Secteur bancaire: la BDL reprend la barre
©Ici Beyrouth

«La BDL a une grande responsabilité dans la restauration de la confiance dans le système bancaire.»

Ce sont les mots du président de la République en visite ce mercredi au siège de la banque centrale. 

Il est loin le temps où un autre président Aoun tirait à boulets rouges sur l’institution, aggravant la crise dans laquelle le pays a été plongé. 

La visite de Joseph Aoun est un message de confiance dans le rôle pivot de la BDL et un appui à son gouverneur, Karim Souhaid, qui semble vouloir prendre la main et non assister en spectateur au moment historique où se joue l’avenir du système financier libanais. À l’heure où le Parlement doit légiférer sur une loi-cadre sur la restructuration bancaire et la loi sur la répartition des dettes, le nouveau gouverneur entend bien jouer son rôle de décideur qui sait de quoi il parle. 

Mardi, il a été entendu par la commission des Finances du Parlement. Le gouverneur est arrivé avec un document de 33 pages. Son message: ne touchez pas à l’indépendance de la BDL et de ses divers organismes internes. 

Pourquoi? Parce que, si par exemple, le nouveau gouverneur avait été dans la boucle, la loi sur le secret bancaire aurait certainement été mieux ficelée et pas constellée de failles et de dangers. Une loi rétroactive sur dix ans, véritable bombe juridique, qui ouvre la voie à des règlements de compte politiques, à une chasse aux sorcières ciblée, à une fuite des capitaux accélérée... et probablement à une première mondiale dans la criminalisation rétroactive de pratiques jusqu’ici tolérées. 

Depuis sa nomination inédite à la suite d’un vote en Conseil des ministres, le nouveau gouverneur sait que les vents contraires sont nombreux, mais il a décidé de reprendre la barre. 

Le soutien du chef de l’État arrive à point nommé et n’est certainement pas dû au hasard. 

Ceux qui manœuvrent pour affaiblir la BDL vont devoir revoir leurs calculs. Souhaid, lui, pose des questions, propose des solutions. Il demande des comptes. C’est précisément ce que certains pourraient tenter de faire passer pour de l’insubordination.

Dans un paysage institutionnel aussi sinistré, il incarne une rare tentative de cohérence, de responsabilité, de fermeté. Cela suffit à justifier le soutien présidentiel – ou à tout le moins, qu’on lui fiche la paix.

Qu’on le laisse travailler. Et qu’on surveille plutôt ceux qui tremblent à l’idée qu’il réussisse.

 

 

Commentaires
  • Melhem:
    2025-05-08 09:18:49 - Un lecteur

    La visite du président a eu lieu aujourd'hui jeudi, et la réunion avec la commission des finances a eu lieu mercredi.