
L'Américain Robert Francis Prevost, devenu à 69 ans le premier pape américain de l'histoire sous le nom de Léon XIV, célèbre vendredi une messe dans la chapelle Sixtine avant une série de rendez-vous lors desquels ses paroles et ses gestes seront scrutés.
À 11H00 (09H00 GMT), ce pasteur augustinien féru d'histoire chrétienne et de mathématiques célébrera une messe privée avec les cardinaux, retransmise par les médias du Vatican. Il prononcera alors sa première homélie en tant que pape, très attendue.
Lors de sa première apparition jeudi soir devant une foule en liesse place Saint-Pierre, Léon XIV s’est adressé aux plus de 1,4 milliard de catholiques : « Que la paix soit avec vous tous ! », dans un italien teinté d’accent américain. Il a aussi déclaré : « Merci au pape François », décédé le 21 avril à 88 ans, visiblement très ému.
Fidèles et touristes ont salué avec un tonnerre d’applaudissements son apparition sur le balcon de la basilique tandis que les cloches sonnaient à toute volée, un peu plus d’une heure après l’apparition de la fumée blanche.
« Il est doux et déterminé », a affirmé vendredi à l’AFP le cardinal français François-Xavier Bustillo. « Le pape Léon XIV va apporter son génie propre à l’Église, c’est quelque chose de très positif », a-t-il estimé.
Les réactions internationales se sont multipliées dès l’annonce de son élection.
Donald Trump a félicité le nouveau pape, parlant d’un « grand honneur » pour les États-Unis, tandis que le président français Emmanuel Macron a plaidé pour un nouveau pontificat « porteur de paix et d’espérance ».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit espérer que le Vatican continuera à soutenir « moralement et spirituellement » Kiev, et Vladimir Poutine s’est dit certain qu’« une coopération constructive » se poursuivra entre la Russie et le Vatican.
Héritage de François
Son élection a suscité la fierté de nombreux fidèles au Pérou, où Robert Francis Prevost a passé des années. « Il a montré sa proximité, sa simplicité avec les gens », a affirmé à l’AFP Luis Alberto Barrera, l’évêque d’El Callao.
« J’espère juste qu’il va porter l’héritage de François », a affirmé à Houston Azul Montemayor, 29 ans, en espérant « qu’il ne se laissera pas entraîner par une idéologie plus conservatrice comme on en a en ce moment aux États-Unis avec le président Trump ».
Avant d’être élu pape, Robert Francis Prevost a été très actif sur les réseaux sociaux, n’hésitant pas à affirmer sur Twitter que « JD Vance a tort » car « Jésus ne nous demande pas de hiérarchiser notre amour pour les autres ».
Dans les prochains jours, Léon XIV honorera une série de rendez-vous, dont la prière du Regina Coeli dimanche à 12H00 (10H00 GMT), et rencontrera lundi matin les journalistes au Vatican.
Ses premiers faits et gestes seront observés de près : décidera-t-il de vivre à la résidence Sainte-Marthe, comme François, ou reviendra-t-il dans les appartements pontificaux ? Quelles seront ses premières décisions ?
Le natif de Chicago devra rapidement affronter des défis considérables pour une Église en perte de vitesse en Europe : finances, lutte contre la pédocriminalité, baisse des vocations…
Il devra aussi ressouder les différents courants de l’institution, entre une Europe sécularisée et des « périphéries » en croissance.
Il devra aussi apaiser une Église parfois bousculée par le pontificat de François (2013-2025), ponctué de réformes qui ont fait l’objet de vives critiques internes. Sa connaissance parfaite de la Curie romaine (administration du Saint-Siège) devrait l’aider dans cette tâche.
Élu par les cardinaux au deuxième jour de leur conclave, le 267ᵉ pape de l’Église catholique est le quatrième non Italien de suite après le Polonais Jean-Paul II (1978-2005), l’Allemand Benoît XVI (2005-2013) et l’Argentin François.
« Manifeste social »
Léon XIV porte « dans son nom un manifeste social » venu de Léon XIII, soulignait vendredi le quotidien Il Messaggero, tandis que La Stampa décrivait un « pape des deux mondes », né au Nord mais enraciné au Sud.
Robert Francis Prevost, homme d’écoute et de synthèse, classé parmi les cardinaux modérés, était considéré comme l’un des candidats crédibles pour succéder au pape François, qui l’avait placé à la tête du puissant ministère chargé des nominations d’évêques.
Les cardinaux ont opté pour la continuité, même si cet Américain, créé cardinal en 2023 par François, qui a porté son ascension au Vatican, devrait mettre davantage les formes que son prédécesseur.
« C’est à la fois une opposition au gouvernement américain et la prise en considération des critères géopolitiques », a affirmé à l’AFP François Mabille, directeur de l’Observatoire géopolitique du religieux.
« Et c’est également, à la fois par le choix de son nom Léon XIV et par son origine missionnaire, un lien qui est fait avec l’Amérique latine où il vivait », a-t-il ajouté.
Clément Melki et Claire Gallen, AFP
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