
Le Hezbollah semble en proie à une certaine confusion quant à la question de son désarmement. D’un côté, des figures clés de cette formation, à l’instar de Wafic Safa, Mahmoud Qomati et Naïm Qassem, maintiennent une ligne dure en déclarant: «Nous ne laisserons personne nous désarmer.» De l’autre, le président de la République, Joseph Aoun, a fait part d’une éventuelle coopération du Hezbollah dans ce processus, en annonçant que 2025 sera l’année où l’État détiendra le monopole des armes.
Depuis la signature de l’accord de Taëf le 22 octobre 1989, l’ensemble des accords politiques successifs ont réaffirmé un principe fondamental: l’État libanais doit exercer pleinement son autorité sur l’ensemble de son territoire. Ce principe a été renforcé par la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée en 2006, qui appelle explicitement au désarmement de tous les groupes armés non étatiques.
Or, malgré ces engagements clairs, le Hezbollah – soutenu par plusieurs alliés politiques – n’a jamais respecté cette obligation. Le mouvement a conservé ses armes et continue d'imposer sa force militaire en dehors du cadre institutionnel de l'État, en contradiction directe avec l’esprit de l’accord de Taëf et les résolutions internationales.
Les camps et les armes palestiniennes
À l’occasion de la visite attendue au Liban du président palestinien Mahmoud Abbas, la question du contrôle des camps palestiniens par l’État ainsi que celle des armes détenues en dehors de ces camps devraient être parallèlement débattues. Selon plusieurs sources, l’Autorité palestinienne a définitivement renoncé à lutte armée au profit d’une approche exclusivement diplomatique. Ainsi, la présence d’armements palestiniens en dehors des camps devient de plus en plus difficile à justifier, d’autant que ces camps sont devenus des foyers d’insécurité et des bases arrière pour des activités terroristes.
Le refus persistant de remettre les armes
Malgré son refus de se désarmer sans garanties claires, le Hezbollah se dirait prêt à engager un dialogue direct avec Baabda, selon certaines sources ministérielles. Par ailleurs, des cercles proches des Forces libanaises ont vivement réagi aux propos de Mahmoud Qomati sur la nécessité de protéger les armes en rétorquant: «Que le Hezbollah commence par désarmer ses alliés avant de se soucier des armes de ses ennemis.» Ces échanges ne sont pas sans rappeler que le Hezbollah n’a jamais véritablement appliqué les accords du précédent gouvernement, lesquels prévoyaient pourtant clairement que le port et l’usage des armes devaient relever exclusivement de l’État.
L'escalade politique et les intérêts régionaux
Pour plusieurs analystes, l’escalade actuelle sert avant tout les intérêts du Hezbollah dans le cadre des négociations en cours entre les États-Unis et l’Iran. En effet, le groupe pro-iranien chercherait à reconquérir la rue chiite, dont le soutien s’est érodé ces derniers temps. Dans ce contexte, une issue pourrait émerger d’une accord entre le président de la République et le président de la Chambre, en vue de placer les dépôts d'armes sous le contrôle de l'armée libanaise. Cette initiative serait accompagnée d’une coordination avec Washington, en vue d’obtenir l’aval d’Israël pour un retrait progressif de ses troupes du Liban-Sud.
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