
Le ministre des Affaires étrangères, Youssef Rajji, a déclaré qu’aucune réponse officielle du Liban n’avait été adressée à l'envoyée spéciale adjointe des États-Unis au Moyen-Orient, Morgan Ortagus, qui avait suggéré l’ouverture de négociations politiques avec Israël. “Toute forme de normalisation avec Israël est exclue et Beyrouth rejette catégoriquement toute négociation politique directe avec Tel-Aviv, bien que cette option n’ait pas été explicitement mentionnée par les États-Unis”, a-t-il martelé.
Dans un entretien accordé au journal Al-Liwaa, M. Rajji a précisé que “les trois comités diplomatiques évoqués par Morgan Ortagus n’avaient pas encore été constitués, mais que des discussions étaient en cours sur les points qu’elle a soulevés: le retrait israélien des zones occupées, la libération des prisonniers libanais et la démarcation des frontières terrestres”.
Il a également insisté sur la priorité pour le Liban de mettre en œuvre l’accord d’armistice de 1949 sous l’égide des Nations unies.
On rappelle que le 12 mars dernier et à l’issue d’une rencontre entre des responsables israéliens et des représentants des États-Unis, de la France et du Liban, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahou a annoncé qu’il a été convenu de la création de trois groupes de travail pour régler trois dossiers, à savoir les cinq points stratégiques desquels les Israéliens ne se sont toujours pas retirés au Liban-Sud, les négociations relatives à la Ligne bleue et aux points litigieux et l’affaire des détenus libanais en Israël.
Cette position ferme se heurte aux pressions américaines croissantes. Selon la chaîne locale Al-Jadeed, Mme Ortagus aurait mis en garde les autorités libanaises contre un possible retrait des États-Unis du comité de surveillance du cessez-le-feu entre le Liban et Israël, ce qui laisserait à Tel-Aviv une plus grande marge de manœuvre. Lors de conversations téléphoniques avec le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam, elle aurait souligné l’importance de former des comités civils libanais pour engager des discussions, liant cette exigence à la poursuite de l’engagement américain.
Si Washington venait à se désengager, l’équilibre fragile du cessez-le-feu, en vigueur depuis novembre 2024, pourrait être remis en cause. Cette pression diplomatique vise à pousser Beyrouth à revoir sa position.
L’ultimatum américain place le Liban face à un dilemme délicat: s’en tenir à sa ligne de conduite et risquer un désengagement des États-Unis, ou céder aux pressions au risque de voir sa position politique fragilisée. Pour l’instant, le statu quo demeure, tandis que les tensions diplomatiques s’intensifient.
Commentaires