
Une tournée à très haute intensité diplomatique. Du 13 au 17 mai 2025, Donald Trump a effectué sa première visite officielle au Moyen-Orient depuis le début de son second mandat. De Riyad à Doha, en passant par Abou Dhabi, le président américain a multiplié les annonces: contrats d’armement colossaux, levée des sanctions contre la Syrie, rapprochement avec le Qatar et main tendue vers l’Iran. Une tournée éclair mais chargée, qui redessine les lignes de la diplomatie américaine dans la région.
Une semaine après sa visite éclair dans le Golfe, le bilan est sans équivoque: Donald Trump a orchestré une démonstration de force diplomatique et économique qui redessine les équilibres régionaux. Pour son premier déplacement international depuis le début de son second mandat, le président américain s’est rendu successivement en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis, enchaînant accords record et annonces stratégiques.
Riyad: des milliards pour une alliance renforcée
Le 13 mai, Trump posait le pied à Riyad, accueilli par Mohammad ben Salmane. Lors de cette visite, il a signé un contrat d’armement historique d’une valeur de 142 milliards de dollars, présenté comme le plus important jamais conclu entre les deux pays. Missiles, cybersécurité, drones: l’accord renforce la défense du Royaume face à l’Iran, tout en alimentant l’industrie militaire américaine. Parallèlement, Riyad s’engageait à investir jusqu’à 600 milliards de dollars dans les infrastructures, l’IA et l’énergie aux États-Unis.
Mais le moment-clé de ce sommet saoudien fut l’annonce choc, le 14 mai, de la levée des sanctions américaines contre la Syrie. Justifiée par un «changement de leadership» à Damas avec l’arrivée d’Ahmad al-Chareh, cette décision marque un tournant majeur dans la politique américaine envers la Syrie, Washington parie sur la stabilisation du pays pour en faire un nouveau partenaire énergétique et sécuritaire, malgré les doutes de certains alliés.
Trump a défendu ce choix en invoquant la nécessité de reconstruire la Syrie après treize ans de guerre civile. Washington envisageait un partenariat énergétique stratégique avec Damas, similaire à celui en cours avec l’Ukraine, autour du gaz, du pétrole et des minerais rares.
En contrepartie, les États-Unis exigeraient l’expulsion des groupes terroristes palestiniens, une normalisation des relations avec Israël via les accords d’Abraham et une reprise en main des camps de prisonniers de l’État islamique par le nouveau régime syrien. Une décision audacieuse, saluée comme un geste de realpolitik par certains diplomates européens, mais qui a aussi suscité de vives inquiétudes, notamment en Israël et au sein de l’administration américaine, en raison du passé islamiste d’al-Chareh et des incertitudes persistantes sur la stabilité syrienne.
Qatar: contrats géants et diplomatie gazière
Après Riyad, Trump s’est rendu au Qatar, où il a consolidé un partenariat économique de plus de 1.200 milliards de dollars. Au cœur de ce pacte: la plus grosse commande jamais enregistrée par Boeing, avec 210 appareils achetés par Qatar Airways, et des contrats de défense avec Raytheon et General Atomics. Le Qatar s’est aussi engagé à investir 10 milliards de dollars pour développer la base d’Al-Udeid, ainsi qu’1 milliard dans les technologies quantiques américaines.
Trump y a aussi abordé la question iranienne: lors d’un dîner d’État et d’une rencontre avec l’émir Tamim ben Hamad al-Thani, il a salué les efforts de médiation de Doha pour relancer des négociations. Le Qatar, en position d’intermédiaire, espère aussi une avancée dans le dossier de Gaza en échange de ses efforts.
Abou Dhabi: clôture sous le signe de la continuité
La tournée s’est achevée à Abou Dhabi, où Trump a été accueilli par Mohammad ben Zayed. Aucun nouvel accord majeur n’a été annoncé, mais la visite visait à renforcer les partenariats commerciaux dans la lignée des deals conclus avec Riyad et Doha.
À travers cette tournée, Trump mise sur une diplomatie de la transaction: sécurité contre investissements, reconnaissance contre coopération énergétique. Il entend replacer les États-Unis au cœur du jeu moyen-oriental, sans intervention militaire directemais avec un levier économique massif.
Son pari est de contenir l’influence iranienne, stabiliser les fronts syrien et palestinien, et bâtir un axe proaméricain autour des puissances du Golfe. Une stratégie à haut rendement, mais aussi à haut risque, tant les équilibres régionaux restent fragiles.
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