Oasis fait son grand retour, entre nostalgie et nouvelle génération
De gauche à droite: Gem Archer, Noel Gallagher, Andy Bell et Liam Gallagher, membres du groupe de rock britannique Oasis, posent lors d’un photocall à Hong Kong le 25 février 2006. ©Mike CLARKE / AFP

Le groupe mythique de Britpop entame une tournée mondiale après 15 ans de séparation, ravivant souvenirs et passions. Entre quadragénaires émus et adolescents en adoration, le phénomène Oasis touche toutes les générations.

Quadragénaires excités de revoir un groupe culte de leur adolescence et jeunes ravis à l'idée de découvrir les Gallagher sur scène: les fans d'Oasis trépignent d'impatience avant la tournée de retrouvailles qui débute vendredi à Cardiff, au Pays de Galles.
Pour les fans de la première heure, qui ont connu l'âge d'or du groupe phare de la Britpop dans les années 1990, cet événement est une véritable machine à remonter le temps.
Sam Inglis, 47 ans, éditeur à Norwich (est de l'Angleterre), a déjà vu au moins quatre fois en concert Oasis, avant la séparation tonitruante au festival Rock en Seine à Paris en 2009.
Une énième altercation entre les frères Liam et Noel Gallagher avait scellé la fin du groupe.
Pour leur grand retour, Sam a obtenu des places à Manchester et Los Angeles. «J'ai déjà vu le meilleur, donc là, c'est du bonus», se réjouit-il auprès de l'AFP.
À 25 ans, Matt, ingénieur en logiciel originaire de Leeds, a lui grandi en écoutant son père évoquer les concerts légendaires des Mancuniens.
L'idée de les voir un jour sur scène relevait du «fantasme lointain», confie-t-il. Un rêve bientôt réalisé : il assistera au concert du 11 juillet à Manchester, la ville natale des Gallagher.

«À fond»

«Non seulement ils seront à fond d'être de retour à Manchester, mais leurs fans et les habitants seront surexcités de les retrouver aussi», jubile-t-il d'avance.
Oasis, auteur de titres cultes comme Wonderwall, Don't Look Back In Anger ou Champagne Supernova, entame sa tournée mondiale ce vendredi avec 17 dates britanniques qui ont affiché complet en quelques heures.
Plus de 900 000 billets ont été écoulés, non sans polémique du fait du recours à la tarification dynamique appliquée sur la plateforme Ticketmaster.
Le groupe partira ensuite aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Amérique du Sud.
Lauren DeBruin, Londonienne de 23 ans, n'a pas réussi à mettre la main sur des places.
«C'est la musique que ma mère écoutait ado», raconte-t-elle. «J'ai tellement de souvenirs liés à Oasis, même si je ne les ai jamais vus en live», regrette-t-elle.
En 2020, Wonderwall est devenu le premier titre des années 90 à atteindre un milliard d'écoutes sur Spotify.
Sam Inglis s'attend toutefois à ce que certains jeunes fans soient surpris. «À l'époque, (les concerts) étaient souvent très agités». Et «je pense que beaucoup d'hommes de ma génération vont être en pleine régression», prévient-il.
Car Oasis reste aussi un symbole de la culture lad («mec»), celle de jeunes hommes amateurs d'alcool et de blagues sexistes.
Au faîte de leur succès, leurs concerts pouvaient être le théâtre de bagarres, aussi bien dans la salle que sur scène entre les deux frères aux relations ombrageuses.
Paradoxalement, parmi la jeune garde d'amateurs d'Oasis, se trouvent de nombreuses adolescentes.
«Sur internet, ce sont surtout des filles», constate Liz Marina Numbela Nascimento, 16 ans, habitante de Rio. «Je ne sais pas pourquoi on aime autant... Peut-être que c'est simplement le phénomène classique d'avoir un crush pour une célébrité», dit-elle.
Liz assistera au concert de São Paulo en novembre avec des amies rencontrées en ligne. «On va enfin vivre ce dont on entend parler depuis des années», se réjouit-elle.

«Pour tout le monde»

Des chansons efficaces et entraînantes, la nostalgie pour une époque plus optimiste, la success-story d'un groupe issu de la classe populaire du nord de l'Angleterre : le cocktail Oasis continue de séduire.
Certains jeunes fans ont vu Liam ou Noel en solo, mais pour Matt, ce n'est pas la même chose. «Il manque toujours l'autre moitié», dit-il.
Cette ruée de nouveaux adeptes sur la tournée n'a pas ravi tout le monde.
«Attendre 15 ans pour qu'Oasis se reforme et perdre ses places au profit de Chloé, 21 ans, juste là pour entendre Wonderwall, c'est dur», râlait récemment un internaute sur X, résumant le dépit de nombreux fans de la première heure.
À ces grincheux, Liz Nascimento répond «franchement, il faut grandir».
Liam Gallagher lui-même s'en est mêlé: «c'est pour tout le monde, jeunes et vieux», a-t-il lancé sur X.
Pour Sam Inglis, ce choc des générations est «ridicule». En revanche, contrairement sans doute aux fans plus jeunes, lui ne sortira pas son smartphone durant le concert. «Certainement pas», balaye-t-il, choqué.

Par Akshata KAPOOR / AFP

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