Le nord de l'Europe frappé par une sécheresse exceptionnelle
Des personnes promènent leur chien sur les rives du Baitings Reservoir, qui ont été partiellement révélées par une baisse du niveau de l'eau, près de Ripponden, dans le nord de l'Angleterre, le 9 mai 2025. ©Oli SCARFF / AFP

Une sécheresse inédite depuis plusieurs décennies frappe une grande partie du nord de l’Europe, de l’Écosse aux Pays-Bas. Si elle se poursuit, elle pourrait affecter les rendements des cultures en cours de semis.

En l’absence d’eau, «la croissance est limitée» pour le blé, le maïs, le colza ou l’orge, explique à l’AFP Nicolas Guilpart, maître de conférence en agronomie à AgroParisTech.

Les précipitations ont été bien inférieures à la normale ce printemps dans le nord de la France, en Belgique et au Royaume-Uni. Résultat : des sols poussiéreux et des semis de printemps qui peinent à germer.

Luke Abblitt, agriculteur dans l’est de l’Angleterre, «prie pour que la pluie» tombe, alors que le pays connaît son printemps le plus sec depuis plus de 150 ans. «Nous passons d’un extrême à l’autre: il pleut beaucoup en hiver, et moins au printemps et en été», explique-t-il. Il envisage désormais d’adapter ses pratiques ou de tester «de nouvelles variétés» plus résistantes.

Dans le nord de l’Angleterre, les niveaux des réservoirs d’eau sont «particulièrement, voire exceptionnellement bas», selon l’Agence de l’environnement. Certains agriculteurs ont déjà commencé à irriguer, rapporte le syndicat NFU, qui plaide pour davantage d’investissements dans des cuves de stockage directement sur les exploitations.

Aux Pays-Bas, il n’a jamais aussi peu plu depuis le début des relevés météorologiques en 1906.

Beaucoup de soleil 

Au Danemark, l’institut météorologique a relevé début mai que les trois derniers mois avaient été exceptionnellement secs, avec moins de 63 mm de pluie. «Depuis 1874, il n’est arrivé que sept fois que la période février-avril ait aussi peu de précipitations», souligne l’organisme.

Le tout s’accompagne d’un ensoleillement et de températures supérieurs à la normale. Depuis le 15 mai, l’indice de sécheresse dépasse ou égale 9 sur une échelle de 1 à 10 — une première aussi précoce depuis la création de cet indice en 2005.

En Suède, il est encore «trop tôt pour dire quel sera l’impact sur l’agriculture cet été», selon la Fédération des agriculteurs, qui recommande toutefois aux exploitants de revoir leur planification hydrique.

Besoin d’irriguer 

En France, les nappes phréatiques sont bien remplies en profondeur, mais les cultures ont besoin d’eau de surface, donc de pluie.

Le département du Nord est en vigilance sécheresse depuis lundi. Il n’a reçu, entre février et début mai, que l’équivalent d’un mois de pluie normal. Le vent de nord-est a aggravé l’assèchement.

L’irrigation devient une nécessité pour de plus en plus d’agriculteurs.

Sébastien De Coninck, producteur d’endives à Beuvry-la-Forêt (Nord), constate que son village a reçu entre mars et mai huit fois moins de pluie que l’année dernière à la même période. «Jusqu’à il y a cinq ans, on ne se posait pas la question de l’irrigation dans le Nord», dit-il à l’AFP. Aujourd’hui, «le rendement peut varier du simple au double selon qu’on irrigue ou pas».

L’irrigation permet de «pallier ce manque de précipitations», souligne Nicolas Guilpart, mais elle suppose «d’avoir les ressources nécessaires». L’eau est prélevée dans les nappes, les cours d’eau voisins ou des retenues appelées «bassines».

La France enregistre aussi des températures supérieures aux normales de saison, notamment dans le nord, ce qui rend l’atmosphère plus «séchante». Cela favorise «l’évapotranspiration» — soit la combinaison de l’évaporation et de la transpiration des plantes — et donc accroît leurs besoins en eau.

Cette sécheresse record dans le nord de l’Europe contraste avec la situation dans le sud, en Espagne et au Portugal, où les précipitations ont parfois atteint le double de la normale pour cette période.

Par Ambre BERTOCCHI/AFP

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