L'Unesco décerne le prix de la liberté de la presse à «La Prensa»
Une édition de «La Prensa» datée du 18 janvier 2019, avec une couverture laissée blanche en signe de protestation contre le refus de la Direction générale des douanes (DGA) de remettre le papier et l’encre importés par le groupe Editorial La Prensa, à Managua. ©Inti OCON / AFP

Le prix mondial de la liberté de la presse de l’Unesco a été attribué au quotidien nicaraguayen La Prensa, en exil depuis 2021. Cette distinction récompense son engagement à informer malgré la répression implacable du régime Ortega.

Le prix mondial de la liberté de la presse de l'Unesco a été décerné samedi à La Prensa, un quotidien historique du Nicaragua dont la rédaction a été contrainte à l'exil par la féroce répression du gouvernement.

Doyen des journaux nicaraguayens, La Prensa, qui avait joué un rôle important dans la lutte contre la dictature d'Anastasio Somoza, a dénoncé la mainmise sur le pouvoir du président Daniel Ortega, qui dirige ce pays d'Amérique centrale depuis 2007, et de son épouse Rosario Murillo, vice-présidente depuis 2017 et devenue «coprésidente» en février.

Face aux attaques répétées des autorités, ce quotidien fondé en 1926 a dû cesser sa publication papier en 2021. Ses employés ont fui le Nicaragua et il est désormais diffusé en ligne depuis l'étranger.

Son gérant Juan Lorenzo Holmann a été arrêté en 2021, condamné à neuf ans de prison pour blanchiment de fonds, avant d'être relâché et expulsé vers les États-Unis, avec 221 autres dissidents, en février 2023.

Le siège du journal dans la capitale Managua a été transformé en «centre culturel» par les autorités.

«C'est un grand honneur pour La Prensa de recevoir ce prix (...) et nous le recevons avec une profonde gratitude en ces temps difficiles que nous traversons», a réagi Juan Lorenzo Holmann, joint par l'AFP.

«Au Nicaragua, il n'y a pas de journalisme indépendant, la dictature le criminalise. L'exercice du journalisme n'est pas une vocation, ce n'est pas une profession, c'est devenu un sacerdoce», a-t-il ajouté, affirmant que «ce prix n'est pas seulement pour La Prensa mais pour le Nicaragua et pour tous les journalistes indépendants qui continuent à faire des reportages depuis l'étranger».

«La Prensa a fait des efforts courageux pour rapporter la vérité au peuple du Nicaragua», a salué le président du jury ayant décerné ce prix, Yasuomi Sawa: «Contraint à l'exil, ce journal entretient courageusement la flamme de la liberté de la presse».

Le Nicaragua est classé 172e (sur 180) dans le classement sur la liberté de la presse publié vendredi par Reporters Sans Frontières (RSF), qui estime que «la presse indépendante continue de vivre un véritable cauchemar» dans ce pays.

Le prix mondial de la liberté de la presse Unesco/Guillermo Cano – du nom d'un journaliste colombien assassiné en 1986 – sera officiellement remis au cours d'une cérémonie le 7 mai à Bruxelles.

Il récompense chaque année «une personne, une organisation ou une institution ayant apporté une contribution exceptionnelle à la défense ou à la promotion de la liberté de la presse, où que ce soit dans le monde, en particulier lorsque cette contribution a été obtenue au mépris du danger avec bravoure», explique l'Unesco.

Avec AFP

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