Les «élus du changement» au Liban: illusion et faillite
©Ici Beyrouth

Ils avaient promis de tout changer. Ils n’ont rien changé. Pire: ils ont transformé l’espoir en amertume, la confiance en trahison.

Quand les députés dits «du changement» ont fait irruption au Parlement en 2022, c’était sur la vague d’une révolte populaire contre un système corrompu, vermoulu, indigne. Pour une fois, les Libanais y ont cru. À tort.

Très vite, la supercherie s’est révélée. Derrière les discours enflammés, un vide abyssal. Pas de vision, pas de cohérence, pas de colonne vertébrale. Juste un agrégat d’individus désunis, qui, pour certains, ont profité de la «révolution» pour servir leurs intérêts propres et ceux de leurs maîtres, ballottés par les ego et les luttes internes, englués dans l’amateurisme.

Et surtout, perméables, jusqu’à la compromission, aux influences extérieures. Sous couvert d’idéaux réformateurs, plusieurs d’entre eux se sont alignés sur des agendas étrangers, en contradiction flagrante avec les intérêts du pays. Résultat: une crédibilité pulvérisée, un divorce consommé avec ceux qui les avaient portés. Parce que les Libanais ont compris. Le «changement» s’apparente plus au «transformisme»: enchaîner les apparences à grande vitesse en fonction de ce que le public peut percevoir.

Mais le pire est ailleurs. Aujourd’hui, la justice enquête sur les associations satellites de certains de ces «acteurs du changement». Financements opaques, versements venus de l’étranger, conflits d’intérêts… Chaque jour apporte son lot de découvertes troublantes. Il devient clair qu’ils ont bâti des réseaux parallèles, financés à coups de dollars, sur les ruines d’un pays en détresse. Ils font de l’argent sur le malheur des gens. Sur la misère de ceux qui, sincèrement, avaient cru en eux.

Et le projet devient limpide: ces personnes ont pour but de détruire les élites intellectuelles, économiques et politiques actuelles au Liban, pour les remplacer par une nouvelle élite: eux-mêmes. Tout simplement. Peu importe le prix. Si, pour cela, il faut détruire l’économie, saborder le secteur financier, anéantir ce qui reste d’institutions ou de stabilité, ils le feront sans hésiter. Leur obsession n’est pas le salut du pays, mais leur ascension personnelle, leur pouvoir.

Les dernières élections municipales ont confirmé l’évidence: ils ne représentent plus rien. Déconnectés, discrédités, rejetés. Leur prétendue légitimité a fondu comme neige au soleil. Le changement promis n’était qu’un slogan vide. Une imposture recyclée dans un emballage pseudo-moderne. Ils ne survivront pas aux prochaines législatives. Ils sortiront comme ils sont entrés: portés par une illusion collective et engloutis par leur propre inconsistance.

Pendant ce temps, le Liban, lui, continue d’attendre ses vrais réformateurs. Ceux qui n’utilisent pas la misère comme tremplin. Ceux qui ne vendent pas leur mandat au plus offrant. Ceux qui ne trahissent pas.

La Rochefoucauld disait: «La pire des impostures, c’est celle qui se drape dans la vertu.» Les masques tombent.

 

 

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