Israël bombarde la banlieue sud; Katz menace
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À la veille de l’Aïd al-Adha, l’armée israélienne a mené une escalade militaire majeure en lançant plusieurs frappes aériennes sur la banlieue sud de Beyrouth. C’est la quatrième fois que l’État hébreu  cible la banlieue sud de la capitale depuis le cessez-le-feu entre Israël et Hezbollah. Les bombardements ont visé les quartiers de Hadath, Haret Hreik et Bourj el-Barajneh, après que l’armée israélienne a ordonné l’évacuation de plusieurs immeubles. Israël affirme avoir ciblé des infrastructures utilisées par le Hezbollah pour la fabrication de drones, provoquant un vaste mouvement de panique et l’exode de nombreux habitants.

Survols intensifs et évacuations dans la panique

Selon l’Agence nationale d’information libanaise (ANI), des drones de reconnaissance israéliens ont survolé de manière soutenue le ciel de la banlieue sud, quelques heures après que Tel-Aviv a menacé de viser certains immeubles résidentiels. Les ordres d’évacuation concernaient cinq bâtiments spécifiques, ainsi que les immeubles environnants, avec consigne de s’éloigner d’au moins 300 mètres des cibles désignées.

Dans les zones visées, des tirs nourris ont accompagné les évacuations, créant une scène de chaos dans plusieurs rues. D’importants embouteillages ont paralysé la circulation, notamment autour de Haret Hreik et Bourj el-Barajneh.

Premiers bombardements à Haret Hreik

Les premières frappes ont visé le quartier de Haret Hreik, bastion du Hezbollah. Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a déclaré que les cibles étaient des installations souterraines appartenant à l’«unité aérienne 127» du Hezbollah, spécialisée dans la production et l’utilisation de drones.

Des habitants de Bourj el-Barajneh ont décrit des secousses violentes consécutives aux explosions.

Mise en garde au Sud-Liban et mobilisation militaire israélienne

En parallèle, l’armée israélienne a lancé un avertissement similaire aux habitants du village de Aïn Qana, dans le caza de Nabatiyé, leur demandant d’évacuer immédiatement. Selon des médias israéliens, il s’agit de l’opération la plus importante contre le Hezbollah depuis le cessez-le-feu. L’armée a également placé ses systèmes de défense antimissile en alerte maximale dans le nord d’Israël, redoutant une riposte.

Israël justifie les frappes et accuse le Hezbollah

Selon l’armée israélienne, les frappes avaient pour objectif de neutraliser des installations souterraines destinées à la fabrication de drones. L’«unité 127» du Hezbollah est accusée de produire des milliers de drones sous supervision et financement iraniens. Cette activité serait en violation des ententes tacites entre Israël et le Liban, en préparation d’un éventuel conflit futur.

Le ministre israélien de la Défense menace le Liban

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a indiqué vendredi que l'armée continuerait de frapper Beyrouth si le Liban ne désarmait pas le Hezbollah.

«Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre ou de stabilité au Liban sans sécurité pour l'Etat d'Israël, les accords doivent être respectés, et si vous ne faites pas ce qu'il faut, nous continuerons à agir, et avec une grande force», a déclaré M. Katz dans un communiqué.

Le ministre israélien a souligné qu'il répondait directement aux déclarations du président Joseph Aoun, qui a condamné jeudi soir les frappes israéliennes sur le territoire libanais, dénonçant «une violation flagrante» de l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre dernier.

«Vous devez veiller à ce que l'armée libanaise fasse réellement respecter l'accord de cessez-le-feu», a rétorqué M. Katz dans le communiqué.

Activité maintenue à l’aéroport de Beyrouth

Malgré l’intensité des frappes, le directeur général de l’aviation civile libanaise, Amine Jaber, a affirmé que l’aéroport international de Beyrouth fonctionnait normalement. Il a précisé que des mesures avaient été prises pour favoriser l’utilisation de la piste côtière, assurant la continuité du trafic aérien.

Réactions officielles libanaises : condamnations fermes

Le président Joseph Aoun a condamné vigoureusement les frappes israéliennes, dénonçant une «violation flagrante du droit international et des résolutions des Nations unies», tout en fustigeant une «provocation cynique à l’adresse des États-Unis, au prix du sang des civils innocents». Il a assuré que le Liban «ne cédera jamais à ce chantage sanglant».

Le Premier ministre Nawaf Salam a, lui aussi, dénoncé des «agressions systématiques» contre le Liban, sa souveraineté et son économie, à la veille des fêtes religieuses et au début de la saison touristique. Il a exhorté la communauté internationale à faire pression sur Israël pour mettre fin à ses violations et appliquer la résolution 1701, notamment en exigeant le retrait complet des forces israéliennes du territoire libanais.

Le ministre des Affaires étrangères, Joe Rajji, a intensifié les contacts et efforts diplomatiques dans la nuit de jeudi, au vu des attaques israéliennes qui ont ciblé la banlieue sud de Beyrouth et le village de Aïn Qana, dans le sud du pays.  
Il a, dans ce contexte, appelé à un strict respect de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies et exhorté la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il respecte l’accord de cessez-le-feu en vigueur.

L'Iran condamne «l'agression» israélienne contre le Liban

L'Iran a condamné vendredi «l'agression» israélienne contre le Liban.

Ces frappes constituent «un acte d'agression flagrant contre l'intégrité territoriale et la souveraineté du Liban», a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï.

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