
Au Liban, l’électricité rime souvent avec… le vrombissement des générateurs! Et c’est dans ce contexte épuisant que les ministres des Finances, Yassine Jaber, et de l’Énergie, Joe Saddi, se sont rendus à Bagdad ce lundi 5 mai 2025. Objectif? Réparer les pots cassés du contrat signé avec l'Irak pour l’approvisionnement en fuel, un partenariat vital pour les centrales électriques libanaises, mais aujourd’hui sérieusement en panne.
Il semblerait que le partenariat relatif au fuel avec l’Irak soit sous tension, voire sous haute tension. Depuis juillet 2021, l’Irak est le principal fournisseur de fuel du Liban, grâce à un contrat de 700 millions de dollars, renouvelé en 2023, portant le total à 1,4 milliard de dollars. En contrepartie, le Liban s’était engagé à livrer des produits et des services libanais, notamment dans les domaines médicaux et agricoles. En effet, en échange de ce carburant vital pour faire fonctionner les centrales électriques libanaises, le Liban devait fournir des produits et des services (médicaux, agricoles, etc.). Mais voilà: le Liban a brûlé tout le fuel, sans honorer la majeure partie de sa dette. En 2024, seules des compensations en nature estimées à 118 millions de dollars avaient été livrées, sur près de 2 milliards dus. L’Irak, jusqu’ici patient, commence à perdre la lumière et la patience.
Une visite sous tension… électrique, mais pas que
À son départ de l’Aéroport international de Beyrouth, M. Jaber a indiqué qu’«en plus de remercier l’Irak pour son soutien au Liban pendant la guerre, l’approvisionnement en fuel et récemment en blé, nous allons discuter de sujets essentiels comme l’électricité, les télécommunications, le projet de fibre optique qui relierait l’Irak au Liban et à l’Europe, ainsi que le pipeline pétrolier et, bien sûr, la gestion des montants dus.»
Une déclaration qui montre bien que le partenariat va au-delà du fuel: il s'agit désormais d'un véritable axe stratégique énergétique et numérique, potentiellement salvateur pour un Liban en panne chronique de ressources.
Le Liban au bord de la panne sèche
Rappelons que 90% des Libanais dépendent des générateurs pour avoir de l’électricité. Et selon les dernières données, le Liban affiche en 2025 le tarif d’électricité commerciale le plus cher du monde arabe: 0,247 dollar par kWh, bien loin devant les autres pays arabes.
Dans ce contexte, l’Irak est littéralement la bouée de sauvetage énergétique du pays. Toute coupure de cet approvisionnement entraînerait un black-out généralisé – une réalité que le gouvernement tente désespérément d’éviter.
Un accord ou un court-circuit diplomatique?
Sur place, les ministres libanais doivent rencontrer plusieurs hauts responsables irakiens. Le but? Trouver un terrain d’entente pour continuer l’approvisionnement, malgré les impayés.
Le Liban propose toujours un mécanisme d’échange de biens et de services, via un fonds partiellement financé par Électricité du Liban (EDL). Mais face à l’accumulation des dettes, cette solution apparaît bien fragile.
Sans issue rapide, c’est tout le système énergétique libanais qui vacillera, avec des coupures encore plus accrues et une population à bout. Les ministres, eux, jouent les électriciens diplomatiques: rallumer la confiance pour éviter que le Liban ne s’éteigne.
Si l’Irak dit «stop», le Liban risque de dire… «au revoir à l’électricité». En attendant, les Libanais vivent au rythme des générateurs, espérant que les câbles de la diplomatie ne soient pas, eux aussi, débranchés.
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