Nucléaire iranien : Téhéran exclut tout accord visant à le priver de ses «activités pacifiques»
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty (2e à gauche), rencontre son homologue iranien, Abbas Araghchi (2e à droite), au Caire le 2 juin 2025. ©AFP

L'Iran a exclu lundi tout accord avec Washington pour encadrer son programme nucléaire, si l’objectif est de le «priver de ses activités pacifiques» d'enrichissement, et exhorté les États-Unis à lui fournir des «garanties» sur la levée des sanctions qui étranglent son économie.

En amont d’une réunion tripartite au Caire avec les chefs de la diplomatie égyptienne et iranienne, Badr Abdelatty et Abbas Araghchi, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a de son côté appelé l'Iran à «plus de transparence».

Samedi, l'Iran avait indiqué avoir reçu des «éléments» d'une proposition américaine pour un nouvel accord sur son programme nucléaire à l'issue de cinq cycles de négociations menés sous la médiation d'Oman.

Les négociations butent pour l'heure sur la question de l'enrichissement d'uranium : les États-Unis demandent que l'Iran y renonce totalement, ce que Téhéran refuse catégoriquement.

«Si l’objectif des négociations est de garantir que l’Iran ne cherche pas à se doter de l’arme nucléaire, alors un accord me semble possible», a affirmé M. Araghchi dans la capitale égyptienne, avant la réunion tripartite.

Mais si «le but est de priver l’Iran de ses activités pacifiques, alors il n’y aura certainement aucun accord», a-t-il insisté.

En vue d'un éventuel accord, Téhéran veut «des garanties que les sanctions soient bien levées», a de son côté déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï. «Jusqu’à présent, la partie américaine n'a pas voulu clarifier cette question».

Selon le New York Times, la proposition — sur laquelle ni Téhéran ni Washington n'ont fourni de détails — appelle l'Iran à cesser tout enrichissement d'uranium et prône la création d'un groupe régional pour produire de l'énergie nucléaire.

Un projet «acceptable» et dans le «meilleur intérêt» de Téhéran, a affirmé la Maison Blanche, citée samedi par les médias américains.

Les pays occidentaux et Israël, ennemi juré de l'Iran et considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire.

L'Iran dénie de telles ambitions militaires mais insiste sur son droit au nucléaire civil, notamment pour l'énergie, en vertu du Traité de non-prolifération (TNP) dont il est signataire.

 

«Rien à cacher»

Après la divulgation samedi d'un rapport de l'AIEA montrant que l'Iran a intensifié sa production d'uranium enrichi à 60 % — un niveau proche des 90 % nécessaires à la fabrication d'armes atomiques — M. Araghchi a aussi affirmé au Caire que son pays n'avait «rien à cacher» sur son «programme nucléaire pacifique».

«Il faut plus de transparence — c'est très, très clair — en Iran, et rien ne nous apportera cette confiance (à part) des explications complètes d'un certain nombre d'activités», venait d'affirmer M. Grossi.

Il a défendu le rapport «impartial» de son agence, dont l'Iran avait rejeté les conclusions les qualifiant de «politiques» et basées sur des informations «non fiables et trompeuses».

L'AIEA doit tenir du 9 au 13 juin à Vienne (Autriche) un Conseil des gouverneurs, une importante réunion trimestrielle durant laquelle seront notamment passées en revue les activités nucléaires de l'Iran.

Dénonçant des «pressions exercées sur l'Agence par certains pays européens», M. Araghchi les avait menacés dimanche d'«une réponse proportionnée de la part de l'Iran», s'ils voulaient «exploiter davantage ce rapport politique».

La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont, avec la Russie et la Chine, membres de l'accord pour encadrer le programme nucléaire iranien conclu avec la République islamique en 2015, dont les États-Unis se sont retirés unilatéralement trois ans plus tard durant le premier mandat de Donald Trump.

MM. Araghchi et Grossi ont tous deux rencontré lundi le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi qui, selon son porte-parole, a salué les pourparlers entre Washington et Téhéran et appelé à la «désescalade afin d'éviter un glissement vers une guerre régionale généralisée».

«La région en a assez des crises et des défis sécuritaires», a aussi souligné le chef de la diplomatie égyptienne, alors que le président Donald Trump a à plusieurs reprises menacé l'Iran d'un recours à l'option militaire en cas d'échec de la diplomatie.

AFP

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