
Un or synthétique existerait-il, différent de l’or naturel extrait des mines, à l’image du diamant de laboratoire? La question intrigue, la réponse est nuancée.
La Chine a mis au point un nouveau type d’or, baptisé «or pur dur» (Hard Pure Gold), qui pourrait bien bouleverser la joaillerie mondiale et renforcer le poids de Pékin dans le commerce de l’or. Avec une production nationale record de 380,2 tonnes à la fin de 2024, la Chine conserve sa première place mondiale dans ce secteur.
Qu’est-ce que l’«or pur dur» chinois?
Un joaillier de Beyrouth, qui a requis l’anonymat, explique que cet or n’a rien à voir avec l’«or chinois» des bijoux fantaisie. Ces derniers ne sont que des accessoires en métal recouverts d’une fine couche de quelques microns d’or, sans véritable titre (21 ou 24 carats). Les bijoux de ce type sont souvent creux et légers, donnant l’illusion de volume sans réelle augmentation de la teneur en or.
En revanche, l’«or pur dur» chinois est certifié à 99,9% de pureté, comme l’or 24 carats classique, mais il présente une résistance accrue aux rayures et à la déformation. Cette caractéristique le rend particulièrement adapté à la fabrication de bijoux fins et sophistiqués, conçus pour être portés au quotidien – un défi que l’or traditionnel, trop malléable, ne permettait pas de relever.
L’«or pur dur » chinois constitue une avancée majeure pour le secteur de la joaillerie. Grâce à cette innovation, il est désormais possible de produire des bijoux en or 24 carats plus variés : bagues et bracelets résistants, colliers finement ouvragés, et même des pièces tridimensionnelles (3D Hard Gold), à l’image de celles créées par la maison chinoise Chow Tai Fook, référence du luxe asiatique.
Cinq atouts de cet or
Les spécialistes reconnaissent à l’«or pur dur» chinois cinq avantages clés:
- Une pureté et une solidité exceptionnelles, alliant technologie avancée et savoir-faire traditionnel.
- La possibilité de fabriquer des bijoux 999 ou 999,9 sans aucun ajout métallique, contrairement aux 18 et 21 carats.
- La réalisation de designs précis et tridimensionnels, ouvrant la voie à des créations plus complexes.
- Une conservation durable de l’éclat et de la couleur, résistante aux agressions extérieures et aux facteurs environnementaux.
- un refuge sûr pour l’investissement, puisqu’il s’agit d’or pur de haute qualité.
Les experts recommandent aux acheteurs de vérifier le poinçon «AU999», de s’adresser à des points de vente réputés, de demander un certificat de pureté et d’éviter de modifier la taille après achat, car ce type d’or est difficile à souder.
Une valeur refuge durable
Contrairement au simple plaquage en or, l’«or pur dur» chinois conserve ses propriétés dans le temps. Il ne perd ni son éclat ni sa solidité, ce qui en fait une valeur refuge comparable à l’or traditionnel. Sa fabrication repose sur de véritables lingots d’or, traités par électroformage et coulées successives, faisant appel à des techniques de formage électrochimique nanométrique creux qui renforcent la solidité et la précision des pièces.
Ces procédés avancés produisent des bijoux plus légers, tout en préservant une teneur élevée en or – un atout qui séduit particulièrement la jeune génération. Le prix reste calculé en fonction du poids, et l’or pur dur est soumis aux mêmes règles de vente, d’achat et de fluctuation des prix que l’or traditionnel.
En deux mots comme en mille: l’«or pur dur» chinois n’est ni un substitut artificiel, ni un simple accessoire fantaisie. C’est un or hautement pur et résistant, adapté à la joaillerie fine, à l’usage quotidien et à l’investissement, et qui pourrait bien redéfinir le marché mondial de l’or.
La Chine, de son côté, déploie une stratégie claire: sécuriser l’approvisionnement en métaux rares et précieux. Elle est déjà le premier raffineur mondial d’or, et sa politique vise avant tout l’accumulation d’or réel plutôt que sa synthèse. Même si, un jour, elle parvenait à fabriquer de l’or artificiellement à grande échelle, cela exigerait une quantité d’énergie colossale, une infrastructure nucléaire extrêmement coûteuse, ainsi qu’un accord mondial sur la certification de cet or – faute de quoi il ne serait pas reconnu sur les marchés.
En d’autres termes, produire de l’or en laboratoire serait aussi difficile à rentabiliser qu’à légitimer.
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