Diplomatie régionale: Aoun attendu au Koweït, Raggi salue un geste fort
Joe Raggi salue la visite du président Aoun au Koweït et la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays. ©Al-Markazia

Le président Joseph Aoun est attendu les 11 et 12 mai au Koweït, à l’invitation officielle de l’émir cheikh Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah. Une visite qualifiée d’«événement en soi» par le ministre des Affaires étrangères, Joe Raggi, qui y voit un signal fort dans le cadre des relations entre les deux pays.

Dans un entretien accordé au quotidien koweïtien Al-Rai, le chef de la diplomatie libanaise a, dans ce contexte, exprimé la reconnaissance du Liban envers le Koweït pour son rôle central dans la conclusion de l’accord de Taëf, fondement de la paix civile au Liban. «Les Libanais n’oublient pas la contribution majeure de nos frères koweïtiens, qui ont aussi grandement participé à la prospérité du secteur touristique libanais», a-t-il affirmé.

Il a toutefois regretté la distanciation qui s’est instaurée, depuis 2021, entre le Liban et plusieurs États du Golfe. Cette année, plusieurs pays comme les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, Bahreïn et le Koweït avaient retiré leurs ambassadeurs, suspendu leurs relations diplomatiques et imposé des restrictions de voyage en raison notamment de la mainmise du Hezbollah sur le Liban, mais aussi de propos critiques tenus par l’ancien ministre de l’Information, Georges Cordahi, au sujet des attaques de la coalition menée par Riyad et Abou Dhabi contre les Houthis, au Yémen.

Situation sécuritaire

À l’heure où les attaques et opérations israéliennes se poursuivent sur le sol libanais, malgré un cessez-le-feu encore en vigueur depuis novembre 2024, les réactions des autorités libanaises vont dans le sens d’une déploration totale de la situation.

Ayant reçu vendredi matin le chef de la mission et commandant de la force de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul), Aroldo Lázaro, le ministre Raggi a réaffirmé «l’attachement du Liban au rôle de l’instance onusienne» et a exprimé sa reconnaissance pour les efforts constants déployés par les Casques bleus dans le maintien de la stabilité au sud du pays. Il a, dans ce contexte, souligné la nécessité de permettre à la Finul d’exercer pleinement son mandat, tel que défini par la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il a également rappelé que le renouvellement du mandat de la Finul est prévu pour le mois d’août prochain.

Des propos qu’il avait précédemment tenus dans le cadre de son interview, pointant du doigt Israël qui maintient ses positions au niveau de cinq points stratégiques au Liban-Sud. «Le danger persiste tant qu’Israël continue d’occuper des positions au sud et de mener des attaques», a martelé, dans ce sens, M. Raggi.

Se montrant toutefois optimiste pour la saison estivale, le ministre a assuré que «tout est mis en œuvre pour garantir un été prometteur», insistant sur la priorité absolue: «éviter le retour de la guerre et faire en sorte qu’elle ne recommence jamais».

De son côté, le général Lázaro a présenté au ministre un état des lieux des opérations récentes menées par les forces onusiennes au Liban-Sud, en particulier la surveillance des violations de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Il s’est, en outre, félicité de la coopération continue entre la Finul et l’armée libanaise, qualifiant les relations bilatérales de «solides».

M. Lázaro a par ailleurs invité le ministre Raggi à visiter les sites de la Finul dans le sud du pays.

Relations avec la Syrie et délimitation des frontières

Concernant la question des frontières terrestres, le ministre s’est penché sur des documents et cartes issus des archives françaises, relatifs au tracé des frontières entre le Liban et la Syrie. Ces éléments, remis jeudi par l’ambassadeur de France au Liban, Hervé Magro, ont suscité chez M. Raggi l’espoir qu’ils puissent jouer un rôle «décisif» dans le processus de délimitation des frontières entre les deux pays.

Il a, en outre, annoncé que Paris s’est engagé à mettre ses archives à disposition de l’État libanais, une fois l’analyse technique des documents terminée par la partie libanaise. «C’est un processus long, mais il progresse dans la bonne direction», a-t-il assuré.

Concernant la Syrie, M. Raggi a souligné l’importance, pour le Liban, de la stabilité de son voisin sur les plans militaire, politique, démographique et économique. Il a notamment évoqué les bénéfices attendus du retour de la paix, qui consistent en une relance des échanges commerciaux et une participation libanaise à la reconstruction syrienne, avec des investissements mutuels à la clé.

Enfin, au sujet de la visite prochaine du président palestinien Mahmoud Abbas au Liban, M. Raggi, dans son entretien accordé au média koweitien,  a mis l’accent sur les principes qui encadrent la position libanaise. «Premièrement, le Liban est un État souverain, maître de l’ensemble de son territoire. Deuxièmement, les camps palestiniens bénéficient d’un statut particulier hérité depuis 1968 et qui doit être géré avec soin. Troisièmement, le Liban reconnaît exclusivement l’Autorité palestinienne et l’Organisation de libération de la Palestine comme représentants légitimes du peuple palestinien, sous la direction du président Abbas», a martelé le ministre. Le président palestinien est attendu le 21 mai à Beyrouth pour discuter de «l'extension de l'autorité» du pouvoir libanais aux camps des réfugiés palestiniens échappant à son contrôle et dans lesquels cohabitent environ 250.000 Palestiniens affiliés au Fatah, mais aussi au Hamas et à d’autres groupes. 

 

Commentaires
  • Aucun commentaire