Soutien aux réfugiés syriens: le Liban dit stop
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Face à une crise prolongée, le Liban hausse le ton. Depuis plus de quinze ans, le pays du Cèdre supporte les conséquences directes de la guerre en Syrie, accueillant plus de deux millions de réfugiés syriens – soit près de 40% de sa population. Selon la Banque mondiale, le coût annuel de cette présence dépasse les deux milliards de dollars.

Un afflux qui ne faiblit pas. Même après la chute du régime de Bachar el-Assad, le 8 décembre dernier, le phénomène migratoire s’est poursuivi. Près de 30.000 nouveaux Syriens auraient franchi illégalement la frontière nord du Liban depuis cette date, selon diverses sources.

Devant une délégation américaine récemment en visite à Beyrouth, le ministre des Finances, Yassine Jaber, a tenté d’illustrer la situation: «Imaginez que les États-Unis accueillent 120 millions de Mexicains – soit 40% de leur population. Pourriez-vous les assimiler? Voilà ce que le Liban vit depuis des années.»

Vers un encadrement des aides financières

Dans cette optique, le député Ibrahim Kanaan a déposé en février une proposition de loi visant à encadrer strictement l’aide financière accordée aux réfugiés syriens. Le texte interdit tout transfert de fonds à destination des réfugiés – qu’il s’agisse de virements bancaires, de portefeuilles électroniques ou de transferts via des ONG et le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR).

L’objectif déclaré est de pousser les Syriens à rentrer dans leur pays en réduisant les incitations économiques à rester au Liban. Pour les réfugiés considérés comme véritablement éligibles à une aide, les fonds leur seraient versés en Syrie.

Le contrôle de l’application de la loi reviendra à la Commission de contrôle des banques et à d’autres instances de la Banque du Liban, qui ne pourront se retrancher derrière le secret bancaire pour entraver les vérifications.

Une question existentielle pour le Liban

Selon Ibrahim Kanaan, cette proposition ne constitue ni une provocation ni un repli hostile, mais une première étape vers une régulation nécessaire d’un dossier devenu «existentiel» pour le pays.

Dans la pratique, les aides perçues par les réfugiés leur permettraient de vivre dignement au Liban, tout en exerçant souvent des activités non déclarées. Une situation qui, en principe, devrait les exclure du bénéfice de ces allocations.

Alors que les tensions sociales s’exacerbent et que l’économie reste exsangue, de plus en plus de voix au Liban plaident pour une révision complète de la politique d’accueil et d’assistance aux réfugiés.

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