
Le chancelier Friedrich Merz s'est engagé mercredi à aider Kiev à produire, à la fois en Ukraine et en Allemagne, des missiles longue portée, susceptibles de lui permettre d'atteindre le territoire russe en profondeur.
«Il s'agira d'une coopération au niveau industriel qui pourra avoir lieu aussi bien en Ukraine qu'ici en Allemagne», a déclaré Friedrich Merz en recevant le président Volodymyr Zelensky à Berlin.
Cette annonce, scellée par un protocole d'accord signé mercredi à Berlin par les ministres allemand et ukrainien de la Défense, a mis Moscou en rage.
«Toutes ces actions entravent naturellement les efforts de paix», a commenté le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov.
La production de ces missiles devrait être sous contrôle de l'industrie d'armement ukrainienne, avec probablement des composants livrés par l'Allemagne.
Un «nombre considérable de ces armes à longue portée pourrait être produit cette année», a indiqué le ministère allemand de la Défense, dans un communiqué.
«Les premières d'entre elles pourront être utilisées par l'armée ukrainienne dans quelques semaines seulement», a-t-il ajouté, précisant que les soldats n'avaient pas besoin de formation supplémentaire pour les manier.
L'Allemagne, plus grand pourvoyeur d'aide militaire à Kiev derrière les États-Unis, n'est pas le premier pays occidental à franchir ce pas pour aider l'Ukraine à fabriquer des armes à longue portée, le Royaume-Uni étant déjà engagé dans un tel soutien.
«Surprendre la Russie»
Jusqu'ici, Kiev réclamait, en vain, la livraison par Berlin de missiles allemands Taurus, d'une portée de plus de 500 km.
Mais depuis son arrivée au pouvoir le 6 mai, M. Merz, qui s'était prononcé auparavant pour un tel soutien, tergiversait. Moscou a prévenu que des livraisons directes de Taurus seraient considérées comme une implication de Berlin dans la guerre.
Cet engagement d'aide à la production ukrainienne permet à Merz de résoudre au moins temporairement ce dilemme.
Avant de se rendre à Berlin, M. Zelensky avait dit «souhaiter recevoir 30 milliards de dollars pour lancer la production ukrainienne à pleine capacité» en matière d'armements.
«Nous pouvons surprendre la Russie si nous avons les fonds nécessaires», a-t-il dit.
La visite à Berlin de Volodymyr Zelensky intervient après des attaques massives russes de drones et de missiles contre l'Ukraine. Mardi, Donald Trump avait une nouvelle fois laissé éclater sa frustration envers Vladimir Poutine, l'accusant de «jouer avec le feu».
Aux côtés de Friedrich Merz, le président ukrainien a accusé la Russie de ralentir les pourparlers de paix en cherchant «des raisons de ne pas arrêter la guerre», plus de trois ans après le début de l'invasion à grande échelle de son pays.
Pas de Nord Stream 2
Pour faire avancer les discussions de paix, il a proposé mardi une rencontre trilatérale avec Donald Trump et Vladimir Poutine.
Mercredi, il a par ailleurs exhorté l'Otan à inviter l'Ukraine à son prochain sommet en juin, estimant que ne pas le faire serait accorder «une victoire» au dirigeant russe.
«Si l'Ukraine n'est pas présente, ce sera une victoire pour Poutine», a-t-il dit. Le prochain sommet de l'Alliance est prévu les 24 et 25 juin à La Haye, aux Pays-Bas.
Le chancelier Merz a dans le même temps promis mercredi que son pays ferait «tout» pour empêcher une mise en service du gazoduc à l'arrêt Nord Stream 2, de nouveau évoquée pour approvisionner l'Europe en gaz russe.
Voies de transit du gaz russe vers l'Europe, les conduites de Nord Stream 2, reliant la Russie à l'Allemagne par la mer Baltique, sont à l'abandon depuis des explosions inexpliquées en septembre 2022, quelques mois après le début de l'offensive russe en Ukraine.
Les deux conduites du gazoduc Nord Stream 1, en service depuis 2011, ont été détruites, tandis qu'un tuyau de Nord Stream 2 semble intact. Ce dernier, achevé en 2021, n'a jamais obtenu l'autorisation d'exploitation nécessaire pour commencer à acheminer du gaz compte tenu de la montée des tensions avec la Russie, accusée de se servir des livraisons de gaz pour faire pression sur l'Europe et l'Ukraine.
AFP
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