
Entre passion du cinéma et fidélité à la scène, Mylène Farmer préparerait une surprise pour la soirée d’ouverture du festival de Cannes ce 13 mai 2025 et un titre inédit pour la cérémonie d’ouverture de Cannes. Retour sur le parcours et le portrait d’une artiste inégalable.
Parmi les moments les plus attendus de la soirée d’ouverture du festival de Cannes le 13 mai 2025, l’un pourrait bien marquer les esprits. Mylène Farmer devrait fouler la scène en tant qu'invitée d'honneur. Ancienne membre du jury, elle reviendrait cette fois sous les projecteurs, avec la possibilité d’interpréter un titre inédit.
Mylène Farmer, de son vrai nom Mylène Gautier, naît en septembre 1961 au Québec. À huit ans, elle s’installe avec ses parents en France, mais a du mal à trouver sa place. Sous ses silences et airs de garçon manqué Sans contrefaçon, elle habite un monde de rêve et de mélancolie. Elle n’hésitera pas à chanter cette mélancolie même dans son Je t’aime mélancolie. En Bretagne, ville natale de sa mère, elle s’occupe des enfants malades et s’imprègne des paysages bruts. Le vent breton souffle sur son imagination et ses mots prennent naissance au fil des marées hautes ou basses. Elle rêve de devenir monitrice d’équitation pour les personnes en situation de handicap mais finit par s’installer à Paris et suivre deux ans de formation au cours Florent pour devenir comédienne. De rencontre en rencontre, elle croise le chemin de Jérôme Dahan et Laurent Boutonnat. Pour eux, elle interprète Maman a tort, qui après avoir connu des réticences dans le monde musical, s’impose et révèle au monde une voix singulière et une artiste troublante.
Fuyant les feux de la rampe, loin de ses prestations, elle préserve son côté mystérieux. Sur scène, ses chansons sont chorégraphiées avec précision, à la manière américaine. Du jamais vu en France. Ses clips sont des films, macabres et poétiques à la fois, mais surtout mis en scène, immanquablement. Sa voix, ponctuée de micro-silences imposants, transcende le monde et emporte les spectateurs dans un univers mi-ange mi-diable. Elle est si troublante dans ses paroles, ses suspensions, sa présence, que même Salman Rushdie qualifie sa magie de celle d’un «ange déchu». Entre ombres et lumières, Mylène Farmer évite les interviews, fuit les plateaux; elle affirme avoir fait ce métier pour être reconnue, et pas connue.
Elle est une artiste accomplie, toujours en quête d’exploration. Mylène Farmer chante, écrit, scénarise ses films, peint, chorégraphie, illustre. Elle a même illustré les couvertures des œuvres respectives de Marc Levy Où es-tu? en 2001 et de celle de Michel Onfray L’Étoile polaire en 2015. Elle ne craint pas de s’afficher dans tout ce qu’elle est, intrinsèquement, en préservant son authenticité de l’ego des prix et des victoires qu’elle qualifie d’hypocrites. Son succès s’inscrit dans le talent, le brut et la perdurance. Mylène Farmer n’a jamais compromis son être. Elle s’affiche telle qu’elle est. Intrépide, impudique, incorruptible. Libertine, en 1986, fait scandale par sa nudité assurée mais aussi par la violence et le gore, mais on ne peut lui dénier sa force visuelle. Désenchantée, en 1991, devient son plus grand succès en France et à l’international. Cet hymne générationnel est toujours fredonné par jeunes et moins jeunes.
En 1991, un drame survient. Un fan obsédé tue un employé de sa maison de disques parce qu’il refuse de lui donner l’adresse de Mylène Farmer. Elle s’exile à Los Angeles. Elle revient en 1995 métamorphosée. Anamorphosée marque sa renaissance. On y découvre une Mylène rayonnante, rock et traversée par la poésie. Son univers est noir, et pourtant teinté de lumière. Sur les frontières du théâtre, de la danse et du rêve, elle combine précision scénique, univers onirique et thèmes universels. Fragile et ancrée, elle balance entre «spleen et idéal». Elle chante la solitude, la mort, le désir, l’amour, l’identité et l’être. Sur des airs vacillant entre pop synthétique, électro, ballade lyrique et rock intérieur, on pénètre dans un sanctuaire. Son voyage émotionnel est construit dans un univers scénographique symbolique, gothique, provocateur, élégant et fictif à la fois. Sur scène, Mylène Farmer se donne entièrement, de toute sa voix, de tout son regard, de tout son silence.
Depuis les années 90, Jean-Paul Gaultier brode avec Mylène Farmer une relation spéciale. Ses costumes scéniques sont l’extension de son âme. Il crée ainsi pour elle des costumes légendaires, comme la robe noire de Que mon cœur lâche ou la cuirasse de Comme j’ai mal. À deux, ils sculptent une silhouette iconique. Tenue après tenue, le couturier signe les costumes de ses tournées, clips et apparitions publiques, incarnant ses dualités: force et fragilité, provocation et pudeur, intime et exposition, sensualité et quête d’absolu.
La présence de Mylène Farmer suscite toujours la même excitation. En 2024, à la FNAC de Ternes, un pop-up store est dédié à la tournée Nevermore. L’exposition comprend des objets collectors, des remixes exclusifs, des hommages scénographiques.
Le film de cette tournée est également projeté en exclusivité au Grand Rex en novembre 2014. Il certifie un record historique: 14 stades, la plus grande tournée jamais réalisée par une artiste en France. Mylène Farmer y fait une brève apparition, sous le regard surpris et les cris abasourdis de ses fans, lors de la projection.
La chanteuse incarne une mémoire collective. Elle détient tous les records avec plus de 20 singles numéro un, 58 titres dans le Top 10 et des albums classés au sommet. Elle est la seule et unique artiste féminine à avoir été n°1 du Top Albums en France sur cinq décennies. Mylène Farmer est un phénomène légendaire, un mystère artistique et une fable aussi chimérique que réelle.
En 2005, la chanteuse obtient le prix de «l’Artiste féminine des vingt dernières années». Elle est absente lors de la cérémonie. Dans un bref communiqué, elle rappelle que son dernier single s’intitule Fuck Them All. Puis, dans un geste inégalable, elle demandera à ne plus être sélectionnée ni nommée pour prix et distinctions.
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