Israël durcit le ton militaire face au Liban officiel
©Ici Beyrouth

Jeudi, alors que l’armée israélienne adressait un avertissement ciblé à la banlieue sud de Beyrouth, le Liban tentait d’éviter de nouvelles frappes sur les sites désignés. Le représentant libanais à la Commission de surveillance du cessez-le-feu a immédiatement saisi son président, le général américain Michael Leeney, proposant le déploiement de l’armée libanaise sur les lieux concernés afin d’y mener des inspections – à condition, toutefois, qu’ils ne soient pas visés par des attaques. Une initiative rapidement rejetée par Israël, qui a préféré maintenir ses frappes sans fournir d’explication.

Ce qui a particulièrement marqué les observateurs, c’est la déclaration du ministre israélien de la Défense, Israël Katz, s’adressant au président libanais, Joseph Aoun: «Il vous revient de veiller à ce que l’armée libanaise applique réellement l’accord de cessez-le-feu, et non à travers des mises en scène coordonnées, comme elle a tenté de le faire hier.»

Selon des sources proches de la Commission de surveillance, ces propos reflètent une profonde méfiance israélienne à l’égard de l’engagement libanais à appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité, en particulier sur les questions du désarmement du Hezbollah et du respect du cessez-le-feu. Israël aurait, à plusieurs reprises, fait part à la commission de ses doutes quant à la volonté réelle de l’armée libanaise de localiser les infrastructures militaires du Hezbollah, notamment au nord du Litani. Les autorités israéliennes affirment avoir identifié avec précision plusieurs de ces sites et estiment que les informations transmises par le Liban ne correspondent pas à leurs données.

C’est dans ce climat de suspicion que, dans la nuit de jeudi, les forces israéliennes ont refusé l’accès de l’armée libanaise aux sites visés, affirmant que leur contenu – ou plutôt l’absence d’activités militaires – était déjà connu. Du point de vue israélien, une telle présence libanaise aurait pu être interprétée comme une tentative de couvrir le Hezbollah. Toujours selon ces sources, Israël impute cette situation aux autorités libanaises – en particulier au président de la République et au gouvernement – qu’il accuse de ne pas respecter pleinement leurs engagements relatifs à la résolution 1701, notamment dans ce qu’Israël considère comme son point central: le démantèlement de l’arsenal du Hezbollah.

Côté libanais, le communiqué publié vendredi par la Direction de l’orientation du commandement de l’armée a attiré l’attention, en raison de la menace à peine voilée de suspendre la coopération avec la Commission de surveillance. Selon des sources proches de l’armée, cette position vise à rappeler que celle-ci s’acquitte pleinement de ses missions, ce dont peuvent témoigner aussi bien la Commission que la Finul, notamment à travers les inspections menées sur les sites suspectés d’abriter des armes ou des installations militaires.

Ce message ne constitue pas, précisent ces mêmes sources, une remise en cause des engagements officiels du Liban, mais cherche à faire pression sur Israël pour qu’il respecte lui aussi ses obligations: retrait de ses positions encore occupées, libération des détenus et résolution des points litigieux le long de la Ligne bleue.

Parallèlement, des sources diplomatiques occidentales insistent sur la nécessité, pour les deux parties, d’agir avec retenue et de respecter scrupuleusement leurs engagements mutuels. Ces sources avertissent que le Liban n’aurait rien à gagner d’une suspension de sa coopération avec la Commission, une perspective particulièrement redoutée par Israël. Un tel scénario lui fournirait en effet un prétexte pour accroître la pression militaire et intensifier ses actions, d’autant que la position israélienne bénéficie d’un soutien sans réserve de la part des États-Unis.

Toujours selon ces mêmes sources, une rupture de la coopération libanaise offrirait à Israël de nouveaux arguments pour imputer à l’État libanais la responsabilité directe de l’escalade actuelle, dans un contexte de grande incertitude quant à la réaction militaire qu’Israël pourrait choisir d’adopter.

 

 

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