Le Drian à Beyrouth, alors que la pression monte avant le renouvellement du mandat de la Finul
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À l’approche du renouvellement annuel du mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), prévu en août, les tensions montent d’un cran dans le sud du pays. Les frictions répétées entre habitants et Casques bleus soulèvent des doutes sur l’avenir même de la mission onusienne.

L’envoyé spécial du président français, Jean-Yves Le Drian, est à Beyrouth pour réaffirmer l’attachement de Paris à la stabilité politique du Liban, mais aussi au maintien de la Finul, considérée comme un rempart indispensable dans l’une des zones les plus explosives de la région.

En effet, la mission de Le Drian dépasse les dossiers liés à l’élection d’un président ou à la formation d’un gouvernement pleinement opérationnel. Selon une source politique bien informée, interrogée par Ici Beyrouth, la position de la France est sans ambiguïté: «Le monopole des armes aux mains de l’État doit accompagner toute discussion sur une conférence de reconstruction et la refondation des institutions.»

Mais, à court terme, la priorité de Le Drian est le renouvellement du mandat de la Finul, qu’il a évoqué lors de ses rencontres avec le président de la République Joseph Aoun, le président du Parlement Nabih Berry et le Premier ministre Nawaf Salam.

Pour rappel, chaque année, la question suscite des tensions. Cette fois, les discussions s’annoncent plus houleuses encore. Israël, qui considère la mission comme de moins en moins efficace, remet en cause son utilité. En revanche, d’autres voix, au sein de la communauté internationale, plaident au contraire pour un renforcement du mandat afin de permettre à la Finul de remplir pleinement son rôle: surveiller les violations du cessez-le-feu et maintenir le calme le long de la Ligne bleue.

Pris en étau entre ces deux camps, un fragile statu quo prévaut sur le terrain.

«Dans ce contexte, des négociations sur le texte de la résolution, le mandat de la Finul et ses prérogatives sont inévitables», estime la source.

Ces dernières semaines, les entraves à ses patrouilles se sont multipliées dans le sud, où des habitants – souvent proches du Hezbollah – ont bloqué des Casques bleus, protestant contre leurs déplacements sans escorte. La mission onusienne a dû rappeler publiquement qu’elle n’avait pas besoin d’être accompagnée par l’armée libanaise pour circuler, conformément à son mandat.

«La Finul fait valoir ses droits face à des tentatives concertées visant à limiter ses mouvements», a rapporté le média partenaire Houna Loubnan, citant des responsables libanais. «Le Hezbollah utilise les habitants pour faire passer un message selon lequel sur le terrain, rien n’a changé. La Finul est là, mais ses marges d’action sont réduites.»

La France, principal parrain de la résolution onusienne, continue de défendre la mission, qu’elle considère comme une pièce maîtresse de la sécurité régionale. Malgré les critiques, elle renforce son appui à la Finul.

À Washington, le ton est plus mesuré. Les interrogations se multiplient sur le coût et l’efficacité de la Finul alimentant les spéculations autour d’une éventuelle réduction ou réorganisation de la mission. Certains analystes libanais y voient le signe d’un désengagement progressif du rôle des États-Unis au Liban, dans un contexte où les priorités américaines se concentrent ailleurs, notamment sur l’Iran.

À l’approche du vote au Conseil de sécurité, le Liban se prépare à une campagne diplomatique tendue. Les simples déclarations de soutien ne suffiront plus: les partenaires internationaux exigeront des engagements concrets, notamment sur l’épineuse question du monopole des armes aux mains de l’État, qui met en cause l’influence militaire du Hezbollah.

Entre ajustements discrets du mandat et bras de fer diplomatiques, les semaines à venir diront si la Finul peut encore être un facteur de stabilité – ou si elle sera sacrifiée au profit des recompositions géopolitiques en cours.

 

 

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