
Qui a donc lancé les missiles sur Israël samedi dernier? Le Hezbollah? Ses partisans “indépendants”? Des Palestiniens? Personne ne le sait. Une enquête est en cours, nous dit-on. Cependant, cet événement a mis le feu aux poudres et il est urgent de connaître l’identité de ceux qui veulent replonger le Liban dans la guerre. Mais le gouvernement semble serein. On se demande bien pourquoi alors que les Israéliens ont déclaré qu’ils tenaient pour responsable l’État libanais de ce qui se passe. Au prochain tir, les Israéliens peuvent très bien cibler Beyrouth. Dans ce cas, finie la timide reprise économique, sans parler de la saison estivale. Cela dans le meilleur des cas. Parce qu’Israël serait tenté de relancer des opérations de guerre bien plus larges, comme celles en cours à Gaza à la suite des atermoiements et des démonstrations de force irresponsables du Hamas. Les mêmes causes produisent les mêmes effets.
En ce qui concerne le Liban, on a l’impression que le gouvernement vit dans une sorte de déni. Pourtant l’équation est simple. Les Américains répètent en boucle que le Hezbollah doit être désarmé sur tout le territoire, que le Liban doit mener des discussions directes avec Israël sur la délimitation des frontières, sinon il n’y aura ni retrait définitif, ni sécurité, ni reconstruction. Voilà, c’est comme ça. Depuis que Donald Trump est au pouvoir, on a déjà eu des aperçus des conséquences de son courroux. En réponse, le gouvernement préfère biaiser. On botte en touche, on feint de ne pas comprendre, on arrondit les angles… mais l’époque des “libaniaiseries” est révolue. À force de faire l’autruche, on va finir par y perdre des plumes. Une dose de réalisme, voire de courage devrait être administrée en Conseil des ministres. Le Premier ministre promet la reconstruction. Mais avec quel argent? Les caisses de l’État sont vides. Il promet également de restituer l’argent des déposants. Même question, avec quel argent? Les pays potentiellement donateurs, notamment ceux du Golfe, ne débourseront pas un centime tant que le Hezbollah n’est pas désarmé et tant que les camps palestiniens resteront une sorte d’assemblée générale de mouvements armés islamistes. Pour rappel toujours utile, les habitants du nord d’Israël qui avaient quitté leurs villages dès le début de la “brillante” aventure des fronts de soutien ne sont toujours pas rentrés chez eux. C’est bien un indice que les choses ne sont pas encore réglées. La milice pro-iranienne serait partagée en deux camps.
Ceux qui voudraient un compromis et les jusqu’au-boutistes qui se battraient bien jusqu’au dernier Libanais. Aucun courant ne peut l’emporter tant qu’on n’a pas de visibilité sur le dossier du nucléaire iranien. Allons-nous vers un deal ou vers une action de guerre contre ses installations? La réponse ne devrait plus tarder. Les ayatollahs jouent leur survie et ne sont pas prêts à renoncer à leur arme préférée, la guerre chez les autres.
D’ici là, il faut juste espérer que le gouvernement libanais ne se contente pas de compter les moutons pour mieux endormir la population et qu’il prenne des mesures susceptibles de protéger le pays.
John Kennedy disait: “Si vous ne prenez pas votre propre destin en main, d’autres le feront pour vous.”
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