Les Nouveaux Éditeurs bannissent IA et ingérences politiques
Les fondateurs de la maison d’édition Les Nouveaux Éditeurs, l’Américain-français Ronald Bluden (à gauche) et le Français Arnaud Nourry, posent lors d’une séance photo à Paris, le 3 avril 2025. ©Joel Saget / AFP

Le nouveau groupe Les Nouveaux Éditeurs affirme vouloir garantir l'indépendance éditoriale de ses maisons. Il refuse l’usage de l’intelligence artificielle et toute influence des actionnaires sur les contenus publiés.

Les Nouveaux Éditeurs, un groupe nouveau venu dans l’édition, veut formellement s’interdire deux choses: des ingérences de l’actionnaire au sein des maisons d’édition et les livres écrits grâce à l’intelligence artificielle.

Le fondateur et PDG Arnaud Nourry, évincé par Hachette Livre en 2021 après 18 ans à la tête du groupe dont le milliardaire Vincent Bolloré a ensuite pris le contrôle, dit à l’AFP qu’il a inscrit noir sur blanc ces exigences, garantes selon lui de la qualité des livres.

Vous parlez d’un groupe qui se veut "disruptif". De quelle manière va-t-il l’être?

Le projet est disruptif sur deux axes. Le premier est que j’offre à des éditeurs talentueux de 40, 50 ans, la possibilité de créer leur maison. Ils choisissent le nom, le graphisme, l’éditorial en toute indépendance. Je leur amène le financement et toute l’infrastructure, diffusion, distribution, fabrication, système, pour combiner le meilleur des deux mondes, indépendance et puissance.
Le deuxième axe, c’est qu’on a envie collectivement de réinventer la relation avec les auteurs. D’être plus proches, d’avoir une qualité de service, une réactivité meilleure et de répondre à certaines objections des auteurs, en particulier sur la durée des contrats. Chaque maison fera maximum 20 titres par an, probablement. Elle pourra vraiment s’en occuper.

Le monde de l’édition s’inquiète de plus en plus de tentatives d’exercer une influence culturelle ou politique grâce au livre, et de l’autocensure qui peut en découler. Comment y répondez-vous?

Je pense que la liberté d’éditer est aussi importante que la liberté de la presse. Je ne suis pas habitué à commenter ce que font les confrères. Si certains ont un agenda idéologique ou politique, d’autres purement financier, ou familial, je ne me positionne pas par rapport à tel ou tel. Je ne mène pas de bataille contre eux. Et j’ai là aussi été un peu disruptif.
Dans les statuts des maisons, le document qui régit la relation entre Les Nouveaux Éditeurs et un talent, ou un duo, qui vient créer une maison chez nous, il est écrit que nous nous interdisons d’exercer une influence quelconque sur le plan de l’édition. J’aurais pu ne pas l’écrire, parce qu’on me connaît : je ne vais pas m’inventer une âme de censeur. Mais je crée ce groupe pour un très long terme.

Du côté des auteurs, une crainte est d’être concurrencé par des livres générés par des machines. Est-ce que vous pensez à une garantie assurant que les vôtres sont bien écrits par des humains?

On est en train de finir un modèle de contrat qui réponde à cela. J’ai prévu d’y faire inscrire une déclaration de l’auteur disant qu’il n’a pas eu recours à l’intelligence artificielle.
Deuxième point: nous travaillons avec une entreprise indépendante que je connais bien et qui a l’idée d’une sorte de labellisation. Au fond, ce n’est pas si difficile que ça de déterminer si l’intelligence artificielle a laissé des traces de doigts. C’est plus compliqué de garantir que c’est complètement pur, mais on arrive déjà à éliminer pas mal de choses. Et on va le faire parce qu’il ne faut pas tromper le lecteur. Il finit toujours par s’en apercevoir. Mon sentiment est que dans l’intelligence artificielle, il y a beaucoup d’artificiel et peu d’intelligence.

Avec AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire