
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a encouragé mercredi le Pakistan à condamner l’attaque au Cachemire et à coopérer à l’enquête, tout en appelant Islamabad et New Delhi à la retenue.
Dans un appel téléphonique avec le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif, il a «parlé de la nécessité de condamner l’attaque terroriste du 22 avril à Pahalgam», au Cachemire sous contrôle indien, a déclaré la porte-parole du département d’État, Tammy Bruce, dans un communiqué.
Il a aussi «exhorté les autorités pakistanaises à coopérer à l’enquête sur cette attaque abominable» selon la même source.
New Delhi a aussitôt accusé Islamabad de cet attentat qui n’a pas été revendiqué.
Lors d’un appel téléphonique distinct avec le chef de la diplomatie indienne, Subrahmanyam Jaishankar, M. Rubio a exprimé sa solidarité tout en encourageant à la retenue, l’Inde accusant le Pakistan d’avoir soutenu l’attentat et appelant à des représailles.
Le secrétaire d’État a «également encouragé l’Inde à travailler avec le Pakistan pour désamorcer les tensions et maintenir la paix et la sécurité en Asie du Sud» selon Mme Bruce.
M. Jaishankar a exigé jeudi dans un communiqué que ceux qui ont «perpétré, soutenu et planifié» l’attaque au Cachemire soient «traduits en justice».
Le Pakistan a dit mercredi anticiper une frappe militaire indienne sous moins de deux jours, après le feu vert donné par le Premier ministre indien Narendra Modi pour des représailles à l’attaque au Cachemire.
Nouveaux échanges de tirs malgré l'appel américain
L'Inde et le Pakistan ont de nouveau échangé des tirs jeudi au Cachemire, territoire disputé sous tension depuis une attaque meurtrière, malgré l’appel des États-Unis à la désescalade.
Après une salve de sanctions diplomatiques, des accords rompus et des visas annulés, les deux pays ont commencé à échanger de brefs tirs nocturnes sur la Ligne de contrôle (LoC), la frontière de facto au Cachemire.
Pour la septième nuit consécutive, leurs soldats, parfois à quelques dizaines de mètres de distance à certains endroits de cette ligne théoriquement de cessez-le-feu de 770 km de long, ont ouvert le feu, selon l'armée indienne.
«Notre quotidien devient difficile, c'est de plus en plus dur d'acheter de la nourriture parce que les routes sont bloquées, et tous les commerces sont touchés», dit à l'AFP Mohammed Chabbir, ouvrier à Muzaffarabad, la grande ville du Cachemire pakistanais.
Islamabad a de son côté annoncé avoir abattu deux petits drones de surveillance indiens entrés dans son espace aérien au Cachemire en l'espace de 24 heures.
Signe des tensions croissantes, l'Inde a annoncé mercredi soir fermer son espace aérien aux avions pakistanais, répondant à une décision similaire du Pakistan le 24 avril.
Mardi pourtant, les deux armées avaient eu leur entretien téléphonique hebdomadaire de «routine», dont le contenu est habituellement tenu secret, selon les forces pakistanaises et une source militaire indienne.
«Rester unis»
Si ces tensions n'ont, à ce stade, fait ni victimes ni dégâts d'importance, le Pakistan dit disposer de «renseignements crédibles» sur une frappe indienne prochaine et promet «une riposte décisive».
«On a déjà vu leurs armes mais à chaque fois nous sommes restés unis et cela ne changera pas», a assuré à l'AFP Hassan Haideri, un commerçant de Muzaffarabad.
Selon une source gouvernementale indienne, le chef du gouvernement ultranationaliste hindou Narendra Modi a donné la «liberté» à ses chefs d'état-major «de décider des cibles, du moment et du mode de la riposte».
Au Cachemire pakistanais, qui compte plus de 6.000 écoles, les autorités locales ont lancé il y a quelques jours les formations aux premiers secours dans les écoles.
«On a appris à aider les autres en cas d'urgence. Avec l'Inde qui nous menace, c'est possible qu'il y ait la guerre, donc il va falloir qu'on se soutienne tous», explique à l'AFP Konain Bibi, une collégienne de 13 ans, casque de protection sur la tête et gilet fluorescent sur le dos, à Muzaffarabad.
Iftikhar Ahmed Mir, lui, fait partie du million et demi d'habitants des villages proches de la LoC et dit vivre dans «la peur permanente».
«On a peur quand nos enfants sont sur la route de l'école parce que cette zone a déjà été visée par l'armée indienne par le passé», rapporte ce commerçant de 44 ans à l'AFP.
Nombreuses arrestations
En 2019 déjà, après une attaque meurtrière contre ses soldats, l'Inde avait procédé à un raid aérien au Pakistan 12 jours plus tard et Islamabad avait riposté.
Le Pakistan avait capturé un pilote indien, avant de le rendre à son pays et les hostilités avaient rapidement cessé grâce à une médiation américaine.
Au Cachemire contrôlé par l'Inde, les forces de sécurité sont engagées dans une gigantesque traque pour retrouver les auteurs de l'attentat et leurs complices.
Dans cette région en majorité musulmane, elles multiplient arrestations et interrogatoires – 2.000 personnes ont été interpellées – et ont détruit neuf maisons liées aux suspects de l'attaque et à leurs complices.
La police indienne a diffusé le portrait-robot de trois d'entre eux, dont deux Pakistanais.
Elle les accuse de faire partie d'un groupe proche du LeT, le mouvement jihadiste Lashkar-e-Taiba basé au Pakistan, déjà soupçonné des attaques qui avaient fait 166 morts à Bombay en novembre 2008.
Par Zain Zaman JANJUA/AFP
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