Trêve pascale ? Zelensky : “Nous ne croyons pas Moscou”
Des prisonniers ukrainiens récemment libérés s’enlacent après un échange de détenus, le 19 avril 2025, en un lieu tenu secret en Ukraine, dans le cadre de l’invasion russe. ©Tetiana DZHAFAROVA / AFP

     

Le président Volodymyr Zelensky a affirmé, samedi, que l’Ukraine respecterait le cessez-le-feu décrété quelques heures plus tôt par Vladimir Poutine à l’occasion de Pâques, tout en accusant la Russie de l’avoir déjà violé.

« Si la Russie est réellement prête à s’engager, l’Ukraine en fera autant – ses actions refléteront celles de la Russie », a écrit le président ukrainien sur X, ajoutant qu’il proposait « d’étendre le cessez-le-feu au-delà du 20 avril ».

Il a toutefois souligné dans la foulée que la Russie n’avait pas tenu parole et que « des assauts russes se poursuivaient dans plusieurs secteurs du front », précisant que « les tirs d’artillerie russes n’avaient pas diminué ».

Le gouverneur de la région de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, a rapporté samedi soir des attaques de drones russes, tandis que l’armée de l’air ukrainienne lançait des alertes aux raids aériens dans plusieurs régions de l’est.

« Nous n’avons aucune confiance dans les déclarations venues de Moscou », a insisté Volodymyr Zelensky. « Nous connaissons trop bien leur capacité à manipuler, et nous restons prêts. Les forces de défense ukrainiennes répondront à toute attaque. »

La Russie a par ailleurs revendiqué avoir presque totalement repris les territoires occupés depuis l'été 2024 par les forces ukrainiennes dans la région russe frontalière de Koursk. Une telle progression déplacerait à nouveau les combats en totalité sur le sol ukrainien.

« Guidée par des considérations humanitaires, la partie russe décrète une trêve de Pâques aujourd'hui, de 18 heures (15H00 GMT, ndlr) à minuit entre dimanche et lundi (21H00 GMT dimanche). Je donne l'ordre de cesser toutes les hostilités pendant cette période », a déclaré M. Poutine au cours d'une réunion avec des militaires retransmise à la télévision russe.

« Nous supposons que la partie ukrainienne suivra notre exemple », a-t-il ajouté, tout en ordonnant à ses forces de se tenir prêtes à une « réponse immédiate et complète » en cas de « violations de la trêve » ou de « toute action agressive » de la part des soldats de Kiev.

Selon le chef de l'État russe, la réponse ukrainienne « montrera la sincérité du régime de Kiev, sa volonté et sa capacité à respecter les accords, à participer au processus de pourparlers de paix visant à éliminer les causes profondes de la crise ukrainienne ».

Pâques, l'une des fêtes les plus importantes du calendrier chrétien qui commémore la résurrection du Christ, est célébrée cette année dimanche, à la même date par les catholiques et les orthodoxes.

Des tentatives passées

Des tentatives d'instaurer une trêve à l'occasion de Pâques en Ukraine ont déjà eu lieu à deux reprises depuis le début du conflit en février 2022.

En avril 2022, une première initiative en ce sens, prise par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, ne s'était pas matérialisée du fait du refus de la Russie, qui avait jugé qu'un cessez-le-feu donnerait l'occasion à l'armée ukrainienne de se regrouper et de se réarmer.

L'année suivante, en janvier 2023, le patriarche de l'Église orthodoxe russe Kirill avait exhorté les deux camps à interrompre les hostilités pour Pâques, et la Russie avait décrété un cessez-le-feu de 36 heures, mais celui-ci avait été qualifié de « piège » par l'Ukraine et les affrontements avaient continué.

Interrogés par l'AFP après l'annonce de Vladimir Poutine, des soldats ukrainiens ont affirmé ne pas faire confiance à la Russie pour respecter une trêve.

« Il est impossible de croire à un quelconque cessez-le-feu de la part de ces gens », lance Dmitri, un militaire de 40 ans qui profite d'une pause au soleil à Kramatorsk, dans l'est de l'Ukraine.

Son camarade Vadym est d'accord et ajoute que les personnes qui font confiance à Poutine « devraient repenser à tout ce qui se passe réellement et filtrer leurs informations ».

La Russie et l'Ukraine ont par ailleurs échangé samedi 246 prisonniers de guerre de chaque camp et 46 soldats blessés requérant des soins d'urgence. Ce type d'échange est l'un des derniers domaines de coopération entre les deux pays.

Impatience américaine

L'annonce de trêve samedi intervient alors que les efforts de l'administration de Donald Trump pour trouver une issue au conflit en Ukraine paraissent dans l'impasse ces derniers jours, ce qui a provoqué l'irritation du président américain.

M. Trump a menacé vendredi de se retirer des négociations sur l'Ukraine faute de progrès rapides dans les discussions séparées avec Kiev et avec Moscou que ses lieutenants ont depuis plusieurs semaines.

Le même jour, le Kremlin avait indiqué considérer comme ayant « expiré » le moratoire sur les frappes contre les sites énergétiques, annoncé en mars pour 30 jours, mais dont la mise en œuvre restait floue. La Russie et l'Ukraine s'accusaient de surcroît presque quotidiennement de le violer.

Avant l'annonce de cette trêve limitée aux sites énergétiques, Donald Trump avait initialement proposé un cessez-le-feu inconditionnel et complet, dont le principe avait été accepté par Kiev sous la pression de Washington, mais écarté par Vladimir Poutine.

Dans la région russe de Koursk, cible en août 2024 d'une offensive surprise des forces ukrainiennes, la Russie a revendiqué samedi avoir repris le village frontalier d'Olechnia.

Avec la reconquête de ce village frontalier, il n'en reste plus qu'un autre, celui de Gornal, encore sous contrôle ukrainien dans cette région.

« La majeure partie du territoire de la région où l'invasion a eu lieu a maintenant été libérée. Il s'agit de 1 260 kilomètres carrés, soit 99,5  % du territoire de la région », s'est félicité à la télévision le chef d'état-major de l'armée russe, Valeri Guerassimov.

Il a en outre assuré que les forces russes avaient repoussé les tentatives ukrainiennes de pénétrer dans la région voisine de Belgorod.

AFP

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