La visite du président libanais, Joseph Aoun, en France a été bousculée vendredi par les frappes israéliennes au Liban, poussant Emmanuel Macron à hausser le ton contre Israël et à prôner une plus forte “pression” de Donald Trump pour faire respecter la trêve.

En recevant à Paris son homologue pour son premier déplacement officiel en Occident depuis son élection en janvier, le président français entendait célébrer l'“amitié indéfectible” entre les deux pays.

“Le Liban est sur la bonne voie”, a-t-il dit devant la presse, lui qui s'était rendu à Beyrouth dès le 17 janvier pour féliciter Joseph Aoun, dont l'élection a mis fin à plus de deux ans de blocage politique.

Emmanuel Macron a confirmé vouloir accueillir à Paris une “conférence internationale sur le redressement du Liban”, “en fonction des réformes institutionnelles et économiques lancées par le gouvernement libanais”, et s’est félicité du programme de réformes de son homologue libanais.

Mais la visite s'est déroulée le jour où le fragile cessez-le-feu conclu sous l'égide des États-Unis et de la France entre Israël et le Liban a été ébranlé comme jamais depuis son entrée en vigueur le 27 novembre.

Alors que Joseph Aoun était reçu à l’Élysée, l’armée israélienne a mené un raid contre un bâtiment de la banlieue sud, “abritant un entrepôt de drones”, pour la première fois depuis quatre mois de trêve, après avoir frappé le sud du Liban en riposte à des tirs de roquettes vers son territoire.

À l'Élysée, aux côtés de son homologue français, Joseph Aoun a condamné “toute tentative détestable de ramener le Liban dans un tourbillon de violence”. Il en a appelé à Paris et Washington: “Si les États-Unis et la France ne sont pas capables de donner des garanties, qui le pourrait?”, s’est-il interrogé.

“Les indications réunies jusque-là sur le terrain montrent que le Hezbollah n'est pas responsable” des tirs de roquette, a aussi assuré le président libanais, tout en déclarant que l’armée menait une “enquête” sur leur origine.

Emmanuel Macron a aussi dit n'avoir aucune information “à ce stade” signalant “des frappes du Hezbollah”. “Il n'y avait pas d'activités qui justifiaient des frappes”, a-t-il insisté.

Il s'en est vivement pris à Israël, jugeant que ses frappes étaient “en violation du cessez-le-feu” de manière “unilatérale”, et donc “inacceptables”. Elles “trahissent une promesse donnée” et “font le jeu du Hezbollah”, a-t-il déploré. 

“Les tensions des deux côtés de la ligne bleue constituent un point de basculement. La France restera aux côtés du Liban pour préserver sa souveraineté, garantir sa sécurité de manière complète et mettre en œuvre le cessez-le-feu qui a été conclu avec Israël”, a encore dit Emmanuel Macron, avant d’ajouter: “Nous présenterons des propositions pratiques et réalistes en tenant compte des attentes du Liban et d'Israël. Nous avons suggéré que des forces de la Finul soient déployées dans les zones sensibles du Sud en coordination avec l’armée libanaise et sous la supervision du comité international de surveillance”.

Le président français a précisé qu'il allait s'entretenir au téléphone avec Donald Trump “dans les prochaines heures” et avec le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, d'ici à deux jours.

Du président américain, Emmanuel Macron a dit “attendre” qu'il exerce “une pression toute particulière”, semblant renvoyer la balle dans le camp de Washington.

Il a assuré que la France exercerait une “pression politique”, mais “lucide” sur Israël et a fait valoir que les Américains avaient plus de moyens de “pression que qui que ce soit parce que les Israéliens dépendent des États-Unis pour avoir les équipements militaires qui leur permettent de mener l'ensemble des opérations en cours”.

Il a estimé, se référant à Gaza, que Donald Trump avait “su montrer” que “lorsque les États-Unis faisaient pression sur Israël, des cessez-le-feu étaient possibles et pouvaient être respectés”.

Le chef de l'État français a aussi donné une dimension régionale à cette visite: lui et Joseph Aoun ont été rejoints en visioconférence par le président intérimaire syrien, Ahmad al-Chareh. La France a proposé de jouer un rôle de “facilitateur” pour apaiser les tensions à la frontière syro-libanaise.

Les trois hommes ont ensuite eu un entretien, également à l'Élysée, avec les dirigeants de Grèce et de Chypre sur la Méditerranée orientale, au cours duquel ils ont évoqué la question du retour chez eux des réfugiés syriens.

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