
Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères a exposé au Conseil la situation de centaines de Libanais bloqués dans des aéroports à l’étranger en raison de la guerre en cours entre l’Iran et Israël, ainsi que les pistes envisagées pour leur venir en aide. On rappelle, dans ce sens, que le trafic aérien a été perturbé depuis quelques jours du fait de l’intensification du conflit entre les deux pays. Le Conseil a aussi pris acte du rapport présenté par le ministre des Travaux publics sur la situation du trafic aéroportuaire.
Enfin, il a été décidé de réexaminer la proposition de création d’un ministère dédié à la technologie et à l’intelligence artificielle.
Corps diplomatique renouvelé
Selon des sources diplomatiques citées par des médias locaux, le ministre des Affaires étrangères, Joe Raggi, a «soigneusement mené le processus de nomination». L’une des mesures les plus notables a été la réduction significative du nombre d’ambassadeurs nommés hors cadre: ils passent de 14 à seulement 6 par rapport à la dernière vague de nominations. L’objectif affiché était de valoriser les compétences internes au ministère, en réservant les postes clés à des diplomates de carrière, selon le principe du mérite. Le recours à des personnalités extérieures a été strictement limité à quelques exceptions jugées nécessaires.
Par ailleurs, tous les ambassadeurs ayant dépassé leur mandat légal à l’étranger ont été rappelés et réintégrés conformément aux règlements en vigueur.
Les nouvelles affectations ont également permis, selon certains observateurs, l’injection de «sang neuf» dans plusieurs ambassades, dans un esprit de renouvellement en phase avec les ambitions du nouveau gouvernement. Toujours de sources diplomatiques citées par les médias locaux, le ministre Raggi a préparé la liste en toute indépendance, en tenant compte de certaines remarques jugées pertinentes, mais sans céder aux pressions partisanes. La démarche aurait été marquée par un dialogue «calme, constructif et respectueux» avec les différentes autorités concernées.
Le président de la République, Joseph Aoun, aurait donné, selon ces mêmes sources, carte blanche au ministre, l’autorisant à agir «comme il l’entend dans l’intérêt du corps diplomatique et du pays», sans lui imposer de noms.
Il s’agit là, comme rapporté, de la «meilleure solution possible», à un moment charnière pour la diplomatie libanaise. M. Raggi s’est dit, pour sa part, «satisfait», soulignant que cette réforme est un pas important vers une diplomatie plus professionnelle, plus neutre et mieux représentative des intérêts du Liban.
Dans une lettre adressée aux nouveaux ambassadeurs, le ministre a conclu sur une note engageante: «Le Liban entre dans une nouvelle phase. Vous devez suivre le rythme, afin que nous puissions être à la hauteur de nos responsabilités.»
Les nouvelles nominations diplomatiques se présentent comme suit:
-
Ambassadeur du Liban aux Émirats arabes unis: Tarek Mneimné
-
Ambassadeur du Liban à Paris: Rabih Chaer
-
Ambassadrice du Liban à Washington: Nada Hamadé Moawad
-
Ambassadrice du Liban auprès de l’Unesco: Hind Darwiche
-
Ambassadeur du Liban au Vatican: Fadi Assaf
-
Ambassadeur du Liban en Turquie: Mounir Anouti
-
Ambassadeur du Liban à Chypre: Jean Mourad
-
Ambassadrice du Liban à Genève: Caroline Ziadé
-
Ambassadrice du Liban à Vienne: Cynthia Chidiac
-
Ambassadeur du Liban au Koweït: Ghadi Khoury
-
Ambassadeur du Liban en Corée du Sud: Waël Hachem
-
Ambassadeur du Liban en Espagne: Hani Chmaïtelli
-
Ambassadeur du Liban à Moscou: Bachir Azzam
-
Ambassadeur du Liban à Ottawa: Bachir Tawk
Dans un autre registre, le gouvernement a nommé Nadim Haddad à la tête de la commission de supervision des organismes de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et le juge John Kazzi en tant que président du tribunal des conflits au sein du ministère de la Justice.
À noter également qu’aucune nomination de vice-gouverneurs à la Banque du Liban n’a été entreprise lors de la séance du Conseil des ministres, les contours de ce dossier demeurant flous. Selon les sources susmentionnées, le président du Parlement, Nabih Berry, «campe sur sa position», puisqu’il «plaide pour le maintien de Wassim Mansouri à son poste et soutient la nomination de Zaher Hamadé au poste de procureur financier». Faute d’accord politique clair, le dossier reste pour l’instant en suspens.
Commentaires