Élections canadiennes: le Premier ministre à l'épreuve lors d'un débat en français
©ANDREJ IVANOV/AFP

Le Premier ministre canadien Mark Carney, favori des sondages, a réussi à éviter toute erreur majeure en répondant aux attaques de son adversaire conservateur, lors d'un débat en français mercredi qui a mis à l'épreuve ses compétences linguistiques.

Ce dernier, qui est un novice en politique, était attendu sur sa maîtrise du français mais aussi la défense de la province francophone de Québec, des questions importantes dans ce pays bilingue.

Pendant les deux heures de débat, qui seront suivies jeudi d'un second, en anglais, le nouveau chef des libéraux canadiens a été la cible principale des piques des trois autres leaders de parti.

Selon les experts, l'enjeu était pour lui avec son français parfois hésitant d'éviter tout faux-pas conséquent alors qu'il est largement en tête des sondages au Québec d'une campagne dominée par les tensions avec les États-Unis de Donald Trump.

Le retour à la Maison Blanche du républicain, qui a imposé des droits de douane au Canada dont il rêve de faire le 51e Etat américain, a rebattu les cartes de la politique nationale. Et cette crise avec le puissant voisin américain a notamment permis aux libéraux d'inverser totalement les sondages des derniers mois.

Mark Carney a dû à plusieurs reprises repousser les attaques du conservateur Pierre Poilievre qui cherchait à l'assimiler à Justin Trudeau, forcé à la démission en début d'année face à une impopularité monstre, après 10 ans au pouvoir.

"Je ne suis pas Justin Trudeau", "je viens d'arriver", a-t-il lancé cherchant à s'appuyer sur son premier bilan comme Premier ministre après un mois aux commandes.

"On a conclu un accord avec la France, avec le Royaume-Uni, avec l'Australie. On a préparé les négociations avec les États-Unis pour le prochain Premier ministre. Nous avons réduit les impôts et mis en place des programmes d'aide aux travailleurs", a-t-il détaillé.

Et la question aujourd'hui, "c'est de savoir qui va affronter M. Trump". Il a souvent répété que son expérience des crises comme banquier central - au Canada et en Angleterre - lui permettront d'affronter Donald Trump et ses menaces douanières.

D'après les enquêtes, c'est la question qui domine dans cette campagne législative: quelque 40% des électeurs de ce pays du G7 de 41 millions d'habitants n'ont pas encore fait leur choix.

De son côté, Pierre Poilievre, homme politique de carrière, a promis de se concentrer sur le Canada car "personne ne peut contrôler les décisions de Donald Trump". "Je vais ramener les emplois ici et contrôler nos intérêts", a-t-il expliqué.

Il a également promis de "couper dans la bureaucratie" et de procéder à de nombreuses baisses d'impôts pour des Canadiens qu'ils jugent exsangues à cause des politiques libérales qui ont fait flamber les prix.

Après avoir renversé la tendance ces dernières semaines, les Libéraux (centre) dominent les intentions de vote (44%) devant les conservateurs (droite) crédités de 38%. Derrière viennent le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche) avec 8%, puis le Bloc québécois, parti indépendantiste du Québec, à 6%.

Le débat a porté sur les sujets les plus sensibles de cette campagne que tous les observateurs qualifient d'exceptionnelle en raison de la "tempête Trump": droits de douane, menaces sur la souveraineté du pays, crise du logement, inflation et avenir énergétique.

Il a aussi permet à Jagmeet Singh (NPD) et Yves-François Blanchet (Bloc québécois) de présenter leur vision aux électeurs dont certains attendaient les échanges avec impatience.

"Contrairement à d'habitude, j'attends le débat pour me faire une idée, a confié à l'AFP Carole Potvin, Montréalaise de 70 ans. Je n'ai jamais voté libéral, mais aujourd'hui j'y pense. Les menaces de Donald Trump ont tout changé."

Même discours chez Alexandre Tittley. Pour cet ébéniste québécois de 50 ans, "on a une situation mondiale qui est dégueulasse à cause de Trump, et ce que l'on recherche avant tout, c'est un chef qui a la tête sur les épaules".

Les conservateurs peuvent espérer former un gouvernement en remportant les circonscriptions anglophones de l'Ouest et de l'Ontario, mais pour les libéraux, la victoire repose généralement sur une bonne performance au Québec.

Les trois derniers premiers ministres libéraux - Justin Trudeau, Paul Martin et Jean Chrétien - étaient tous élus dans la province francophone.

Avec AFP

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