Nominations: le désaccord persiste quant au choix d'un nouveau gouverneur de la BDL
©Ici Beyrouth

Le Conseil des ministres a approuvé le mécanisme des nominations administratives et décidé de maintenir le rôle du ministre concerné dans ce processus. Ainsi, un ministre peut proposer une liste de candidats hors cadre, tandis que le choix final reviendra au Conseil des ministres.

La nomination d’un nouveau gouverneur de la Banque du Liban continue cependant de poser un problème. Aucun consensus n’a encore été trouvé, et aucune réunion du gouvernement n'est prévue, vendredi, pour pourvoir à ce poste. Le dossier reste en suspens entre le président de la République et le Premier ministre.

Il est désormais clair que trois candidats sont en lice pour le poste de gouverneur de la banque centrale. Le président Joseph Aoun soutient fermement la candidature de Karim Souhaid, tandis que le Premier ministre, Nawaf Salam, privilégie celle de Samir Assaf. Son deuxième choix se porte sur Jihad Azour au cas où l’option Samir Assaf serait écartée.

Ce dernier a cependant demandé que son nom soit retiré de la liste des candidats potentiels, exprimant son désintérêt pour le poste de gouverneur de la Banque du Liban. Il aurait également informé plusieurs responsables français, dont le président, Emmanuel Macron, de sa décision.

Selon certaines informations, M. Azour aurait, lui aussi, renoncé à ce poste et l’aurait fait savoir à des personnes de son entourage.

Selon certaines sources, l’opposition de Nawaf Salam à Karim Souhaid serait due au rejet, par le président de la République, de la candidature d’un de ses proches, Firas Abi Nassif, soutenu par le groupe Kulluna Irada, au poste de gouverneur de la BDL.

Le président justifie cependant son choix par des critères de compétence. Un choix également soutenu par Washington, selon des sources qui suivent le dossier.

Le Premier ministre estime, pour sa part, que la nomination du gouverneur de la Banque du Liban ne relève ni du président de la République ni du chef du gouvernement, mais du Conseil des ministres dans son ensemble.

Cependant, selon les coutumes observées depuis la nuit des temps au Liban, la nomination du gouverneur de la BDL nécessite en premier lieu, comme pour le choix du commandant en chef de l’armée, l’approbation du président de la République, en raison des équilibres confessionnels.

S’ils restent en désaccord sur le choix du successeur de Riad Salamé, les pôles du pouvoir se seraient entendus pour maintenir Wassim Mansouri, patron par intérim de la BDL, au sein du conseil central de la banque et de renouveler son mandat en tant que premier vice-gouverneur.

Cette décision est motivée par son succès dans la gestion de la banque centrale ces derniers mois, notamment au niveau de la stratégie ayant permis de stabiliser la monnaie nationale et d’augmenter les réserves en dollars.

Dans tous les cas, le futur gouverneur de la BDL devra faire face à d’énormes défis économiques et financiers, particulièrement la restructuration du secteur bancaire et le dossier des dépôts bancaires.

Les récentes déclarations du ministre des Finances, Yassine Jaber, se veulent rassurantes à ce sujet. Ce dernier a exclu tout plan de redressement impliquant la suppression desdits dépôts. L’objectif actuel est d’élaborer un plan garantissant un remboursement progressif de ceux-ci, selon un mécanisme précis, en donnant la priorité aux petits déposants, avant d’élargir progressivement l’éventail des remboursements suivant un calendrier défini.

Le rôle du futur gouverneur de la Banque du Liban sera donc crucial pour évaluer la situation du secteur bancaire et proposer des solutions adaptées afin de résoudre la crise à laquelle font face les déposants. Toute solution devra se baser également sur la relance de l’économie libanaise en maintenant le secteur bancaire et en rétablissant la confiance des déposants.

Selon les dernières données officielles, la Banque du Liban a versé à ce jour environ 3,6 milliards de dollars aux déposants conformément aux circulaires en vigueur. Ce montant continue d’augmenter, après la décision prise par le conseil central de la banque de relever le plafond des retraits mensuels à 500 dollars, conformément à la circulaire n°158, et à 250 dollars selon la circulaire n°166, à compter du 1er mars 2025.

En parallèle, les réserves de la Banque du Liban continuent d’augmenter, atteignant 10,746 milliards de dollars à la mi-mars 2025, soit une hausse d’environ 2,2 milliards de dollars depuis août 2023. Ainsi, la BDL a récupéré les réserves perdues durant la dernière guerre et a honoré tous ses engagements financiers envers le secteur public, y compris le paiement des allocations scolaires des employés et des forces de sécurité.

De sources proches de la BDL, on indique que, pour le moment, aucune augmentation supplémentaire des plafonds de retraits mensuels n’est prévue. Le conseil central attend la nomination d’un nouveau gouverneur pour entamer des négociations avec le gouvernement concernant d’éventuelles nouvelles limites de retrait. Par ailleurs, la question de l’ajustement du taux de change des retraits en dollars des anciens comptes (lollars) reste du ressort du futur gouverneur et du gouvernement.

 

 

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