
Il était une fois un homme nommé Robin des Bois. Héros populaire de l’imaginaire anglais, il volait les riches pour donner aux pauvres… avant de finir trahi par les siens. Depuis, nombreux sont ceux qui se rêvent justiciers. Mais entre légende et réalité, le mythe s’effondre vite.
Au Liban, en pleine débâcle économique et sociale, Kulluna Irada se présente comme un acteur du changement, porteur de justice et de réforme. Mais derrière les slogans et les apparitions médiatiques, les contradictions s’accumulent.
Indépendance affichée, financement verrouillé
Créée en 2017, Kulluna Irada revendique une indépendance politique et financière. Pourtant, ses ressources proviennent en grande partie de donateurs issus de la haute diaspora libanaise et de réseaux internationaux controversés – dont des fondations liées à George Soros, figure centrale du financement mondial des causes dites « progressistes ». Le paradoxe saute aux yeux : comment une organisation portée par les élites peut-elle prétendre défendre les opprimés? D’autant que certains de ses mécènes ont su tirer profit de la crise économique, pendant que le peuple s’enfonçait dans la misère.
Une machine d’influence bien huilée
Derrière son discours citoyen, Kulluna Irada déploie une stratégie politique méticuleuse : lobbying discret, liens directs avec certains députés du « changement », gestion de l’image publique via des think tanks et des médias amis. Ses relais parlementaires, élus en 2022, jouent souvent le rôle de passeurs d’agenda, habillant de réformes citoyennes des projets conçus ailleurs. La narration est simple : un « peuple éclairé » contre des « politiciens corrompus ». Mais cette binarité réductrice masque les réalités sociales, communautaires et historiques du Liban. Et surtout, elle évite toute remise en cause des rapports de classe.
Silencer la critique, contrôler le récit
Kulluna Irada ne se contente pas de faire campagne. Elle finance plusieurs médias dits « progressistes », consolidant son monopole narratif. Cette position dominante permet non seulement de diffuser ses idées, mais aussi d’attaquer toute voix critique – y compris les intellectuels ou militants qui osent questionner ses méthodes. Les accusations de « populisme » ou de « complotisme » pleuvent dès qu’un discours dissident émerge, instaurant un climat de censure déguisée.
Un silence lourd de sens
Affichant sa volonté de s’opposer aux puissants, Kulluna Irada reste pourtant étrangement muette sur le Hezbollah, pourtant acteur central de la vie politique et militaire libanaise. Ce silence stratégique soulève une question : peut-on réellement parler de réforme structurelle quand on évite soigneusement de toucher au cœur du pouvoir? Pour certains observateurs, l'organisation joue un rôle d’interface entre les élites locales et les standards de gouvernance occidentaux, habillant d’un vernis progressiste un système inchangé.
Robin des Bois… sous contrat?
Derrière le masque du justicier, Kulluna Irada incarne moins une révolution populaire qu’un projet de gestion propre et cosmétique du système. Pas de redistribution des richesses, pas de rupture avec l’ordre établi, juste une réorganisation technocratique au goût des donateurs internationaux. Le peuple est convoqué comme décor, mais rarement impliqué.
Des “élites” cosmopolites aux commandes
Un simple regard sur le comité exécutif de Kulluna Irada suffit à illustrer la nature de cette prétendue organisation citoyenne. Leurs membres sont avocats d'affaires, chefs d’entreprises internationales, universitaires ou investisseurs de haut rang. Ce comité incarne une élite mondialisée, économiquement puissante, culturellement connectée, mais socialement éloignée des réalités libanaises quotidiennes. Peut-on encore parler de “mouvement populaire” lorsque ceux qui en tirent les ficelles évoluent entre Beyrouth, Paris, New York et Genève?
Sous les habits du Robin des Bois moderne, certains voient un cheval de Troie de la nouvelle bourgeoisie libanaise, cosmopolite, connectée et habile en communication. Une élite qui sait parler au nom des autres, mais qui ne partage ni leur quotidien… ni leur combat.
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