
L'expérience de nombreux pays avec les institutions financières internationales, et en particulier avec le Fonds monétaire international (FMI), montre que ces partenariats mènent souvent à des résultats inverses à ceux escomptés. Au lieu de sauver les économies en crise, les programmes de financement dits «réformateurs» ont souvent contribué à aggraver les problèmes structurels et financiers. Dans plusieurs cas, ces programmes n'ont été que des solutions temporaires, rapidement remplacées par d'autres similaires, piégeant les pays dans un cycle infernal de dettes et de conditions drastiques, sans véritable issue. Quant aux soi-disant réformes économiques, la réalité a prouvé qu'elles ont généralement conduit à l'aggravation des crises et causé des dégâts considérables aux structures sociales et économiques des pays concernés.
Voici quelques exemples marquants de l’échec des programmes du FMI dans divers pays:
Mexique:
Au début des années 1980, le Mexique a connu une crise aiguë due à la chute des prix mondiaux du pétrole. Il s’est alors tourné vers le FMI, qui a proposé ce qu’on a appelé le «plan Baker», et a accordé un prêt de 3,4 milliards de dollars. Mais le résultat fut désastreux: l’économie s’est fortement dégradée, les États-Unis ont pris le contrôle des finances publiques mexicaines par l’intermédiaire du FMI, près de 45 milliards de dollars ont fui vers les États-Unis, et le taux de pauvreté a explosé, entraînant une vague massive de migrations.
Argentine:
Depuis 2001, l’économie argentine souffre de crises chroniques: déficit budgétaire, récession, pauvreté croissante. L’inflation a dépassé 50%. Le FMI a été un partenaire constant de l’Argentine, sans produire de résultats tangibles. En 1999, le pays commence une politique de privatisation touchant le pétrole, les télécoms et l’énergie. En 2018, le président Mauricio Macri signe un accord avec le FMI pour un prêt de 57 milliards de dollars, dont 44 milliards ont été versés. Mais le pays se déclare rapidement en défaut de paiement. Avec l'application des conditions du FMI, l'économie s'effondre: la dette publique passe de 241 à 321 milliards de dollars (soit plus de 90% du PIB en 2019), la monnaie s'effondre, les capitaux fuient, la pauvreté grimpe à 35% et le gouvernement applique une austérité sévère.
Somalie:
En 1980, le FMI accorde un prêt de 150 millions de dollars à la Somalie pour soutenir son économie. Mais les recommandations du FMI entraînent un effondrement économique, la désintégration de l’État et une guerre civile prolongée. Plus de quarante ans plus tard, la Somalie reste plongée dans une extrême pauvreté et un chaos persistant, figurant parmi les pays les plus dangereux au monde.
Soudan:
En 1982, le Soudan reçoit un prêt de 260 millions de dollars dans le cadre d’un programme de réformes structurelles. Mais ces “réformes” échouent, et le pays reste contraint de rembourser des prêts assortis de taux d’intérêt élevés, ce qui empire encore sa situation financière.
Jordanie:
En août 2016, le FMI accorde à la Jordanie un prêt de 723 millions de dollars sur trois ans. Ce prêt s'ajoute à plusieurs autres depuis 2012, mais sans impact notable sur la réduction de la dette publique, malgré une austérité rigoureuse. En 2017, le FMI recommande d’élargir la base fiscale pour contenir la dette, ce qui déclenche de grandes protestations populaires en 2018 contre la hausse des prix et la baisse des dépenses publiques.
Égypte:
L’Égypte est un autre exemple frappant de l’échec des programmes du FMI à impulser une transformation économique. En novembre 2016, elle signe un accord de prêt de 12 milliards de dollars, alors qu’elle fait face à un déficit budgétaire, une baisse des réserves en devises, une dette élevée et une dévaluation de la livre. Le prêt est conditionné à la libéralisation du taux de change, la réduction des subventions, à la privatisation d’actifs publics et la hausse des impôts. Malgré ces mesures, le FMI refuse de débloquer la cinquième tranche du prêt avant la levée totale des subventions sur l’énergie. Résultat: une inflation record, une chute du pouvoir d’achat, et un déclin continu des indicateurs de développement. Paradoxalement, l’Égypte est aujourd’hui le deuxième plus grand emprunteur du FMI, plus de six ans après le début de ce «programme de réformes».
Tunisie:
Entre 1987 et 2001, la Tunisie signe neuf accords de prêts avec le FMI, sans que cela ne se traduise par une croissance économique notable. L’austérité aggrave la pauvreté et le chômage, et les services publics se détériorent. En 2013, un nouveau prêt de 1,74 milliard de dollars est accordé, assorti de conditions qui augmentent le coût de la vie, imposent de nouvelles taxes et réduisent les subventions, provoquant des manifestations. En 2016, la Tunisie demande un nouveau prêt de 2,8 milliards, mais ne reçoit que 320 millions avant que les paiements ne soient suspendus pour non-respect de conditions supplémentaires: suppression de milliers d’emplois, privatisation de banques publiques, hausse des impôts.
Pakistan:
Le FMI n’a pas réussi à redresser l’économie pakistanaise, malgré 23 programmes de financement. Le pays continue de réclamer des prêts sans résultats durables. Le 26 mars 2025, le FMI annonce un accord préliminaire pour deux nouveaux prêts d’un total de 2 milliards de dollars, dans le cadre du plan de sauvetage de 7 milliards conclu en 2023. Ce 24e accord depuis 1958 impose des conditions strictes: hausse des impôts, notamment sur les revenus, réduction des subventions à l’électricité, et politique monétaire rigide. Le Pakistan est l’un des trois pays les plus endettés auprès du FMI.
Haïti:
Haïti détient le triste record du plus grand nombre de programmes du FMI, avec environ 30. De nombreux experts considèrent cette série comme un long échec.
Le FMI, en tant qu’institution financière, impose des conditions en échange de ses prêts, ce qui peut être compréhensible sur le plan économique. Mais ce qui inquiète, c’est la soumission totale de certains pays à ces exigences, sans négociation sérieuse prenant en compte les intérêts de leurs populations. Beaucoup d’experts tirent la sonnette d’alarme: ces institutions contribuent à accabler les États de dettes.
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