Ukraine : Zelensky qualifie d'«ultimatums» les conditions de paix russes
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’adresse aux médias lors d’un point de presse à Kyiv, le 4 juin 2025, en pleine invasion russe en Ukraine. ©Tetiana Dzhafarova / AFP

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié mercredi d'«ultimatums» inacceptables pour son pays les conditions maximalistes posées par la Russie pour mettre fin à l'invasion de l'Ukraine, signe de l'impasse dans laquelle se trouvent les négociations.

Face à cette situation, M. Zelensky a appelé à organiser une rencontre avec ses homologues russe et américain, Vladimir Poutine et Donald Trump, estimant que poursuivre les pourparlers d'Istanbul dans le format actuel n'aurait «pas de sens», après deux récents cycles peu fructueux.

Au cours de la deuxième réunion bilatérale, sous médiation turque lundi, la délégation russe a remis aux Ukrainiens une liste de demandes comprenant notamment le retrait de leurs forces des régions dont Moscou revendique l'annexion, la renonciation de l'Ukraine à une entrée dans une alliance militaire comme l'Otan et la limitation de la taille de son armée.

«C'est un ultimatum que la partie russe nous adresse», a dénoncé Volodymyr Zelensky mercredi pendant une conférence de presse.

Tandis que son armée est en difficulté sur le front, le chef de l'État ukrainien réclame depuis des semaines un cessez-le-feu inconditionnel, que refuse le Kremlin.

Il veut aussi impliquer directement Vladimir Poutine et Donald Trump dans les négociations de paix, assurant être prêt à une telle réunion «n'importe quand» et évoquant la présence éventuelle du président turc Recep Tayyip Erdoğan en tant que médiateur.

Pour l'instant, le Kremlin dit toutefois lier une rencontre entre MM. Poutine et Zelensky – qui serait la première depuis 2019 – à l'obtention d'«accords» préalables entre leurs deux pays.

 

Désaccord sur Istanbul

Cette position frustre Kiev, qui y voit la volonté de Moscou de gagner du temps, quand l'armée russe avance sur le front.

Mercredi, Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de mener ces pourparlers uniquement pour plaire à Donald Trump, qui souhaite un arrêt des combats le plus rapidement possible, cependant que l'Ukraine et une partie de l'élite américaine poussent à l'adoption de nouvelles sanctions.

En l'état, le président ukrainien se montre également très critique de la composition de la délégation russe, emmenée par un conseiller présidentiel de second rang, jugeant qu'elle n'avait pas le «niveau» pour décider d'un cessez-le-feu, que Kiev réclame.

Les envoyés russes ont pourtant proposé lundi, au cours des négociations à Istanbul, une trêve partielle de deux à trois jours sur certains secteurs du front pour récupérer les corps de soldats tués.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a jugé mercredi que le refus par les Ukrainiens de cette courte pause était «une grave erreur».

Contrairement à M. Zelensky, M. Lavrov a aussi insisté sur le fait que les discussions d'Istanbul étaient «importantes» et «utiles» et avaient conduit à des «résultats concrets».

 

Échange de prisonniers ce week-end

Russes et Ukrainiens doivent ainsi procéder ce week-end à un nouvel échange de 500 prisonniers de guerre de chaque camp, après un précédent de 1 000 personnes de chaque côté en mai. Kiev et Moscou ont en outre convenu d'échanger des milliers de corps de militaires tués.

M. Zelensky a dit mercredi que la Russie avait «fait savoir que ce week-end, samedi et dimanche, elle serait en mesure de transférer 500 personnes», des soldats, et que l'Ukraine serait prête à faire de même.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a de son côté souligné que Moscou a fait preuve de «retenue» en se gardant de répondre aux attaques ukrainiennes juste avant les négociations.

L'Ukraine avait lancé le week-end dernier une attaque complexe et ingénieuse de drones explosifs sur plusieurs aérodromes russes, détruisant ou endommageant de nombreux avions militaires.

Moscou accuse aussi Kiev d'être à l'origine des explosions qui ont provoqué le même week-end l'effondrement de deux ponts et des accidents de train qui ont fait sept morts et plus de cent blessés.

Les Ukrainiens ont par ailleurs attaqué mardi à l'explosif le pont de Crimée, un gigantesque ouvrage routier et ferroviaire qui relie cette péninsule annexée à la Russie. Le Kremlin a affirmé mercredi que cette attaque, la troisième depuis 2022 contre ce pont, n'avait pas engendré de dégâts.

Washington a de son côté estimé, par la voix du général Keith Kellogg, que l'attaque ukrainienne du week-end contre les bombardiers russes augmentait «considérablement les niveaux de risque» d'escalade.

Cette opération, qui a touché à la triade nucléaire russe, «peut élever le risque à des niveaux qui devraient être, selon moi, inacceptables», a-t-il lâché mardi.

AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire