
Les pays arabes se réunissent samedi à Bagdad pour discuter de la guerre dans la bande de Gaza et d'autres crises régionales, mais le sommet est marqué par l'absence de plusieurs dirigeants, notamment du Golfe, où le président américain était en visite cette semaine.
Donald Trump avait suscité un tollé plus tôt cette année en déclarant que les États-Unis prendraient le contrôle de Gaza et en feraient la «Riviera» du Moyen-Orient, poussant les dirigeants arabes à élaborer, lors d'un sommet en mars au Caire, un plan pour l'après-guerre afin de reconstruire le territoire dévasté par 19 mois de guerre.
L'ancien promoteur immobilier a conclu vendredi une tournée en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis, marquée par d'étourdissantes annonces économiques et une spectaculaire ouverture vis-à-vis du nouveau pouvoir syrien avec l'annonce d'une levée des sanctions américaines.
Les présidents palestinien Mahmoud Abbas et égyptien Abdel Fattah al-Sissi sont arrivés vendredi et samedi dans la capitale irakienne. Parmi les participants figurent également l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, mais la plupart des dirigeants des pays du Golfe ne feront pas le déplacement, selon une source diplomatique.
Absence du président syrien
Et le président syrien, Ahmed el-Chareh, qui a pris le pouvoir en décembre 2024 à la tête d'une coalition de groupes islamistes et a été emprisonné des années en Irak sous l'accusation d'appartenir à Al-Qaïda, ne participera pas non plus au sommet après que de puissants hommes politiques irakiens se sont opposés à sa venue.
Il est représenté par son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani.
L'Irak a été dévastée par plusieurs décennies de conflits et de guerres, notamment après l'invasion menée par les États-Unis en 2003, qui a renversé Saddam Hussein et favorisé l'émergence des jihadistes.
Ce n'est que récemment que le pays a retrouvé un semblant de stabilité et ses dirigeants espèrent promouvoir une nouvelle image du pays.
«Nous ne nous contentons pas de reconstruire l'Irak, nous remodelons également le Moyen-Orient grâce à une politique étrangère équilibrée, un leadership avisé, des initiatives de développement et des partenariats stratégiques», a écrit récemment dans une tribune le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani.
Le sommet est principalement axé sur la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
Plus d'un an de bombardements israéliens a ravagé le territoire palestinien et la situation humanitaire y est dramatique, notamment depuis le 2 mars, quand Israël a bloqué toute entrée d'aide.
Alors que les discussions en vue d'une trêve semblent dans l'impasse, l'armée israélienne a annoncé samedi le lancement d'une nouvelle offensive majeure à Gaza.
"Rétablir la stabilité régionale"
Le ministre irakien des Affaires étrangères, Fouad Hussein, a précisé que le sommet approuverait les décisions prises lors de la réunion du Caire en mars pour soutenir la reconstruction de Gaza.
Ce plan arabe prévoit un fonds destiné à financer la reconstruction – 53 milliards de dollars sur cinq ans – pour le territoire palestinien qui devrait être administré durant une période transitoire par un comité de technocrates palestiniens, avant que l'Autorité palestinienne n'en reprenne le contrôle.
Une approche qui apparaît comme une alternative à la proposition largement condamnée de M. Trump, qui avait dit vouloir prendre le contrôle du territoire.
«Nous nous intéressons à Gaza. Et nous allons faire en sorte que cela soit réglé. Beaucoup de gens sont affamés», a-t-il déclaré vendredi lors de sa visite aux Émirats arabes unis.
Parmi les autres personnalités présentes samedi à Bagdad figurent le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, dont le pays a reconnu en mai 2024 l'État de Palestine.
Lors du sommet de samedi, l'Égypte présentera aussi sa «vision» sur «les défis auxquels la région est confrontée, en mettant particulièrement l'accent sur les récents développements de la cause palestinienne et les efforts visant à rétablir la stabilité régionale», selon un communiqué de la présidence au Caire.
L'Irak a accueilli pour la dernière fois un sommet de la Ligue arabe en 2012.
À la fois un allié important de l'Iran voisin et un partenaire stratégique des États-Unis, ce pays s'adonne depuis des années à un exercice d'équilibriste entre les deux ennemis.
Avec AFP
Commentaires