Le Cachemire, au coeur de 78 ans de relations conflictuelles entre l'Inde et le Pakistan
Des soldats indiens montent la garde sous le regard de touristes (de dos) près d'une tour d'horloge à Srinagar, le 24 avril 2025. ©Tauseef MUSTAFA / AFP

L'Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires, s'accusent régulièrement de soutenir des rébellions pour déstabiliser leur voisin, en particulier au Cachemire, une région himalayenne à majorité musulmane partagée entre les deux pays.

Un attentat a causé mardi la mort de 26 civils mardi dans la ville de Pahalgam, dans la partie du Cachemire sous administration indienne, le plus meurtrier depuis plus de vingt ans.

New Delhi a attribué la responsabilité de cette attaque à Islamabad et adopté une série de représailles diplomatiques contre son voisin, qui a fermement nié toute implication.

Voici les événements marquants des relations conflictuelles entre les deux pays :

1947: partition sanglante
Dans la nuit du 14 au 15 août 1947, le vice-roi des Indes Lord Louis Mountbatten acte la fin de deux siècles de domination britannique sur le sous-continent indien.

L'ex-colonie est divisée en deux États : l'Inde (à majorité hindoue) et le Pakistan (à majorité musulmane), formé de deux territoires distincts. Le Bengale oriental est ainsi séparé géographiquement par l'Inde du Pakistan occidental.

La partition jette sur les routes près de 15 millions de personnes : musulmans vers le nouveau territoire pakistanais, hindous et sikhs prenant la direction inverse. Elle cause des émeutes et des massacres qui font un million de victimes.

Dès l'automne 1947 éclate la première guerre indo-pakistanaise pour le contrôle du Cachemire, rattaché à l'Inde.

En 1948, une résolution de l'ONU prévoit l'organisation d'un référendum d'autodétermination, resté lettre morte par le refus de New Delhi.

Un cessez-le-feu est proclamé sous l'égide des Nations unies le 1er janvier 1949 le long d'une « ligne de contrôle » de 770 km qui divise le territoire en deux parties : 37 % reviennent au Pakistan et forment l'Azad-Kashmir ; 63 % à l'Inde pour constituer l'État du Jammu-et-Cachemire.

Malgré cet accord, les deux États continuent à revendiquer la souveraineté de l'ensemble du Cachemire.

1965: nouvelles guerres
Entre août et septembre 1965, le conflit au Cachemire est ravivé avec l'intrusion dans la partie indienne d'un millier de partisans du Cachemire libre, soutenus par le Pakistan.

Cette seconde guerre indo-pakistanaise, qui fait des milliers de morts parmi les soldats des deux côtés, s'achève par une médiation soviétique.

Début 1971, le Pakistan envoie des troupes dans la partie orientale de son territoire pour y mater un mouvement séparatiste.

Le conflit s'achève neuf mois plus tard, après l'intervention de l'armée indienne et près de 3 millions de morts, par l'indépendance de ce qui devient le Bangladesh.

1989: insurrection séparatiste et islamiste
Fin 1989, des insurgés réclamant l'indépendance ou le rattachement du Cachemire indien au Pakistan engagent des combats contre l'armée de New Delhi.

Ciblées par les rebelles, les populations hindoues fuient vers d'autres régions de l'Inde.

Les affrontements se soldent par des dizaines de milliers de soldats, insurgés et civils au cours des décennies suivantes.

L'Inde accuse le Pakistan de financer et d'entraîner les insurgés.

1998-99: conflit de Kargil
En 1999, New Delhi accuse Islamabad d'avoir infiltré au Cachemire indien des combattants islamistes et des soldats pakistanais dans le but de s'emparer du glacier du Siachen, situé à plus de 5 000 m d'altitude.

Les combats acharnés le long de la ligne de démarcation, notamment dans la région de Kargil, font plus de mille morts.

Le 1er octobre 2001, un attentat devant l'Assemblée régionale du Cachemire indien à Srinagar fait 38 morts. L'Inde accuse le Pakistan.

Au bord d'un quatrième conflit au printemps 2002, les deux rivaux renouent en avril 2003 des relations diplomatiques et un cessez-le-feu est conclu, sans toutefois mettre un terme à la guérilla.

Attentats et tensions
En 2008, une série d'attentats jihadistes cause la mort de 166 personnes à Bombay. L'Inde accuse les services de renseignement pakistanais et interrompt le processus de paix engagé quatre ans auparavant.

Le dialogue reprend en 2011 mais est fragilisé par des incidents frontaliers. Le Premier ministre indien Narendra Modi effectue toutefois une visite surprise en décembre 2015 au Pakistan.

En 2019, l'Inde promet des représailles après la mort de 41 paramilitaires dans une attaque-suicide au Cachemire imputée à un groupe basé au Pakistan. Des frappes aériennes mutuelles mènent les deux pays au bord de la guerre.

Le gouvernement nationaliste hindou de New Delhi révoque début août la semi-autonomie constitutionnelle de la région, où des milliers d'opposants politiques sont arrêtés.

Un black-out total des communications est imposé pendant des mois et des troupes viennent renforcer le demi-million de membres des forces de sécurité qui y stationnent déjà.

Avec AFP

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