Au Japon, l'inflation continue sa montée, le riz sous pression malgré les mesures politiques
Des sacs de riz (C) sont exposés à la vente dans un supermarché à Tokyo, le 23 mai 2025. Le taux d’inflation de base au Japon a accéléré en avril pour atteindre 3,5 %, les prix du riz ayant presque doublé sur un an, selon des données officielles publiées le 23 mai. ©Philip FONG / AFP

L’inflation au Japon, qui a atteint en avril son plus haut niveau depuis janvier 2023, continue d’être marquée par l’envolée du prix du riz, aliment de base essentiel dans le pays.

La hausse des prix à la consommation dans l’archipel (hors produits frais) s’est établie à 3,5 %, sur un an en avril, accélérant encore par rapport aux 3,2 % observés en mars.

Cette progression est notamment illustrée par une nouvelle envolée record de 98,4 % sur un an des prix du riz.

Les prix de cette céréale très consommée au Japon ont presque doublé en un an, selon des données officielles publiées vendredi. La hausse sur un an avait été de 92,5 % le mois précédent.

Cette semaine, le ministre de l’Agriculture Taku Eto a dû démissionner après des propos sur les quantités de riz qu’il avait dit recevoir gratuitement, provoquant la colère des Japonais.

De son côté, le Premier ministre Shigeru Ishiba a prévenu que : «le fait que les prix du riz restent élevés n’est pas un phénomène ponctuel mais structurel. Nous devons avoir des discussions approfondies à ce sujet et (les prix du riz) doivent bien sûr baisser».

Pour enrayer cette tendance, le gouvernement japonais avait décidé mi-février de débloquer ses réserves stratégiques de riz. Au total, plus de 300 000 tonnes ont été mises sur le marché.

Mais malgré cela, «la hausse des prix du riz+de marque+a suffi à empêcher (en moyenne, ndlr) la baisse des prix au détail dans les supermarchés», a expliqué vendredi à l’AFP Masayuki Ogawa, assistant professeur à l’université de Utsunomiya.

La flambée des prix du riz découle de plusieurs facteurs.

«Le marché du riz a commencé à se tendre après 2023, lorsque les agriculteurs ont souffert de mauvaises récoltes (ndlr : en raison de vagues de chaleur), et l’impact perdure», a expliqué Tadao Koike, un détaillant tokyoïte interrogé par l’AFP.

Alors que les Japonais mangent de moins en moins de riz, «les autorités japonaises se sont longtemps concentrées sur la manière de réduire la production de riz au nom du contrôle du marché» note-t-il.

Taxes douanières 

Au-delà du riz, la hausse de l’inflation est également marquée par la hausse de prix des biens durables et des services de consommation courante.

Pour preuve, l’indice des prix à la consommation – excluant à la fois l’énergie et les produits alimentaires frais – a progressé à 3,0 % en avril, après 2,9 %.

L’archipel, longtemps englué dans une inflation nulle voire négative, est confronté à un changement de paradigme. Depuis avril 2022, l’indice des prix à la consommation hors produits frais reste systématiquement au-dessus de 2 % sur un an.

Ce niveau élevé d’inflation pourrait raviver les spéculations autour d’un prochain resserrement monétaire de la Banque du Japon (BoJ), après une pause en avril.

La BoJ ne table plus que sur une croissance du PIB japonais de 0,5 % sur l’année budgétaire 2025 entamée début avril, contre 1,1 % prévu précédemment.

«La force persistante de l’inflation convaincra la Banque du Japon d’augmenter les taux d’intérêt encore une fois en octobre», a commenté Marcel Thieliant, expert de Capital Economics.

Par ailleurs, la guerre commerciale engagée par Donald Trump pourrait pénaliser à la fois les exportations nippones (automobile, acier) et plomber davantage la consommation en entretenant l’inflation, fragilisant deux piliers de la quatrième économie mondiale.

«La position du Japon en tant que plus grand investisseur étranger aux États-Unis ne l’a pas protégé des menaces tarifaires, ce qui rend les promesses d’investissements supplémentaires peu convaincantes comme levier de négociation», a déclaré vendredi à l’AFP Stefan Angrick, de Moody’s Analytics.

En réponse à ces menaces tarifaires, le Japon cherche à éviter une surtaxe « réciproque » de 24 % sur toutes ses exportations, une taxe qui devrait entrer en vigueur en juillet, à moins qu’un accord ne soit trouvé avec l’administration Trump.

Le négociateur japonais sur les droits de douane américains Ryosei Akazawa se rend aux États-Unis vendredi pour une troisième série de négociations commerciales en cours avec l’administration Trump, sans grandes avancées pour l’instant.

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