
Tensions géopolitiques, incertitudes économiques, marchés en alerte… Après le week-end de Pâques, les grandes places boursières mondiales ont été secouées par une vague de volatilité, entre corrections brutales et rebonds timides. Dans ce climat instable, les investisseurs se tournent massivement vers les valeurs refuges, propulsant l’or à un record historique. Un signal fort de la fébrilité ambiante sur les marchés financiers.
L’après-Pâques a ouvert sur une semaine agitée pour les marchés financiers. Les principales places boursières mondiales ont enregistré des pertes significatives, malgré quelques tentatives timides de rebond. Cette instabilité s’inscrit dans un climat alourdi par les tensions géopolitiques et les craintes persistantes concernant le ralentissement de la croissance mondiale. En parallèle, l’or a pris une trajectoire opposée, affirmant son statut de valeur refuge. Le métal précieux a franchi un nouveau sommet historique, dépassant les 3.500 dollars l’once, avec une envolée de plus de 2,3% en une seule séance. Cette ruée vers l’or reflète la nervosité des investisseurs, en quête de sécurité face à un environnement économique de plus en plus incertain.
Ce repli général des marchés s’inscrit dans une tendance amorcée depuis février. Selon Philippe Saab, analyste et spécialiste des marchés actions en Europe et aux États-Unis, «la correction actuelle était prévisible»: les valorisations des actions américaines intégraient jusqu’à récemment un excès d’optimisme, avec une prime de risque quasi nulle par rapport aux taux sans risque. «La machine était prête à se gripper au moindre choc», explique-t-il.
Le catalyseur? Une nouvelle montée des tensions commerciales, en particulier entre les États-Unis et la Chine, ravivée par des annonces protectionnistes venues de Washington et les attaques de Donald Trump contre la Réserve fédérale américaine (Fed). Pour Philippe Saab, ces frictions s'inscrivent dans une stratégie de négociation musclée de l’administration américaine: «Trump veut forcer ses partenaires à la table des négociations, dans l’objectif de réduire le déficit commercial et relocaliser l’investissement sur le sol américain».
Ce climat d’incertitude réveille un vieux spectre: celui de la stagflation, ce fameux cocktail redouté de hausse des prix et de ralentissement économique. Les investisseurs redoutent son impact sur les bénéfices des entreprises mondiales au premier trimestre, actuellement en cours de publication.
Opportunité ou repli stratégique?
Face à cette instabilité, la ruée vers l’or illustre une fois de plus le rôle de valeur refuge du métal jaune en période de turbulence. Mais faut-il pour autant fuir les marchés actions?
Pas forcément, répond Philippe Saab, qui prône une approche sélective et patiente. Il insiste sur la différence entre spéculation à court terme et investissement à long terme, et invite à adopter la posture d’un joueur de baseball «qui attend le bon moment pour frapper». L’idée? Miser sur des entreprises solides, opérant dans des secteurs quasi monopolistiques, avec des marges élevées et de fortes barrières à l’entrée.
Il recommande d’acheter par paliers, sur une période de 6 à 9 mois, après l’annonce des résultats trimestriels, afin de réduire les risques liés à la volatilité actuelle. Parmi les sociétés qu’il considère comme «exceptionnelles», il cite Visa, Mastercard, Ferrari, Taiwan Semiconductors, Diageo, Amazon ou encore les géants du luxe.
«Le bon moment pour acheter, c’est quand tout le monde panique», résume Philippe Saab. À ses yeux, les meilleures opportunités se présentent lorsque les valorisations reviennent à des niveaux historiquement bas, non pas en valeur absolue, mais en comparaison avec les profits ou les flux de trésorerie générés par ces entreprises.
Dans une perspective de long terme, il estime qu’il est possible d’obtenir des rendements annuels capitalisés entre 15 et 20%, transformant l’épargne en véritable levier de richesse.
Commentaires