
À Rio, plus d’un million de fans se préparent à assister au concert gratuit de Lady Gaga sur la plage de Copacabana. L’événement, très attendu depuis des années, promet un impact culturel et économique exceptionnel.
Derrière ses larges lunettes noires cloutées, Victor Faro a les yeux rivés sur les fenêtres de l'hôtel où loge Lady Gaga à Rio de Janeiro: il espère apercevoir son idole qui donnera samedi un méga-concert gratuit sur la plage de Copacabana.
Cornes de bouc en plastique sur la tête, moustache aux pointes relevées à la Dali, ce Brésilien de 30 ans a déployé sa panoplie de «little monster» (petit monstre), surnom affectueux donné aux fans de la popstar américaine de 39 ans, massés par dizaines devant la façade immaculée du Copacabana Palace, luxueux hôtel en face de l’imposante scène installée sur la plage iconique.
Venu de Vitoria, dans l’État voisin d’Espirito Santo, Victor Faro a l’intention d’arriver samedi sur la plage «très tôt, dès 6 heures du matin, pour être le plus près possible de la scène et profiter à fond».
À quelques mètres de lui, Cinthia Rodrigues, 28 ans, créatrice de contenu sur internet, joue les sosies de Lady Gaga, coiffée d’une perruque blond platine et d’un bandana.
«Je la considère comme ma mère, je ne m’identifie pas seulement à son look, mais aussi à sa personnalité», raconte-t-elle à l’AFP. Elle est persuadée que la chanteuse, qui se fait aussi appeler «Mother Monster» (Mère monstre), donnera «un concert historique».
«Tout le monde est à Rio»
La mairie de Rio, ville habituée à recevoir des foules lors de son célèbre carnaval, table sur un public d’1,6 million de personnes.
Elle espère des retombées économiques de 600 millions de réais (environ 93 millions d’euros), soit 27,5 % de plus que pour le concert de Madonna au même endroit il y a un an.
«Le fait d’ajouter au calendrier de la ville un concert d’une star internationale par an sur la plage de Copacabana permet de stimuler l’activité économique dans une période qui était considérée auparavant comme la basse saison touristique», explique Osmar Lima, secrétaire municipal au développement économique, cité dans un communiqué.
«Ça rapporte de l’argent en attirant des touristes et ça donne de la joie au quartier», dit Analice Regina Moreira, habitante de Copacabana de 73 ans.
Rio vit une semaine mouvementée avec, en plus du concert, le Web Summit, conférence très courue sur l’économie numérique, et une réunion des ministres des Affaires étrangères des Brics, groupe des pays émergents, qui s’est tenue lundi et mardi.
«Tout le monde est à Rio! Il y a tellement de monde que les gens confondent (Sergueï) Lavrov et Lady Gaga», s’est amusé le maire Eduardo Paes, partageant sur les réseaux sociaux la vidéo d’un internaute croyant voir arriver l’excentrique chanteuse lors du passage du convoi ultra-sécurisé du chef de la diplomatie russe.
Rendez-vous manqué
En attendant le concert de l’interprète de Born This Way, certains commerçants se frottent les mains.
Dans un quartier commerçant populaire du centre-ville, les fans de Lady Gaga n’hésitent pas à faire une heure de queue pour entrer dans la boutique Lix, qui propose t-shirts, casquettes et autres accessoires à l’effigie de la popstar adulée notamment au sein de la communauté LGBT.
L’article le plus recherché: un débardeur aux motifs inspirés de la robe confectionnée en viande crue que la chanteuse avait portée lors des MTV Video Music Awards en 2010, vendu 95 réais (environ 15 euros).
«On s’attendait déjà à recevoir du monde, mais là, ça dépasse tout ce qu’on avait imaginé. On a même dû employer un agent de sécurité pour filtrer les entrées», se félicite le gérant Paulo Moreira Monteiro. Il s’attend à voir son chiffre d’affaires bondir de 70 % par rapport à une semaine normale.
«On veut tous acheter ces produits pour arriver au top pour le concert», dit Thais Santos, 26 ans, venue spécialement de Para de Minas, dans l’État de Minas Gerais (sud-est).
En 2017, elle avait connu une cruelle désillusion: le concert de Lady Gaga prévu au festival Rock in Rio avait été annulé à la dernière minute en raison de problèmes de santé de la chanteuse, qui n’avait fait qu’une seule tournée au Brésil auparavant, en 2012.
«Je l’attendais avec d’autres fans devant l’hôtel où elle aurait dû être hébergée quand nous avons appris la nouvelle», se souvient Thais Santos, qui pourra enfin voir son idole en chair et en os samedi.
Par Louis GENOT / AFP
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