Après deux explosions, la mégafusée d'Elon Musk Starship prête à un nouveau vol test
Le multimilliardaire Elon Musk ©IB

L'entreprise SpaceX du multimilliardaire Elon Musk compte mener mardi un nouveau lancement test de sa mégafusée Starship, qu'elle développe pour partir à la conquête de Mars, après deux explosions spectaculaires survenues coup sur coup lors de ses derniers vols d'essai.

Cette fusée, haute de 123 mètres, soit la taille d'un immeuble d'environ 40 étages, doit s'élancer dans le ciel du Texas à partir de 18H30 locales (23H30 GMT) pour un neuvième vol test.

Ce dernier succède à deux précédents essais en janvier et mars s'étant soldés par de spectaculaires explosions en altitude et des pluies de débris au-dessus des Caraïbes.

À chaque fois, le premier étage de la fusée, propulsant l'ensemble, avait réussi à revenir sur le pas de tir et à être rattrapé par des bras mécaniques — une manœuvre spectaculaire que seule SpaceX maîtrise.

Mais l'immense vaisseau avait lui explosé en vol les deux fois, contraignant les autorités à dévier les trajectoires de certains avions ou encore à retarder des décollages. Des suspensions de vol de Starship et des enquêtes sur ces incidents avaient également été ordonnées.

Objectif 25 vols annuels 

Ces incidents spectaculaires sont toutefois loin d'être inédits, l'entreprise d'Elon Musk misant pour le développement de ses appareils sur le lancement de multiples prototypes afin de corriger rapidement les problèmes rencontrés en situation de vol.

Une philosophie qui a fait son succès, mais n'est pas exempte de critiques, quatre des huit précédents vols d'essais de Starship s'étant ainsi soldés par des explosions, volontaires ou non.

En 2023, des associations ont porté plainte contre les autorités américaines, les accusant d'en avoir mal évalué l'impact environnemental, alors que la base spatiale de l'entreprise au Texas est située à proximité de zones naturelles protégées.

En dépit de ces critiques, le régulateur américain de l'aviation, la FAA, a accordé début mai son feu vert à l'augmentation de la cadence des lancements de 5 à 25 vols annuels, à l'issue d'une procédure de plusieurs années et d'évaluations sur l'impact environnemental.

Une autorisation qui survient dans un contexte où la grande proximité d'Elon Musk avec le président Donald Trump fait craindre de possibles ingérences dans les actions des autorités de régulation.

Plongeon brutal dans le golfe 

Lors de ce nouveau vol, SpaceX réutilisera pour la première fois un premier étage de fusée ayant déjà volé et été récupéré, signant ainsi une nouvelle étape vers son objectif de totale réutilisation de la fusée.

Cette caractéristique permettrait de réduire considérablement les coûts et les ressources nécessaires mais est extrêmement difficile à réaliser techniquement.

S'il réussit déjà à récupérer le propulseur de la fusée, Elon Musk compte bientôt tenter une récupération du vaisseau Starship, qui constitue le deuxième étage de la fusée et donne son nom à l'ensemble.

«Je pense que nous parviendrons à une réutilisation rapide de l'ensemble de la structure — le vaisseau et le propulseur — l'année prochaine», a déclaré le richissime entrepreneur, connu pour ses projections très optimistes, en début d'année dans un podcast.

Lors de ce nouveau vol, SpaceX espère réaliser les tests qu'elle comptait mener lors des deux précédents vols sur le vaisseau — dont une tentative de déploiement de satellites — puis le laisser finir sa course dans l'océan Indien.

Le premier étage ne reviendra quant à lui pas cette fois sur son pas de tir mais ira «s'écraser brutalement» dans les eaux du golfe du Mexique, unilatéralement rebaptisé «golfe d'Amérique» par Donald Trump, a prévenu SpaceX.

Un changement de programme destiné à réaliser «plusieurs expériences en vol» afin d'«améliorer les performances et la fiabilité des futurs propulseurs», a-t-elle expliqué.

Par Charlotte CAUSIT/AFP

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