Massacres en Syrie: la commission d'enquête a recueilli des dizaines de témoignages
Des membres des forces de sécurité fidèles au gouvernement intérimaire syrien posent avec leurs armes à feu le long d'une plage rocheuse de la côte méditerranéenne de la ville de Lattaquié, dans l'ouest de la Syrie, le 9 mars 2025. ©OMAR HAJ KADOUR / AFP

La commission chargée d'enquêter sur les violences et massacres survenus sur la côte syrienne début mars a annoncé mardi avoir déjà entendu des dizaines de témoignages et poursuivre son travail.

Cette commission a été créée par la présidence dans la foulée des massacres de plus de 1 600 civils, essentiellement alaouites, en marge d'affrontements entre les forces de sécurité et des hommes fidèles à Bachar al-Assad dans l'ouest du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Les forces de sécurité, des groupes armés alliés ou des jihadistes étrangers ont été rendus responsables de ces exactions, les pires depuis qu'une coalition menée par le groupe islamiste sunnite radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a chassé Bachar al-Assad du pouvoir le 8 décembre.

Lors d'une conférence de presse à Damas, le porte-parole de la commission d'enquête, Yasser al-Farhane, a affirmé que la commission avait commencé son travail de terrain le 14 mars dans la province de Lattaquié.

Des entretiens avec des responsables officiels et de la sécurité, ainsi qu'avec "des centaines de membres des familles et des témoins ont été menés", a-t-il déclaré, précisant que l'enquête suivait son cours.

La commission a recueilli "plus de 95 témoignages" et reçu "plus de 30 signalements oraux et écrits via des contacts directs avec ses membres", tout en continuant à recueillir des messages via des plateformes en ligne.

L'OSDH a dénoncé des massacres ayant décimé des familles entières et des "exécutions sommaires", perpétrés contre la minorité alaouite notamment les 7 et 8 mars.

L'OSDH et des militants ont diffusé des vidéos d'exécutions de personnes non armées, en civil.

Les autorités ont accusé des groupes armés pro-Assad d'avoir attisé les violences sur la côte en menant des attaques sanglantes contre leurs forces.

M. Farhane a déclaré que la commission avait examiné "93 éléments de preuve numérique" et rencontré des équipes de l'ONU.

Selon lui, la commission étendra son travail aux provinces de Tartous, Banias, Hama et Idleb dans les semaines à venir. Il a toutefois insisté sur le fait qu'il était encore trop tôt pour "révéler des détails".

La région demeure néanmoins dangereuse selon lui, car "des personnes impliquées dans des crimes contre l'humanité s'y trouvent toujours en liberté".

"Nous attendons toujours l'adoption d'une loi sur la justice transitionnelle en Syrie", a déclaré M. Farhane, ajoutant que "de nombreux Syriens pensent qu'un tribunal national spécial pourrait être créé pour juger les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité".

Les autorités se sont engagées à mettre en place une justice transitionnelle, mais des exécutions sommaires et actes de vendetta ont régulièrement lieu selon l'OSDH.

 

Avec AFP

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