Des chefs palestiniens pro-iraniens quittent la Syrie sous pression des autorités
Face aux pressions occidentales et à un tournant politique, la Syrie post-Assad confisque les armes et les biens des factions palestiniennes soutenues par l’Iran, mettant ainsi fin à leur présence historique à Damas. ©Photo by Xavier GALIANA / AFP

Les autorités syriennes ont imposé des "restrictions" aux groupes palestiniens proches du pouvoir déchu et de l'Iran, dont des chefs ont quitté Damas, une exigence de Washington avant la levée des sanctions contre la Syrie, ont indiqué des responsables palestiniens à l'AFP vendredi.

Le changement de la donne régionale s'est également traduit au Liban, où le désarmement des camps palestiniens, qui échappent depuis des décennies à l'autorité de l'État, va commencer à la mi-juin, selon un responsable gouvernemental.

Les factions palestiniennes alliées à Damas et Téhéran jouissaient d'une liberté de mouvement en Syrie sous Bachar al-Assad, qui faisait partie de "l'axe de la résistance" des alliés de l'Iran face à Israël.

"La plupart des chefs des factions palestiniennes soutenues par l'Iran ont quitté Damas", a déclaré à l'AFP un haut responsable d'une faction pro-iranienne qui a quitté la Syrie après le renversement de l'ancien pouvoir par des islamistes en décembre.

Ces factions "ont entièrement remis leurs armes" aux autorités, a précisé un autre responsable qui a requis l'anonymat.

Interrogées par l'AFP, les autorités syriennes n'ont pas commenté.

Le président américain Donald Trump, qui a levé les sanctions imposées au régime syrien déchu, a demandé au président intérimaire syrien, Ahmad al-Chareh, qu'il a rencontré la semaine dernière en Arabie saoudite, d'expulser "les terroristes palestiniens".

Avant la guerre civile, qui a éclaté quand Assad a réprimé dans le sang un soulèvement populaire en 2011, les Palestiniens en Syrie, descendants de réfugiés de la première guerre israélo-arabe de 1948, étaient estimés à plus d'un demi-million.

Le pouvoir syrien était accusé de vouloir instrumentaliser les organisations palestiniennes présentes à Damas.

Permanences fermées 

Les chefs qui ont quitté la Syrie sont notamment Khaled Jibril, fils du fondateur du Front populaire de libération de la Palestine - Commandement général (FPLP-CG), Khaled Abdel Majid, secrétaire général du Front de lutte populaire palestinien (FLPP), ainsi que Ziyad al-Saghir, chef du Fatah-Intifada.

Le FPLP-CG avait participé, aux côtés des forces de Bachar al-Assad, aux combats pendant la guerre civile en Syrie dans le camp palestinien de Yarmouk, au sud de Damas.

Dans ce camp presque entièrement détruit, les drapeaux des factions palestiniennes ont disparu à l'entrée, et les locaux de ces groupes semblaient fermés, sans présence de combattants à proximité, selon des photographes de l'AFP.

Les permanences de ces groupes à Damas étaient également fermées, ont-ils constaté.

Le 3 mai, Talal Naji, secrétaire général du FPLP-CG, avait été brièvement arrêté.

L'un des responsables palestiniens a précisé que les dirigeants de ces factions n'avaient reçu aucune demande officielle de quitter la Syrie, mais que "leurs biens et ressources avaient été confisqués, certains de leurs cadres arrêtés."

"Ces factions sont désormais interdites de facto de travailler" en Syrie, a-t-il ajouté.

Un autre responsable palestinien a indiqué que les autorités syriennes avaient confisqué les biens de la plupart des factions, "comme les maisons, les permanences, les voitures et les camps d'entraînement."

Le FPLP-CG est désormais "incapable de verser les allocations aux familles de combattants tués", selon lui.

Une troisième source palestinienne à Damas a déclaré à l'AFP qu'après la chute d'Assad, "nous avons nous-mêmes collecté les armes de nos éléments et les avons rendues (...)", mais nous avons gardé des armes légères individuelles pour la protection et non pour le combat, avec l'approbation des autorités."

"Aucune coopération" 

"Il n’existe plus aucune coopération entre la plupart des factions palestiniennes et la nouvelle administration syrienne", a déclaré un autre responsable palestinien, appartenant à un groupe disposant encore d’une présence limitée à Damas.

Outre ces groupes, les autorités syriennes avaient arrêté en avril deux responsables de la branche armée d'une autre organisation palestinienne pro-iranienne, le Jihad islamique.

Au Liban, où le président palestinien Mahmoud Abbas effectue sa première visite officielle depuis 2017, un responsable gouvernemental a indiqué à l'AFP que le désarmement des camps allait commencer le mois prochain.

La sécurité dans les camps palestiniens surpeuplés, qui abritent quelque 220 000 réfugiés, est assurée par les organisations palestiniennes armées, conformément à un accord tacite de longue date.

Les parties libanaise et palestinienne "sont convenues de mettre en œuvre un plan pour retirer les armes à partir de la mi-juin dans les camps de Beyrouth, puis dans les autres camps du pays", a précisé le responsable qui a requis l'anonymat.

Le nouveau président libanais, Joseph Aoun, élu en janvier avec l'appui de l'Occident, s'est engagé à restaurer l'autorité de l'État sur l'ensemble du territoire, dont le sud du pays, frontalier d'Israël, où l'infrastructure militaire du puissant Hezbollah est en passe d'être démantelée.

Par Layal Abou Rahal et Maher Mounes, AFP

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