
L’inquiétude va grandissant quant à la possibilité d’une hausse des frais de scolarité dans les écoles privées au Liban, suscitant de nombreuses interrogations de la part des parents et du grand public. De nombreuses écoles n’ont pas encore fourni de réponses claires, laissant les familles dans l’incertitude quant à ce qui les attend pour la prochaine année scolaire.
Contactées par Ici Beyrouth, plusieurs écoles ont indiqué qu’elles restaient incertaines quant au sort de la loi n°2 sur l’organisation du corps enseignant dans les écoles privées et la gestion de leurs budgets. Cette loi est actuellement suspendue, le Conseil constitutionnel l’ayant annulée en raison de violations procédurales lors de son adoption. Elle devra être formellement réadoptée et republiée avant de pouvoir entrer en vigueur.
Dans l’attente de précisions supplémentaires, les écoles affirment qu’elles attendront d’évaluer l’impact financier de la loi avant d’ajuster leurs frais – l’objectif étant de trouver un équilibre qui ne pèse pas trop sur les parents.
Dans un entretien accordé à Ici Beyrouth, le secrétaire général des écoles catholiques, le père Youssef Nasr, a abordé la question en soulignant deux facteurs majeurs susceptibles d’influencer les frais de scolarité à partir d’octobre 2025. «Le premier est le coût de la mise en œuvre de la loi n°2, datée du 3 avril 2025, ainsi que de ses amendements approuvés par le Parlement le 24 avril 2025 et publiés dans le Journal officiel le 16 mai 2025», a-t-il expliqué. Selon lui, bien que cette loi ne soit pas encore pleinement en vigueur, elle aura des conséquences financières dès qu’elle sera officiellement réadoptée. Chaque école devra alors calculer individuellement le coût de sa mise en œuvre.
Le deuxième facteur concerne les revendications salariales des enseignants visant à leur rendre un pouvoir d’achat perdu depuis le début de la crise économique, en 2019. Selon le père Nasr, les salaires actuels des enseignants représentent entre 30 et 65% de leur valeur d’avant la crise. «Nous ne pouvons pas non plus être entièrement négatifs vis-à-vis des enseignants», a-t-il déclaré, en insistant sur l’importance de reconnaître et de répondre à leurs besoins.
Alors que les augmentations salariales devraient se répercuter sur les frais de scolarité, le père Nasr a précisé que toute modification devra être mûrement réfléchie: «Chaque école doit évaluer ce que les parents sont en mesure de payer. Nous devons maintenir un équilibre entre ce que les familles peuvent assumer et les revendications des syndicats et enseignants».
Le cœur du problème réside dans l’absence d’une grille salariale unifiée, ce qui engendre de grandes disparités entre les écoles en matière de rémunération des enseignants. Ce qui était autrefois appelé le «Fonds de soutien» est désormais désigné comme des «salaires» dont le montant peut varier considérablement, allant de 200 à 1.500 dollars par mois selon les établissements. Le père Nasr a rappelé qu’aucune directive n’a été émise concernant une hausse généralisée des frais de scolarité. Les décisions seront prises au cas par cas: «Chaque école agit selon ce qui lui convient, et cela relève de sa responsabilité», a-t-il noté, ajoutant que la priorité demeure de préserver la qualité de l’éducation tout en protégeant les intérêts des parents ainsi que ceux des enseignants.
Concernant le calendrier, aucun changement ne sera mis en œuvre avant la fin de l’année scolaire actuelle. Les dispositions actuelles resteront en place jusqu’au 30 septembre 2025. «Tout ce dont nous discutons prendra effet à partir d’octobre 2025», a conclu le père Nasr.
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