
Deux Cèdres sur l’ocre de Paris. Hady Habib et Benjamin Hassan ont signé une entrée en matière convaincante dans les qualifications de Roland-Garros. Et si cette année le Liban s’invitait enfin dans le grand tableau?
Le rêve commence dans la sueur. Comme chaque année, les joueurs venus du monde entier s’arrachent dans les matchs de qualifications pour décrocher leur sésame pour le tableau principal de Roland-Garros. Sur la terre battue parisienne, deux Libanais ont fait honneur au drapeau rouge et blanc: Benjamin Hassan et Hady Habib, déterminés à marquer l’histoire.
Première balle gagnante
Lundi, sur un court annexe mais avec la même intensité que sur le Philippe-Chatrier, Benjamin Hassan (ATP 177) a entamé sa campagne contre le Russe Pavel Kotov (ATP 146). Un bras de fer tendu, deux sets accrochés, et une victoire décrochée avec les tripes: 7-6(3), 7-5. Solide derrière sa première balle, chirurgical en revers, Hassan a su serrer le jeu dans les moments chauds. Le match a basculé sur quelques points, qu’il a su mieux négocier. Une victoire qui sent la maturité.
Le lendemain, c’est Hady Habib (ATP 155) qui s’est présenté sur l’arène. L’adversaire? L’Argentin Facundo Mena (ATP 217), joueur rugueux et habitué des qualifs. Mené un set à rien, le Libanais a sorti les griffes. Il a remonté la pente, arraché le deuxième set au tie-break, avant de dérouler dans le troisième: 6-7(5), 7-6(1), 6-1. Une montée en puissance qui en dit long sur sa forme du moment.
Prochains tours: pas de cadeau
Pas le temps de souffler. Benjamin Hassan croisera au deuxième tour le Français Sascha Gueymard Wayenburg, soutenu par le public local. Un test de solidité mentale. Hady Habib, lui, aura fort à faire face à Juan Manuel Cerúndolo, tête de série numéro 12 des qualifs, gaucher argentin au revers soyeux. Mais les deux Libanais n’ont rien à perdre. Et tout à gagner.
Habib, la trace d’un pionnier
S’il y en a un qui a déjà brisé le plafond de verre, c’est bien Hady Habib. En janvier dernier, à l’Open d’Australie 2025, il devenait le premier joueur libanais de l’histoire à remporter un match dans le tableau principal d’un Grand Chelem. Opposé au Chinois Yunchaokete Bu (ATP 65), il s’est imposé en trois sets pleins d’autorité: 7-6, 6-4, 7-6. L’aventure s’est arrêtée au deuxième tour face au Français Hugo Humbert, alors numéro 3 mondial, mais l’exploit était signé. Et le message envoyé.
Habib n’en est pas à son coup d’essai: présent aux Jeux olympiques, il avait porté haut les couleurs libanaises en simple comme en double, aux côtés de... Benjamin Hassan.
Hassan, un mental de fer et un revers qui claque
Benjamin Hassan n’est pas dans l’ombre. Sa progression constante sur le circuit ATP en fait un des joueurs les plus prometteurs de la région MENA. Il a du feu dans les jambes, un œil de lynx à la relance et une rage de vaincre qui transpire à chaque échange. Son succès contre Kotov n’est pas un accident. C’est le fruit d’un travail acharné. Lui aussi a goûté à Melbourne et aux JO, où il a croisé les raquettes avec les meilleurs.
Un tennis libanais qui ose et qui y croit
Longtemps en marge du circuit mondial, le tennis libanais semble enfin sortir du bois. Avec Habib et Hassan, c’est une génération ambitieuse, formée à l’étranger mais attachée au drapeau, qui porte l’espoir d’un pays. Ils ne sont plus là pour participer. Ils veulent gagner. Et inscrire le Liban sur la carte du tennis mondial, à coups d’amorties bien senties et de passings rageurs.
À Roland-Garros, le Liban n’est plus un figurant. Il est en lice. Et prêt à jouer sa plus belle partition.
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