
La Défense civile de Gaza a annoncé mardi la mort d’au moins 27 personnes dans des tirs israéliens dans le sud du territoire palestinien, l’armée indiquant avoir ouvert le feu en direction de «suspects».
Ce nouvel incident est similaire à celui survenu dimanche au même endroit, au cours duquel 31 personnes ont été tuées et 176 blessées par des tirs israéliens selon les secours, au moment où ils étaient en route pour aller chercher de l’aide, d’après les témoignages.
En guerre depuis près de 20 mois dans la bande de Gaza contre le Hamas après l’attaque du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 sur son sol, Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin au conflit.
La situation humanitaire est désastreuse dans le territoire palestinien, où Israël a imposé un blocus complet pendant plus de deux mois, partiellement assoupli fin mai.
Mardi à l’aube, «au moins 27 personnes ont été tuées et des dizaines blessées quand les forces d’occupation israéliennes ont ouvert le feu à l’aide de chars et de drones sur des milliers de civils qui s’étaient rassemblés près du rond-point Al-Alam, dans la région d’Al-Mawassi, au nord-ouest de Rafah», a déclaré à l’AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.
Le rond-point est situé à environ un kilomètre d’un centre d’aide géré par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les États-Unis et Israël, qui a débuté ses opérations il y a un peu plus d’une semaine et avec laquelle l’ONU refuse de travailler en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.
«Tirer sur des suspects»
L’armée israélienne a indiqué avoir été confrontée à des «suspects» lors d’un mouvement de foule le long des routes menant au site de distribution d’aide.
À environ un demi-kilomètre de là, «des soldats ont effectué des tirs d’avertissement et, alors que les suspects ne reculaient pas, ils ont de nouveau tiré en direction de quelques suspects qui s’approchaient d’eux», a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Rania al-Astal, une déplacée de 30 ans, a déclaré à l’AFP qu’elle était partie avec son mari pour essayer de récupérer de la nourriture au centre GHF, laissant leurs enfants avec sa mère dans leur tente.
«Les tirs ont commencé par intermittence vers 05H00 du matin. Chaque fois que les gens s’approchaient du rond-point d’Al-Alam, ils étaient la cible de tirs», a-t-elle raconté. «Mais les gens ne s’en souciaient pas et se précipitaient tous en même temps. C’est à ce moment-là que l’armée a commencé à tirer lourdement.»
Mohammed al-Chaer, 44 ans, également présent sur les lieux, a déclaré que la foule venait de se mettre en route vers le centre d’aide quand «soudain, l’armée israélienne a tiré en l’air, puis a commencé à tirer directement sur les gens».
«Un hélicoptère et des drones ont commencé à tirer sur la foule pour l’empêcher de s’approcher des chars. Il y a eu des blessés et des morts», a-t-il raconté à l’AFP.
«Je n’ai pas atteint le centre et nous n’avons pas reçu de nourriture.»
Soldats tués
Dans son communiqué, l’armée a affirmé «n’avoir pas empêché l’arrivée de civils gazaouis sur les sites de distribution d’aide humanitaire».
La Fondation GHF a indiqué dans un communiqué que les opérations sur son site s’étaient déroulées en toute sécurité mardi.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé lundi à une enquête indépendante après le drame de dimanche près du même rond-point d’Al-Alam, non loin d’un centre d’aide humanitaire géré par GHF.
L’armée a nié avoir, ce jour-là, «tiré sur des civils pendant qu’ils se trouvaient à proximité ou à l’intérieur» du centre de GHF. Mais une source militaire israélienne a reconnu «des tirs de sommation (...) en direction de plusieurs suspects».
L’armée israélienne a par ailleurs annoncé mardi la mort de trois soldats tués dans le nord de Gaza, portant à 424 le nombre de militaires israéliens tués depuis le début de l’offensive terrestre à Gaza le 27 octobre 2023.
L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles.
Plus de 54.470 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Avec AFP
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